Les parents de Vincent Lambert se résignent à sa mort, "désormais inéluctable"

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Par Frédéric DUMOULIN - Lille (AFP)
Publié le 08 juillet 2019 - 14:06
Mis à jour le 09 juillet 2019 - 01:16
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Viviane et Pierre Lambert, les parents de Vincent Lambert, patient tétraplégique en état végétatif depuis plus de dix ans, arrivent à l'hôpital de Reims pour un rassemblement contre l'arrêt programmé
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© FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
Les parents de Vincent Lambert, patient tétraplégique en état végétatif depuis plus de dix ans, se sont résignés lundi à la mort "inéluctable" de leur fils.
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Après des années de combat judiciaire contre ce qu'ils considèrent comme un "assassinat", les parents de Vincent Lambert, patient tétraplégique en état végétatif depuis presque 11 ans, se sont résignés lundi à la mort "inéluctable" de leur fils, dont les traitements ont été à nouveau interrompus la semaine dernière.

"La mort de Vincent est désormais inéluctable" et "nous ne pouvons que nous (y) résigner", ont déclaré lundi ses parents dans une lettre ouverte communiquée à l'AFP par l'un de leurs avocats.

"Cette fois, c’est terminé. Nos avocats ont multiplié ces derniers jours encore les recours et mené d’ultimes actions pour faire respecter le recours suspensif devant l’ONU qui bénéficiait à Vincent. En vain", écrivent Viviane et Pierre Lambert ainsi que la soeur de Vincent, Anne Lambert, et son demi-frère David Philippon dans ce courrier adressé à leurs "amis" qui les ont "tant soutenus" ces dernières années.

Le médecin de Vincent Lambert, hospitalisé au CHU de Reims après un accident de voiture en 2008, a engagé mardi 2 juillet un nouvel arrêt des traitements, effectif depuis mercredi soir. Cette décision a été rendue possible le 28 juin par la Cour de cassation. Le protocole médical prévoit notamment l'arrêt de l'hydratation et de la nutrition par sonde du patient ainsi qu'une "sédation profonde et continue".

La mort de Vincent Lambert, 42 ans, "lui a été imposée à lui comme à nous. Si nous ne l'acceptons pas, nous ne pouvons que nous résigner dans la douleur, l’incompréhension, mais aussi dans l'espérance", ajoutent ces fervents catholiques.

Le parquet de Reims a ouvert une enquête préliminaire pour tentative d'homicide volontaire, à la suite d'une plainte des avocats des parents. Pour Me Paillot et Me Triomphe, le décès de M. Lambert est dorénavant "médicalement irréversible".

L'affaire Vincent Lambert, devenue le symbole du débat sur la fin de vie en France, est aussi l'histoire d'un déchirement familial. L'épouse, Rachel Lambert, ainsi que six de ses frères et sœurs et son neveu François plaident depuis des années, à l'inverse des parents, contre tout "acharnement thérapeutique" et pour le laisser mourir.

Selon eux, Vincent leur avait confié oralement préférer mourir que vivre "comme un légume". Il n'a toutefois jamais rédigé de directive anticipée.

- "Soulagement" -

La résignation des parents intervient alors que dimanche, le père de Vincent Lambert avait dénoncé, en arrivant au CHU, un "assassinat déguisé" en cours.

Sortant de la chambre de Vincent Lambert au moment de la publication de la lettre de leurs parents, sa soeur Marie a salué "une sage décision".

"Je suis très surprise, j'ai du mal à y croire après leurs années de combat judiciaire. Je trouve que c'est raisonnable et respectueux", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Marie Lambert s'est de nouveau entretenue dans la matinée avec le Dr Vincent Sanchez qui lui a réaffirmé avoir "la certitude" que "Vincent ne souffre pas", grâce notamment "aux produits administrés".

"Nous sommes dans la dernière étape du processus. Les effets de la déshydratation se font désormais ressentir mais nous ne savons pas combien de jours cela va prendre. Cette attente est très douloureuse pour tout le monde", a ajouté la soeur cadette de Vincent Lambert.

"On a beau se dire que Vincent ne souffre pas, c'est problématique de voir son corps qui périclite, Vincent suffoque, il est tout blanc (...) Il va partir, je ressens une forme de soulagement", a déclaré François Lambert devant l'hôpital.

"Malheureusement, ce n'est pas une euthanasie, sinon ça irait plus vite, ça serait un petit moins sadique de mon point de vue", avait-il estimé plus tôt sur RTL.

Après une tentative avortée d'arrêt des traitements en 2013, le nouveau médecin, le Dr Sanchez, avait enclenché le 20 mai la procédure, stoppée le lendemain sur demande de la cour d'appel de Paris. Mais la Cour de cassation a ouvert fin juin la voie à un nouvel arrêt des traitements.

Le collectif "Je soutiens Vincent", opposé à l'arrêt des traitements, a annoncé lundi soir à l'AFP qu'il organisait "mercredi à 20H00" une veillée devant l'église Saint-Sulpice, à Paris, rassemblement au cours duquel les avocats des parents "prendront la parole". Ce collectif avait annulé ce lundi un rassemblement à Montmartre.

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