Les soignants fustigent le "mépris" de Buzyn, Véran promet une enquête sur leur "mal-être"

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Par David ARRODE - Paris (AFP)
Publié le 17 février 2020 - 14:13
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Manifestation des personnels hospitaliers, le 14 février 2020 à Paris
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Manifestation des personnels hospitaliers, le 14 février 2020 à Paris
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Les personnels hospitaliers dénoncent lundi le départ d'Agnès Buzyn du ministère de la Santé "en pleine tempête", que son successeur Olivier Véran veut s'attacher à apaiser en lançant une enquête nationale sur le "mal-être" des soignants.

Trois jours après une journée de mobilisation des personnels hospitaliers pour exprimer leur attachement à l'hôpital public et leur colère devant l'insuffisance du "plan d'urgence" gouvernemental annoncé l'automne dernier, le président du collectif Inter-Urgences Hugo Huon a fustigé "une belle forme de mépris".

M. Huon a critiqué dimanche auprès de l'AFP "le culot" de Mme Buzyn "de quitter le ministère alors que, après onze mois, tout reste à faire à l'hôpital". "Paris vaut bien un hôpital", a commenté le collectif inter-urgences sur son compte Facebook.

"Mme Buzyn quitte le ministère (...) en pleine tempête, au lieu de répondre aux exigences des personnels et des organisations qui les représentent pour +sauver+ l'hôpital public", a commenté la CGT Santé dans un communiqué.

L'Avenir des jeunes pharmaciens hospitaliers (AJPH) a twitté que "l'hôpital brûle et Agnès Buzyn regarde l'hôtel de ville".

Également sur Twitter, le collectif Inter-Hôpitaux (CIH) a imaginé des slogans de campagne pour la nouvelle candidate à la mairie de Paris : "vous êtes pour les brancards aux urgences, votez Buzyn !" ou encore "Vous êtes pour l'étranglement financier de l'hôpital public, votez Buzyn !"

- Les internes lèvent leur préavis -

Dans un communiqué, ce collectif juge que, "depuis quatre mois, le ministère de la Santé s'est montré incapable de prodiguer autre chose que des bonnes paroles. Le changement d'interlocuteur ne change en rien les revendications".

L'arrivée d'Olivier Véran, médecin lui aussi comme Mme Buzyn, est néanmoins plutôt vue d'un bon œil par les professionnels de santé.

"Il faut réformer l'hôpital et y associer ceux qui le font vivre au quotidien", a insisté lundi le nouveau ministre lors de la passation de pouvoir. Il a annoncé "une enquête nationale" auprès de l'ensemble des "hospitaliers" pour "tenter de saisir en détail le sens de leur engagement auprès du public et les raisons du mal-être qu'ils nous disent depuis un certain nombre d'années désormais".

"Il suffit de lire tout ce qu'ont écrit, les collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux", a répliqué lundi le CIH sur Twitter.

L'Intersyndicale des internes (ISNI) souhaite donner au nouveau ministre "l'opportunité de faire preuve d'ouverture aux problématiques qui secouent les internes et l'hôpital public" et a donc décidé de lever à compter de mercredi son préavis de grève illimitée.

Au nom de l'association d'urgentistes Samu Urgences de France (SUdF), François Braun a salué auprès de l'AFP Agnès Buzyn "avec qui on a très bien travaillé" et s'est montré confiant pour la suite avec M. Véran, "dont on connaît l'investissement public pour les patients".

- Prudence des médecins libéraux -

La Fédération hospitalière de France (FHF) a appelé Olivier Véran "à s'engager pour l'organisation d'une convention citoyenne pour la santé", un "débat participatif" rassemblant professionnels, experts, élus et citoyens.

La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), premier syndicat de médecins libéraux, a salué "le fait qu'un médecin succède à un médecin" tout en se montrant "prudente" sur "la capacité d'Olivier Véran (au parcours de médecin hospitalier, ndlr) de bien prendre en compte les spécificités et les difficultés actuelles de la médecine de ville".

Les professionnels du grand âge et de la dépendance se sont montrés beaucoup plus inquiets. La déléguée générale du Synerpa (regroupant les principaux acteurs privés des EHPAD), Florence Arnaiz-Maumé, estime dans un communiqué que "ce remaniement ne doit pas se faire au détriment de la loi Grand Age et Autonomie" annoncée pour l'été 2020. Un appel en faveur de cette loi a été lancé par deux associations de directeurs d'établissements pour personnes âgées, l'AD-PA et la FNADEPA.

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