Les municipales au temps du Covid : "j'ai eu plus peur en allant chercher mon poulet au marché"

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Par Jacques KLOPP avec les bureaux de l'AFP en régions - Paris (AFP)
Publié le 28 juin 2020 - 19:00
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Des personnes âgées portant des masques chirugicaux attendent de voter lors du second tour des municipales, le 28 juin 2020 à Paris
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© JOEL SAGET / AFP
Des personnes âgées portant des masques chirugicaux attendent de voter lors du second tour des municipales, le 28 juin 2020 à Paris
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"J'ai eu plus peur en allant chercher mon poulet au marché": certains électeurs venus voter dimanche au second tour des municipales se sont sentis protégés par les mesures sanitaires exceptionnelles prises face au coronavirus. Mais sans éviter une abstention qui s'annonce, elle aussi, inédite.

En sortant du bureau de vote 512 à Clermont-Ferrand, Denis Dupont, 63 ans, est catégorique: "On prend quand même moins de risques en venant voter qu'en allant à la fête de la musique". Au premier tour, le 15 mars, au début de l'épidémie, il avait voté à visage découvert et "c'était le bazar". Cette fois, il est venu masqué - c'est obligatoire - et a pu voter sereinement.

Il est vrai aussi qu'il n'y avait "personne" dans le bureau de vote, déserté, comme ailleurs par de nombreux électeurs, par peur du virus ou par simple désintérêt.

Cette abstention fait bondir Hélène Kowalyszin, infirmière de 53 ans, qui ne décolère pas contre la "psychose ambiante". "Soyons pragmatiques, l'économie va bien plus souffrir de tout cela alors qu'on a vécu des choses bien pires".

Partout en France, un rigoureux protocole sanitaire a été mis en place pour limiter les risques de contamination. Chaque bureau de vote a été équipé d'un point d'eau avec du savon ou du gel hydroalcoolique et toutes les personnes présentes ont dû respecter les gestes barrières et porter un masque.

"Ça fait bizarre. Je me demande comme la personne fait pour savoir si c'est bien moi. Bientôt on viendra avec le casque intégral", ironise Guy Palmarole qui est allé voter tôt à Perpignan avant de filer à la plage.

- "Nous n'avions rien" -

Mais le résultat est là: "On se sent en sécurité cette fois. J'ai eu plus peur ce matin en allant chercher mon poulet au marché", plaisante Danka, une mère de famille de 44 ans, à Grenoble. "Lors du premier tour, c'était très tendu. J'étais surtout inquiète pour les assesseurs des bureaux car personne n'avait les bons réflexes. Aujourd'hui, le contexte est différent, même si le virus est encore là", ajoute cette enseignante dans un lycée professionnel.

Salima Djilel, la présidente d'un bureau de vote du quartier Saint-Bruno à Grenoble, se réjouit d'une ambiance "plus sereine" que le 15 mars, les gestes barrières étant aujourd'hui "pleinement acquis à un niveau collectif".

"Les gens viennent équipés de masques, de stylos et parfois de gants. Le gymnase a été désinfecté et nous proposons du gel hydroalcoolique et des masques. Contrairement au premier tour, nous n'avons reçu aucune remarque sur le protocole. Ce jour-là, nous n'avions rien", se souvient la quadragénaire.

Le 15 mars, "c'était trop dangereux. Le gouvernement faisait n'importe quoi", estime Edwige Prat, à Dijon. Mais ce second tour, elle n'a pas voulu le manquer: "Je me protège énormément et j'étais venu voir avant les mesures prises", dit-elle, masque sur le visage et gel en main.

- "Les gens sont en dehors de cette élection" -

"Là on nous dit que le virus ne circule presque plus, on nous déconfine… alors on avait à cœur d'accomplir notre devoir citoyen", renchérissent à Toulouse Jacqueline et Caroline, mère et fille de 83 et 53 ans, qui n'étaient pas allées voter au premier tour.

A Marseille, devant le bureau 421, un agent de sécurité fait le constat qu'il y a "bien plus de monde qu'au premier tour". "On sent que les gens n'ont plus peur", dit-il alors que plusieurs sœurs du couvent passent dans son dos pour venir voter tôt afin d'"éviter la chaleur, déjà bien intense".

Reste que ce sursaut ne se vérifie guère ailleurs. A midi, le taux de participation n'était que de 15,29% au niveau national, trois points de moins que le 15 mars et 4,5 points de moins qu'au second tour des municipales de 2014.

Il y a le coronavirus évidemment, mais il y a aussi eu "trop de temps entre les deux tours", selon Elisabeth Revel, présidente du bureau de vote 18, à Dijon. "Les gens sont en dehors de cette élection. Les fidèles viennent mais les autres…"

"Cette campagne était tellement longue ! Il est temps que cette histoire s'achève", abonde un assesseur d'un bureau de vote à Montpellier, tout en aiguillant un électeur égaré dans le circuit mis en place pour éviter au maximum les contacts lors de ce scrutin hors normes au temps du Covid-19.

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