L'ex-présidente par intérim du CNRS doit s'expliquer sur ses travaux scientifiques

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Par Laurence COUSTAL - Paris (AFP)
Publié le 19 janvier 2018 - 20:34
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Le siège du CNRS à Paris, le 11 février 2016
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A la tête du plus grand organisme de recherche français pendant trois mois, la biologiste et généticienne Anne Peyroche va devoir s'expliquer sur d'éventuelles anomalies dans certains de ses articles scientifiques publiés entre 2001 et 2012.

La biologiste et généticienne, remplacée jeudi à la présidence par intérim du CNRS, a été convoquée formellement par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), organisme pour lequel elle travaillait à l'époque des articles concernés, a indiqué vendredi le CEA.

Cet entretien a pour but de "lui exposer les faits, sur un certain nombres de critiques concernant des publications et surtout lui permettre d'apporter les éléments de clarification", explique à l'AFP Xavier Clément, porte-parole du CEA, confirmant une information du Figaro.

Sans attendre son intronisation officielle à la présidence du CNRS prévue mercredi prochain, Antoine Petit, agrégé de mathématiques spécialiste de l'informatique, a été nommé dès jeudi "président par intérim". "Il succède à Mme Anne Peyroche, qui occupait les fonctions de présidente par intérim de l’organisme depuis le 24 octobre 2017 et qui se trouve pour l'heure empêchée", soulignait jeudi le ministère de la Recherche, sans davantage de précisions.

Avant de rejoindre le CNRS en 2016, Anne Peyroche avait été chercheuse entre 1999 et 2008 puis responsable d’équipe jusqu'en 2014 au CEA. Elle avait ensuite été nommée conseillère au ministère de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Mais en novembre, peu de temps après sa nomination à la tête du CNRS, cinq articles auxquels elle avait participé ont été mis en cause sur le site PubPeer qui abrite des discussions post-publication et des remarques - anonymes ou non - sur les articles scientifiques. Les possibles anomalies pointées sur ce site concernent des graphiques présentés dans les articles.

- Investigations élargies -

"Tout le monde peut commenter ces articles", a expliqué à l'AFP Brandon Stell, fondateur du site. "On nous reproche une possible motivation +politique+ des gens qui postent des commentaires, mais si les critiques sont basées sur des faits et si cela montre un vrai problème, on se fiche des motivations de la personne", ajoute le chercheur américain en poste en France.

Pour deux des articles incriminés, Anne Peyroche a elle-même publié sur le site des réponses aux critiques sous forme de commentaires.

L’intégrité scientifique des chercheurs, contraints de publier dans des revues de prestige (ce qu'on appelle le "Publish or perish", ou "publier ou périr"), est parfois mise à mal, les manquements pouvant aller de pratiques douteuses (embellissements des données, omission ou addition d'un auteur ...) à la fraude (fabrication ou falsifications de données, plagiat).

Ces cas sont très rares, selon le CEA. Mais Brandon Stell est moins catégorique.

Après les critiques publiées sur Pubpeer, le CEA a mis en place, conformément à l'usage dans les organismes de recherche, "une procédure, une analyse des travaux mis en cause". Une démarche dont le CNRS n'a pas été informé.

C'est sur la base de l'avis de quatre experts indépendants, nommés en novembre, que la chercheuse a ensuite été formellement convoquée. L'avis de ces experts, "basés sur la seule analyse des documents et des données scientifiques", "ne préjuge de rien", explique le porte-parole du CEA. L'organisme a par ailleurs "élargi le champ des investigations" en nommant d'autres experts chargés, eux, d'interroger les co-auteurs des études concernées.

Pour l'heure, l'entourage de la biologiste a fait savoir au CEA qu'elle ne pourrait pas se rendre à la convocation pour raison de santé.

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