A l'origine du scandale Barbarin, Bernard Preynat condamné à cinq ans ferme

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Par Alexandre GROSBOIS - Lyon (AFP)
Publié le 16 mars 2020 - 13:53
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L'ancien prêtre Bernard Preynat a écopé lundi de cinq ans de prison ferme pour de multiples agressions sexuelles commises entre 1971 et 1991 dans le diocèse de Lyon, des abus qui par effet de ricochet avaient déclenché le scandale Barbarin.

Cinq ans après les premières plaintes déposées par d'anciens scouts abusés à l'époque par l’aumônier de Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône), ce jugement vient clore pour les victimes un éprouvant combat judiciaire qui a mis sur la sellette l'Église de France et son plus haut dignitaire.

Selon l'avocat du condamné, Me Frédéric Doyez, le jugement du tribunal correctionnel n'ordonne pas de mandat de dépôt. Cette peine de cinq ans - inférieure aux réquisitions du ministère public qui en avait réclamé au moins huit - ne permet qu'un aménagement partiel. Faute d'appel, il ira donc en prison.

"Je suis enfin libéré, en espérant qu'il ne fera pas appel dans les 10 jours. C'est une grosse page qui se tourne j'espère", a réagi l'une des victimes, Pierre-Emmanuel Germain-Thill, estimant cette peine "correcte" compte tenu des 75 ans du prévenu.

Le jugement a été rendu dans un palais de justice fermé sur décision de la garde des Sceaux, comme les autres tribunaux du pays, en raison de l'épidémie de nouveau coronavirus.

- Il a été "très froid" -

L'ex-père Preynat était présent mais il a évité la presse à sa sortie. Devant les juges du tribunal correctionnel, il n'a pas cillé, selon M. Germain-Thill. "Il a été comme au procès au mois de janvier, très froid, il n'a quasiment pas parlé".

Son avocat Frédéric Doyez considère que "cette peine, même si elle n'est pas mise en exécution aujourd'hui, aurait dû être assortie d'un sursis" étant donné l'ancienneté des faits. Mais il n'était pas en mesure de dire s'il allait interjeter appel.

À l'audience en janvier, la procureure Dominique Sauves avait accusé l'ancien aumônier d'avoir "brisé" les vies de scouts âgés de 7 à 15 ans et de s'être "servi du silence des parents et du silence de l'Église" pour multiplier ses abus à Sainte-Foy-lès-Lyon et lors de camps à l'étranger entre 1971 et 1991.

Selon elle, le prêtre "avait mis en place sa propre structure pour répondre à ses pulsions car il avait besoin de disposer d'un vivier varié et toujours alimenté de petites victimes". Un des avocats des parties civiles avait estimé le nombre d'agressions entre 3.000 et 4.000.

Maintenu en fonction par le diocèse de Lyon jusqu'à l'automne 2015 alors que ses agissements étaient connus depuis longtemps, Bernard Preynat avait demandé pardon aux neuf victimes venues témoigner de leurs souffrances - beaucoup d'autres n'ont pu porter plainte du fait de la prescription - mais il avait aussi tenu à faire valoir que depuis 1991, il n'avait plus touché aucun enfant.

Il a été défroqué l'été dernier à l'issue de son procès canonique, une décision très tardive aux yeux des victimes qui illustre, selon elles, le malaise de l'Église face à cette affaire qui a scellé le sort du Primat des gaules, le cardinal Philippe Barbarin.

Condamné l'an dernier pour ses silences sur les actes de Preynat à l'issue d'un retentissant procès, l'ancien archevêque de Lyon a depuis été relaxé en appel mais il a préféré démissionner du diocèse pour lui permettre d'ouvrir un nouveau chapitre.

"Je suis très soulagé de ce jugement, on était vraiment dans l'attente. On a envie de tourner la page de cette affaire et de continuer de construire notre vie", a conclu M. Germain-Thill, une des cinq parties civiles présentes lundi.

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