Levée de boucliers et mobilisation dans la rue contre la loi sécurité

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Par Jean-Louis DE LA VAISSIERE - Paris (AFP)
Publié le 21 novembre 2020 - 15:25
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Manifestation contre la loi sur la "sécurité globale" à Paris, le 21 novembre 2020
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Manifestation contre la loi sur la "sécurité globale" à Paris, le 21 novembre 2020
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Au lendemain de l'adoption en première lecture par l'Assemblée d'un texte pénalisant la diffusion malveillante d'images des forces de l'ordre, des manifestations ont débuté samedi à l'appel notamment de syndicats de journalistes pour le retrait de ce qu'ils jugent être une "atteinte à la liberté d'expression" et à "l'Etat de droit".

Des mobilisations étaient prévues dans une vingtaine de villes, la principale d'entre elle au Trocadéro en début d'après-midi.

A Lille, un millier de manifestants se sont rassemblés samedi matin, dénonçant la proposition de loi "sécurité globale", aux cris de "Même pas drone", "Orwell was right", "floutage de gueule".

Un autre millier était dans la rue à Rennes, avec des pancartes: "Baissez vos armes, nous baisserons nos téléphones", "L’appareil photo lui n’a jamais tué personne", "Sécurité globale, impunité totale". Un millier de personnes a également défilé à Montpellier.

Une conférence de presse a été organisée parallèlement au siège de la Ligue des droits de l'Homme, en présence d'Amnesty International, de représentants des syndicats de journalistes et d'un responsable d'un syndicat de policiers minoritaire, la CGT-Intérieur.

L'Assemblée nationale a voté vendredi soir, après l'avoir amendée, la mesure la plus controversée de la proposition de loi "Sécurité globale": l'article 24 pénalisant la diffusion malveillante de l'image des forces de l'ordre, avec des garanties du gouvernement sur le "droit d'informer".

Cet article, mais aussi la possible utilisation de drônes et la crainte de la reconnaissance faciale par les caméras de surveillance, ont sucisté une intense émotion dans les médias. Une inquiétude relayée à l'Assemblée nationale à la gauche de l'hémicycle, notamment par La France insoumise (LFI).

"Nous sommes inquiets de la lente déliquescence de l'Etat de droit, qui semble mener à un Etat de police", a déclaré Arie Alimi, membre du bureau national de la Ligue des droits de l'Homme.

Dans le Figaro, Sylvain Maillard, député LREM de Paris, a tenté de désamorcer la colère: "Le texte "n'est pas bien compris. Evidement qu'on pourra continuer à filmer n'importe qui et bien sûr les forces de l'ordre."

Les syndicats de journalistes jugent qu'il n'y a pas besoin d'une nouvelle loi "pour faire peur", alors que le code pénal et la loi sur la liberté de la presse de 1881 punissent déjà les infractions d'incitation à la haine.

- "Macron, populiste en col blanc" -

"On a l'impression que la police est en roue libre et qu'elle fait ce qu'elle veut où elle veut", a lancé Dominique Pradalié du SNJ.

Et Jean-François Cullafroz de la CFDT, s'est félicité de la mobilisation des directeurs des rédactions des principaux médias contre l'article controversé, appelant "nos patrons de presse à prendre position" lors d'une rencontre prévue mardi au ministère de l'Intérieur.

Pour Pablo Aiquel du SNJ-CGT, Emmanuel Macron "est un populiste en col blanc". "Comment va-t-on demander à la Pologne et la Hongrie de respecter l'Etat de droit alors qu'en France on est en train de tout faire pour le mettre à mal?", a-t-il demandé.

Secrétaire général à la CGT-Intérieur, Anthony Caillé, s'est associé aux journalistes pour demander "le retrait total" de cette loi de "contrôle social" et dénoncé l'état de la police.

Le ministre Gérald Darmanin, a-t-il observé, "oublie de dire que depuis vingt ans on a supprimé 35.000 postes dans la police nationale", a-t-il dit, regrettant qu'il n'y ait pas eu en amont "une étude d'impact" sur les effets de la proposition.

L'article litigieux pénalise d'un an de prison et 45.000 euros d'amende la diffusion de "l'image du visage ou tout autre élément d'identification" des forces de l'ordre en intervention quand elle porte "atteinte" à leur "intégrité physique ou psychique". Dans le viseur du gouvernement, les campagnes sur les réseaux sociaux

Cet article 24, qui a été salué par la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, comme "allant dans le bons sens", spécifie que la mesure ne peut porter "préjudice au droit d'informer".

"Si la liberté de la presse peut être attaquée, les policiers et les gendarmes peuvent l'être également", avait argumenté Gérald Darmanin lors du débat.

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