La France relance le train de nuit Paris-Nice

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Par Jean LIOU et Taimaz SZIRNIKS - Paris (AFP)
Publié le 20 mai 2021 - 00:12
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Départ du dernier train de nuit entre Paris et Port Bou, en Espagne, en 2016 depuis la gare d'Austerlitz. Une autre ligne, celle vers Nice, est relancée le 20 mai 2021
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© RAYMOND ROIG / AFP/Archives
Départ du dernier train de nuit entre Paris et Port Bou, en Espagne, en 2016 depuis la gare d'Austerlitz. Une autre ligne, celle vers Nice, est relancée le 20 mai 2021
© RAYMOND ROIG / AFP/Archives

Le train de nuit Paris-Nice repart jeudi soir après plus de trois ans d'arrêt, une relance voulue comme une vitrine par le gouvernement français qui espère créer dans les prochaines années une dizaine de lignes nocturnes, comme ailleurs en Europe.

Un passager d'honneur, passionné de trains, dormira dans une couchette de ce train inaugural: le Premier ministre français Jean Castex, qui fera le voyage avec le PDG de la SNCF. Départ de la gare parisienne d'Austerlitz à 20H52, arrivée à 09H11 vendredi sur la Côte d'Azur. Soit six heures de plus qu'en train à grande vitesse.

Prévu le 16 avril puis reporté en raison de la crise sanitaire, ce lancement en grande pompe doit "mettre en valeur un mode de transport vertueux qui participe au désenclavement des territoires. Nice est ultra connectée pour les CSP++ mais moins pour les étudiants et autres", a souligné l'entourage du Premier ministre à l'AFP.

L'Intercités Paris-Nice, dont l'exploitation avait cessé en décembre 2017 faute de rentabilité, reliera tous les jours et dans les deux sens Paris-Austerlitz et Nice-Ville, avec six arrêts dont Marseille, Toulon et Cannes.

Les billets sont proposés à partir de 19 euros en siège incliné, 29 euros en couchette de seconde classe et 39 euros en couchette de première.

Selon la SCNF, "les premiers trains affichent complet, confirmant l’intérêt des Français pour ce mode de transport écologique et économique, qui répond aussi à l’envie de voyager différemment et à un autre rythme".

Le port du masque reste obligatoire, et l’occupation des compartiments couchettes est limitée à quatre voyageurs au lieu de six en seconde classe, "en position +tête bêche+ afin de maximiser les distances entre les voyageurs", a précisé la SNCF.

- Train bleu -

Avec cette échappée nocturne de 1.088 kilomètres dans son agenda, Jean Castex veut mettre en lumière une "concrétisation rapide du plan de relance" français, qui consacre 5,3 milliards au secteur ferroviaire, dont 100 millions pour les trains de nuit. Le gouvernement veut aussi relancer le Paris-Tarbes à la fin de l'année.

Dans l'immédiat, le Paris-Nice repart avec sept des voitures qui vont normalement à Briançon (Hautes-Alpes), une liaison actuellement fermée pour travaux.

Le Premier ministre veut aussi insister sur la "dimension écologique" de ces trajets en couchette ou en siège inclinable, comme alternative à l'avion sur ces longues distances.

Après l'arrêt fin 2017 du Paris-Nice, héritier du prestigieux "Train bleu" lancé en 1886, un appel à manifestation d'intérêt pour trouver un repreneur avait été lancé, en vain.

La liaison relancée pourrait être la première d'une nouvelle série de lignes nocturnes. "Mon ambition, c'est une dizaine de trains de nuit en 2030", a dit le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari en janvier.

Il n'y avait plus -hors arrêts liés à la pandémie ou à des travaux- que deux lignes de trains de nuit en France, de Paris à Briançon, et de Paris à Rodez, Cerbère et Latour-de-Carol (Pyrénées-Orientales). Les voitures de ces lignes rescapées doivent être entièrement rénovées d'ici 2023, pour 44 millions d'euros.

- Comme l'Autriche -

Suivront peut-être un jour des liaisons nocturnes Dijon-Marseille, Bordeaux-Marseille, Paris-Toulouse et Tours-Lyon, selon un rapport gouvernemental, publié mardi par la lettre d'information Mobilettre. Peut-être les lignes seront-elles saisonnières. Des liaisons avec de grandes villes étrangères sont aussi envisagées.

Les rapporteurs prennent pour modèle la réussite de la compagnie autrichienne ÖBB avec la constitution d'un véritable réseau (Vienne-Amsterdam ou Munich-Rome, entre autres).

En tout, 600 voitures seraient nécessaires pour un prix estimé de 924 millions d'euros, ainsi que 60 locomotives, soit une facture totale de 1,45 milliard.

Le très actif collectif "Oui au train de nuit" s'est félicité du retour du Paris-Nice, appelant le gouvernement à "s'engager sans délais pour débloquer les financements nécessaires à la renaissance des trains de nuit", avec des commandes de trains neufs.

Le Réseau Action Climat a précisé de son côté que c'était "dès à présent" que les décisions politiques devaient être prises": il faudra encore compter entre 5 à 7 années pour que ce réseau voie le jour", a souligné l'association dans un communiqué.

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