Macron nomme Sylvie Goulard, "Européenne convaincue", à la Commission

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Par Jérôme RIVET et Paul AUBRIAT - Paris (AFP)
Publié le 28 août 2019 - 14:43
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Sylvie Goulard en juin 2017 à Berlin
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© Britta Pedersen / dpa/AFP/Archives
Sylvie Goulard en juin 2017 à Berlin
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Deux ans après un bref passage au gouvernement, Sylvie Goulard a été choisie mercredi par Emmanuel Macron pour siéger à la Commission européenne, une consécration pour cette spécialiste de l'UE aux compétences reconnues, mais toujours liée à une affaire judiciaire en cours.

Cette ancienne eurodéputée de 54 ans est "une femme d'expérience et une Européenne engagée de longue date", a salué Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, quelques heures après l'annonce de la décision du chef de l'Etat, intervenue avec deux jours de retard.

"Je suis très honorée que le Président de la République ait proposé mon nom pour le poste de commissaire européen, en accord avec la Présidente élue Ursula von der Leyen", a commenté dans un communiqué Mme Goulard qui se met en congé de la Banque de France, où elle fut nommée au poste de sous-gouverneure en janvier 2018, jusqu'à la fin de la procédure de nomination.

Le choix de l'ancienne ministre a été applaudi par la majorité et certaines voix européennes tandis qu'il est dénoncé à gauche ou à droite, la nominée étant traitée de "fédéraliste germanophile" par Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France.

Pour l'Elysée, Sylvie Goulard possède "la capacité de jouer un rôle majeur au sein de la prochaine Commission" dans "un moment crucial pour l'Europe".

Emmanuel Macron compte en effet sur la nouvelle Commission, qui entrera en action le 1er novembre à Bruxelles sous la présidence de l'Allemande Ursula Von der Leyen, pour accélérer la "refondation" de l'Union européenne malgré un contexte rendu difficile par le Brexit, l'incertitude politique en Allemagne et la montée du populisme anti-européen.

Née le 6 décembre 1964 à Marseille, Sylvie Goulard est une excellente germaniste et parle couramment l'anglais et l'italien. Elle a un carnet d'adresses européen bien fourni, fruit de 30 ans dans les arcanes de Bruxelles comme conseillère politique à la Commission, puis eurodéputée de 2009 à 2017.

Le portefeuille qu'elle occupera n'est pas encore déterminé, Ursula Von der Leyen ayant débuté cette semaine les entretiens avec les candidats proposés par les 27 capitales. Paris affiche sa préférence pour un portefeuille économique -commerce, concurrence...- ou l'environnement. Dans l'actuelle Commission, le Français Pierre Moscovici est chargé des Affaires économiques et financières.

- Ministre un mois -

La candidate devra en outre passer le test des auditions au Parlement européen, qui s'annonce délicat. En raison principalement de l'affaire d'emplois fictifs présumés des assistants des eurodéputés MoDem, un parti qu'elle a depuis quitté. Elle avait pour cela abandonné son poste de ministre des Armées en juin 2017, un mois seulement après être entrée en gouvernement, en même temps que les centristes François Bayrou et Marielle de Sarnez.

Cette affaire a donné lieu depuis à l'ouverture d'une information judiciaire, mais Mme Goulard n'a jusqu'à présent pas été convoquée.

"Grosse gêne ! Ce qui l'empêche d'être ministre en France est négligeable à l'échelle européenne !", a réagi l'écologiste Yannick Jadot.

"Je n'ai nul doute sur le fait qu'elle aura à coeur de s'expliquer sur ce sujet" devant les eurodéputés, a indiqué Sibeth Ndiaye. En soulignant que "depuis deux ans que la procédure judiciaire a été mise en oeuvre, il n'y a pas eu de développement particulier".

Sylvie Goulard est en outre critiquée par certains pour avoir collaboré à un think tank américain pour une rémunération supérieure à 10.000 euros par mois alors qu'elle était eurodéputée. "Un mélange des genres dommageable", a dénoncé mercredi Guillaume Balas, du mouvement Génération.s.

- "Pas une potiche" -

Lors de ses deux mandats au Parlement européen, Sylvie Goulard était l'une des membres les plus en vue du groupe libéral ALDE, l'ancêtre du groupe "Renaissance" dominé aujourd'hui par les eurodéputés de La République en marche.

Mais à Strasbourg, elle ne s'est pas fait que des amis.

Sa tentative - finalement avortée - de briguer en 2016 la présidence de l'hémicycle contre le patron du groupe centriste Guy Verhofstadt, en faisant alors valoir la nécessité d'une candidature féminine à ce poste clé, a notamment illustré son caractère réputé impétueux - voire "autoritaire" et parfois même "cassante", selon ses détracteurs - alors qu'elle aime à répéter qu'elle n'est pas "une potiche".

Sylvie Goulard a été l'un des premiers soutiens à Emmanuel Macron lorsqu'il s'est lancé dans la course à l'Elysée et l'a conseillé sur l'Europe durant la campagne.

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