Macron en Afrique du Sud : les brevets "ne doivent en rien être un frein" à la vaccination anti-Covid

Auteur:
 
Par Jérôme RIVET et Claire DOYEN - Pretoria (AFP)
Publié le 28 mai 2021 - 10:36
Mis à jour le 29 mai 2021 - 16:14
Image
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa et son homologue français Emmanuel Macron, à la fin d'une conférence de presse conjointe, à Pretoria, en Afrique du Sud, le 28 mai 2021
Crédits
© Ludovic MARIN / AFP
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa et son homologue français Emmanuel Macron, à la fin d'une conférence de presse conjointe, à Pretoria, en Afrique du Sud, le 28 mai 2021
© Ludovic MARIN / AFP

Les brevets sur les vaccins anti-Covid "ne doivent en rien être un frein" à l'immunisation des populations, ont affirmé à l'unisson les présidents sud-africain et français, lors d'une visite d'Emmanuel Macron vendredi à Pretoria, dans la foulée de son voyage au Rwanda.

L'Afrique du Sud et l'Inde mènent une campagne pour un renoncement aux droits de propriété intellectuelle sur les vaccins contre le coronavirus, afin que chaque pays puisse produire des doses.

"Les brevets ne doivent être en rien un frein", a affirmé Emmanuel Macron au cours d'une conférence de presse commune avec son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, se disant finalement d'accord pour demander une levée temporaire des droits, même si la priorité reste le transfert de technologie.

Jusqu'à présent, le président français plaidait pour des "exemptions" sur les brevets, sur le modèle de celles décidées pour les traitements anti-Sida permettant aux pays en crise de fabriquer des médicaments génériques moins chers.

Mais "nous n'arrivons pas à mettre en place ces exemptions" pour le Covid au sein de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), a-t-il reconnu. "Je suis pragmatique", a-t-il poursuivi, ajoutant que sans autre solution, il soutiendrait la demande d'une levée des règles de propriété intellectuelle sur tous les vaccins anti-Covid le temps de la crise.

Cette proposition sera notamment discutée au sommet du G7 qui se tiendra en juin en Grande-Bretagne, et où l'Afrique du Sud a été invitée.

- "Douce musique" -

"Cette musique est douce à mes oreilles", a répondu Cyril Ramaphosa. Avant de renchérir: "Cette question ne doit pas être utilisée comme une barrière".

En retard sur le reste du monde, l'Afrique du Sud n'a vacciné qu'1% de sa population de 59 millions et sa campagne d'immunisation des personnes âgées n'a démarré que la semaine dernière.

Officiellement le plus touché d'Afrique, le pays qui fait maintenant face à une troisième vague imminente de la pandémie, compte officiellement plus d'1,6 million de cas pour plus de 56.000 morts.

"Seuls quelques-uns reçoivent les vaccins de manière illimitée" alors qu'en Afrique, seulement 2% de la population est aujourd'hui protégée, a asséné le président sud-africain, déplorant à nouveau un "apartheid vaccinal". Le continent compte plus de 4,8 millions de cas, pour près de 130.000 décès.

"Le véritable défi auquel nous sommes confrontés est la non-disponibilité des vaccins. Les pays bien dotés les ont achetés et les stockent. Nous sommes maintenant bloqués", a décrit Cyril Ramaphosa.

Les deux chefs d'Etat se sont ensuite rendus sur le campus de l'Université de Pretoria où le président français et le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, ont annoncé des accords d'investissements pour produire davantage de vaccins en Afrique.

"Un vaccin pour chaque Africain" est l'objectif qu'a fixé le PDG du laboratoire sud-africain Aspen, Stephen Saad, devant les dirigeants. D'autres projets industriels sont étudiés, notamment au Sénégal.

- "Opérations maritimes" -

Lors de leur entretien en tête-à-tête, les deux chefs d'Etat ont également évoqué la question sécuritaire dans le nord du Mozambique, en proie à des attaques jihadistes depuis plus de trois ans.

La France "est disposée" à "prendre part à des opérations maritimes" au large du Mozambique, si les Etats de la région le demandaient, a indiqué Emmanuel Macron.

Jusqu'à présent le président mozambicain, Filipe Nyusi, s'est montré réticent à toute aide étrangère, insistant sur la souveraineté du pays, indépendant depuis 1975.

Des groupes connus localement sous le nom d'"Al-Shabab" ("les jeunes" en arabe) sèment la terreur depuis plus de trois ans dans la province pauvre et à majorité musulmane du Cabo Delgado, proche de la Tanzanie. Leurs attaques sont montées en puissance depuis un an, dans cette région stratégique riche en gaz naturel.

Total a suspendu en avril un méga projet gazier qui pèse plus de 16 milliards de dollars après une attaque surprise d'ampleur contre la ville portuaire de Palma.

La visite de M. Macron en Afrique du Sud, prévue il y a plus d'un an, avait dû être repoussée en raison de la pandémie. Samedi matin, il rencontrera la communauté française puis visitera la fondation Nelson Mandela à Johannesbourg, avant de décoller vers la France.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.