Les masques : pénurie, polémique et volte-face

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Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS - Paris (AFP)
Publié le 31 juillet 2020 - 14:12
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Des habitants masqués de la Métropole de Lille dans le nord de la France, le 30 juillet 2020
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© DENIS CHARLET / AFP
Des habitants masqués de la Métropole de Lille dans le nord de la France, le 30 juillet 2020
© DENIS CHARLET / AFP

"Inutile" pour tout un chacun au début de l'épidémie, il est aujourd'hui obligatoire dans les lieux publics clos et plusieurs centre-villes et pourra l'être dans toute zone où le Covid-19 sévira : le masque est l'un des symboles de la crise sanitaire.

Priorité soignants

Au début de l'épidémie, le message des autorités sanitaires est clair: les masques sont destinés aux soignants et aux malades du Covid-19.

"C'est vraiment une denrée rare, une ressource précieuse pour les soignants, et totalement inutile pour toute personne dans la rue", déclare le directeur général de la Santé Jérôme Salomon le 18 mars, lendemain du début du confinement.

Pour les promoteurs de la première heure de son port généralisé, ce discours, en France comme dans d'autres pays occidentaux, est avant tout destiné à éviter que le grand public ne s'accapare les masques dont manquent cruellement les professionnels de santé.

Mi-juin, devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, Jérôme Salomon s'est justifié, assurant que pour le grand public, la France a "toujours suivi les recommandations internationales", notamment de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Cette dernière, qui alerte alors sur un épuisement des équipements de protection au niveau mondial, recommande toujours le port des masques chirurgicaux uniquement aux soignants, aux malades et aux personnes à risque.

Volte-face et masques "grand public"

Au fil des semaines, le discours change, renforcé par le fait qu'une part significative des personnes contaminées développent peu, voire aucun symptômes.

Mais malgré les commandes de milliards de masques chirurgicaux à l'étranger, il y a toujours des tensions sur ce produit convoité.

Alors fin mars, le gouvernement met en avant la production de masques alternatifs, en tissu. Un guide de l'association de normalisation AFNOR liste les exigences minimales de confection et d'usage de ces masques grand public, guide à destination des entreprises textiles mais aussi des particuliers qui peuvent le fabriquer.

Le 28 avril, les nouvelles consignes du déconfinement tombent: le masque sera obligatoire dès le 11 mai dans les transports en commun ou collèges, et recommandé dans les commerces.

"Les scientifiques ont eux-mêmes évolué", et jugent maintenant le port du masque "préférable dans de nombreuses circonstances", justifie alors le Premier ministre Edouard Philippe.

Mais certains préconisaient déjà d'aller plus loin. L'Académie de médecine plaidait pour que le port d'un masque anti-projection "obligatoire dans l'espace public", jugeant "évidente" la nécessité d'une telle mesure.

Inquiétudes et obligation élargie

Depuis début juin, l'OMS recommande au grand public de porter un masque lorsque la transmission est généralisée et la distanciation physique difficile, comme par exemple dans les transports publics, les magasins ou d'autres milieux fermés ou très fréquentés.

Début juillet, alors que plusieurs pays, comme la Belgique et le Royaume-Uni, ont décidé d'élargir le port obligatoire du masque, les appels à faire de même en France se multiplient face au relâchement observé des Français.

Notant que l'épidémie "repart un peu", Emmanuel Macron annonce que le masque sera obligatoire "dans tous les lieux publics clos", comme les commerces. La mesure est entrée en vigueur le 20 juillet, avec une amende de 135 euros pour les contrevenants.

Plusieurs villes rendent ensuite obligatoire le port du masque en centre-ville, comme Bayonne, Biarrtiz, Saint-Malo ou au Touquet-Paris-Plage.

Le préfet du Nord a annoncé vendredi que le masque serait obligatoire dans l'espace public à partir de "lundi 00H00" dans "un certain nombre de zones" de la métropole.

D'autres décisions similaires pourront être prises localement, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran. "Les préfets pourront désormais par arrêté étendre l’obligation de port du masque aux lieux publics ouverts" (...) "en fonction de l’évolution de l’épidémie dans chaque territoire", a-t-il écrit dans un tweet.

Y en aura-t-il cette fois suffisamment de masques pour tout le monde ?

Alors que le gouvernement a été très critiqué pour l'absence d'un stock stratégique suffisant, la nouvelle consigne est désormais de "décentraliser", selon le ministre de la Santé Olivier Véran.

Il est difficile aujourd'hui de connaître le nombre de masques chirurgicaux et grands publics disponibles en France, entre les stocks faits par les entreprises ou la grande distribution. Le gouvernement recommande aux entreprises de constituer des stocks préventifs pour dix semaines.

Du bon usage

Obligatoire ou non, le port du masque, qui ne dispense pas des gestes barrière et de la distanciation physique, s'accompagne de quelques règles, notamment pour éviter de se contaminer soi-même.

Lavage des mains avant de le mettre et après l'avoir enlevé. Ne jamais toucher l'avant du masque, et si c'est le cas, se relaver impérativement les mains.

Il doit se porter de façon à couvrir le nez, la bouche et le menton, pas sous le nez, ni autour du cou ou sur le front.

En France, la durée d'utilisation maximale recommandée est de 4 heures.

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