L'élection des délégués de classe, "premier pas vers la citoyenneté"

Auteur:
 
Par Isabelle TOURNÉ - Paris (AFP)
Publié le 27 septembre 2018 - 11:50
Image
Les élections des délégués de classe, qui doivent se tenir entre la rentrée et les vacances de la Toussaint, sont obligatoires au collège et au lycée, facultatives en primaire
Crédits
© FRED TANNEAU / AFP/Archives
Les élections des délégués de classe, qui doivent se tenir entre la rentrée et les vacances de la Toussaint, sont obligatoires au collège et au lycée, facultatives en primaire
© FRED TANNEAU / AFP/Archives

L'élection des délégués de classe, rituel de début d'année, constitue "un premier pas vers la citoyenneté", mais le rôle des élus dépend ensuite beaucoup de l'importance donnée à la fonction par le corps enseignant.

"C'est un exercice de démocratie" à petite échelle, estime Franck Collard, président de l'association des professeurs d'histoire-géographie.

Ces élections, qui doivent se tenir entre la rentrée et les vacances de la Toussaint, sont obligatoires au collège et au lycée, facultatives en primaire.

Organisées par les professeurs principaux, elles sont l'occasion d'"expliquer ce qu'est un débat, un scrutin, la majorité absolue ou relative...", souligne M. Collard.

Les délégués sont chargés de représenter les élèves de la classe en toutes circonstances, et sont leurs porte-paroles auprès des professeurs et personnels d'éducation, notamment au moment du conseil de classe où ils siègent.

Pour Samia Matmati, directrice d'une école primaire à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), cette élection représente un "premier pas vers la citoyenneté".

"Les enfants ont souvent envie d'endosser cette responsabilité", déclare-t-elle. "Ils sont avides de participer au conseil des délégués, qui a lieu deux fois par an et est un lieu d'échanges, de propositions sur tout ce qui touche à la vie de l'école." Les délégués contribuent également à l'élaboration du règlement, "ce qui les pousse à se l'approprier et le respecter", selon elle.

Salomé, élève en sixième à Paris, a déjà été élue plusieurs fois déléguée: "j'aimais bien parler avec la directrice et essayer d'améliorer certaines choses. Par exemple, on avait instauré un roulement dans la cour pour les jeux de ballon, afin d'éviter que ce soit toujours les mêmes qui occupent le terrain".

Les élections dans son collège ont lieu cette semaine. Elle compte se présenter mais "ne connait pas encore bien" son nouvel établissement. "Je dois réfléchir à mes propositions", glisse-t-elle. Face notamment à une future concurrente "qui a déjà demandé à tout le monde de voter pour elle"...

- "Tablettes pour tous" -

Eliott, 13 ans, a déjà vécu de nombreuses candidatures infructueuses à l'école primaire. "Ceux qui se faisaient élire promettaient n'importe quoi: des tablettes pour tous, plus de récréation....Je trouvais ça dommage que tout le monde se fasse avoir", raconte-t-il, certain que "de nombreux politiques mentent pour se faire élire".

Finalement, son projet de "créer un groupe WhatsApp" pour tous les élèves de la classe a payé. Il a enfin été élu délégué en 6e, puis l'année d'après. Aujourd'hui en 4e, il aimerait réitérer l'expérience: "j'aime bien l'idée d'être le porte-parole, d'aider les autres", explique-t-il. L'an dernier, il a contribué à mettre fin au harcèlement d'une jeune de sa classe, en prévenant un membre de l'encadrement qui est intervenu.

Mais la portée de ces élections "varie énormément selon les établissements", prévient Géraldine Bozec, sociologue, qui a travaillé sur les questions de citoyenneté.

Selon elle, "faire vivre la démocratie scolaire demande du temps" et "dépend beaucoup de la sensibilité des adultes à la question, de la mobilisation des enseignants". Car dans une école, les rapports de pouvoir ne sont pas, par nature, "en faveur des élèves".

Le risque, c'est que les élections soient organisées "pour la forme", renchérit Brigitte Prot, psychopédagogue. "Si le rôle des délégué se résume à une participation de quelques minutes au conseil de classe pour parler de l'ambiance générale, cela n'a pas grand intérêt", juge-t-elle. Pour elle, les délégués doivent être "force de proposition".

C'est pourquoi une élection devrait toujours "se préparer" en amont, selon elle: "dans un premier temps, les élèves doivent pouvoir dire ce qu'ils attendent de leurs délégués, et dans un second temps, les candidats se présenter en tenant compte de ce cahier des charges".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.