Loin des côtes, des goélands ont pris leurs quartiers à Paris

Auteur:
 
Par Guillaume BONNET et Joëlle GARRUS - Paris (AFP)
Publié le 07 août 2019 - 12:33
Image
Loin des embruns des côtes françaises, les goélands ont imposé leur présence à Paris depuis une trentaine d'années, nichant sur les toits, au grand dam de certains riverains las de leurs cris strident
Crédits
© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives
Loin des embruns des côtes françaises, les goélands ont imposé leur présence à Paris depuis une trentaine d'années, nichant sur les toits, au grand dam de certains riverains las de
© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives

Loin des embruns des côtes françaises, les goélands ont imposé leur présence à Paris depuis une trentaine d'années, nichant sur les toits, au grand dam de certains riverains qui se disent las de leurs cris stridents.

Autrefois, "au printemps, on entendait les moineaux le matin; c'était le signe du réveil, c'était tout à fait agréable. Et maintenant, ce sont ces cris rauques (...) qui nous embêtent !", déplore Anne Castro, une psychanalyste interrogée par l'AFP à Belleville, un quartier du nord-est de la capitale française que semblent affectionner les goélands.

"C'est infernal ! C'est une catastrophe de les entendre brailler, de les entendre pleurer", vitupère Rodolphe Ghelfi, un agent de sécurité dans le même quartier.

Le goéland est un oiseau "vocal" dont chaque cri a une fonction particulière. Sa fameuse "clameur" qui exaspère parfois les Parisiens retentit de mars à août pendant la période de nidification. Puis il redevient silencieux.

La population de ces oiseaux de la famille des laridés, comme les mouettes, qui ont commencé à se reproduire à Paris au début des années 90, reste limitée, pointent les spécialistes.

Pour Jean-Philippe Siblet, ornithologue au Muséum national d'histoire naturelle, Paris abrite "une cinquantaine de couples reproducteurs", un nombre inchangé par rapport à des estimations de 2013 de Frédéric Malher, vice-président du Centre ornithologique Ile-de-France (Corif).

Ce sont donc "en gros cent adultes qui produisent en moyenne (par couple) trois jeunes à l'envol chaque année", lesquels déserteront le lieu de nidification une fois autonomes.

Pour lui, on ne peut donc pas parler d'invasion de goélands : "il y a une augmentation indéniable de leur nombre depuis quinze-vingt ans mais (...) cela reste dans des proportions tout à fait raisonnables", sans rapport avec ce qui se passe "dans des communes côtières comme Le Havre", port normand sur lequel tournoient et planent les oiseaux marins de toutes sortes, ou Trouville, station balnéaire proche: il y a quelques années, la mairie y a eu recours à un drone pour s'attaquer à la prolifération des nids...

- "Sans gêne" -

Car le goéland dérange, au point d'être qualifié de "sans gêne" il y a deux ans à Marseille (sud-est), dans un très officiel communiqué autorisant par arrêté préfectoral l'euthanasie de certains de ces volatiles -- appelés "gabians" localement.

À mille lieues du "Vieux Goéland", poème de l'écrivain français du XIXe siècle Jules Barbey d'Aurevilly : "C'était un fier oiseau, farouche et solitaire, Au bec crochu d'or pâle, aux pieds d'ambre, à l’œil clair...".

Il est vrai qu'au XXIe siècle, le "fier oiseau" est davantage associé en milieu urbain à son intérêt pour les ordures ménagères qu'à une pêche à pied le long des plages.

Pour M. Siblet, la raréfaction de leur nourriture sur le littoral, dont l'écosystème a été perturbé par les activités humaines (loisirs, constructions...), explique en partie pourquoi certains se sont installés en région parisienne. Omnivores, ils y "trouvent une nourriture relativement abondante" grâce aux déchets des humains.

"De surcroît, en hiver, ils n'hésitent pas à faire plusieurs dizaines de kilomètres pour aller sur des décharges à ciel ouvert qui avoisinent l'agglomération parisienne, ils s'y alimentent abondamment, ils ont moins de mortalité, ce qui fait qu'ils reviennent l'année suivante, plus nombreux", ajoute-t-il en pointant aussi l'absence de prédateurs dans la région, hormis chats et éventuels renards qui cependant n'accèdent pas aux toits des immeubles.

Pour autant, l'ornithologue "ne croit pas qu'on puisse assister à une explosion du nombre de goélands" dans Paris même : "l'effort nécessaire pour aller s'alimenter sur des décharges, situées dans les départements périphériques, serait trop important".

Et quand bien même leur nombre augmenterait, "il faut raison garder", plaide-t-il: "ce cri est infiniment plus sympathique que toutes les nuisances" sonores en ville: "sirènes, cris de la foule" ou même perceuse du voisin...

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.