Macron promet de s'atteler au chantier de la dépendance

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Par Pascale JUILLIARD - Paris (France) (AFP)
Publié le 16 avril 2018 - 17:06
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Emmanuel Macron lors de l'interview menée le 15 avril 2018 au Palais de Chaillot par Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin
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© FRANCOIS GUILLOT / AFP
Emmanuel Macron lors de l'interview menée le 15 avril 2018. Interrogé sur l'idée d'une deuxième journée de solidarité, Emmanuel Macron a jugé cette piste "intéressante"
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Face au "choc démographique" du vieillissement, Emmanuel Macron s'est engagé à s'atteler au chantier du financement de la dépendance, évoquant comme pistes une deuxième journée de solidarité ou la création d'un cinquième risque au sein de la Sécurité sociale.

"Nous avons aujourd'hui environ 1,5 million de personnes qui ont plus de 85 ans, à horizon 2050 ce sera 5 millions", a souligné le chef de l'Etat dimanche sur BFMTV, RMC et Mediapart, parlant de "choc démographique".

"On va investir parce qu'il n'y a pas d'autre choix", a-t-il ajouté, soulignant que les personnes arrivent en maison de retraite de plus en plus âgées et de plus en plus dépendantes, ce qui augmente les besoins de médicalisation.

Les personnels des établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ont organisé deux journées inédites de grève, les 30 janvier et 15 mars, pour dénoncer un manque de personnel soignant. Deux députées (LREM et LFI) ont estimé à plus de 200.000 les recrutements nécessaires dans les quatre ans, pour un coût compris entre 7 et 10 milliards d'euros.

Au-delà des besoins à court terme, Emmanuel Macron a pris "l'engagement solennel" de s'atteler au chantier de la dépendance pour "construire un financement pérenne".

Évoquant la présentation de "travaux" au "deuxième semestre de cette année", il a souhaité "qu'entre la fin de l'année 2018 et l'année 2019 nous puissions poser les bases, à peu près en même temps que nous définirons le système de retraite", a-t-il ajouté.

"C'est la collectivité nationale qui va devoir prendre ce financement à charge", a-t-il précisé.

Interrogé sur l'idée d'une deuxième journée de solidarité, évoquée la semaine dernière par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, Emmanuel Macron a jugé cette piste "intéressante". "Je ne suis pas contre, il faut le regarder", a-t-il dit.

La CFDT a exprimé son opposition à cette hypothèse, selon elle "injuste et loin d'être à la hauteur des enjeux".

- Reste à charge -

Instaurée après la canicule de l'été 2003 qui avait fait 15.000 morts en France, la journée de solidarité a rapporté 2,37 milliards d'euros en 2017, dont 1,42 milliard pour les personnes âgées et 946 millions pour les personnes handicapées, selon la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA).

Initialement fixée au lundi de Pentecôte, cette journée travaillée mais non payée avait fait débat. Depuis 2008, les employeurs peuvent l'organiser comme ils le souhaitent, certains optant pour la suppression d'un jour de congé ou de RTT, d'autres en faisant cadeau à leurs salariés.

M. Macron a également été interrogé sur l'instauration d'un cinquième risque dédié à la dépendance au sein de la Sécurité sociale, aux côtés des quatre branches existantes (maladie, accidents du travail, retraites, famille). Il a évoqué l'option de "construire en effet des mécanismes de Sécurité sociale" qui permettraient de faire les investissements nécessaires et de "penser l'organisation collective dont nous avons besoin".

Ce "cinquième risque" avait déjà été promis puis abandonné par Nicolas Sarkozy durant son quinquennat (2007-2012).

Cette mesure figurait dans le programme présidentiel 2017 de Marine Le Pen, et avait été chiffrée par l'Institut Montaigne à "9,2 milliards d'euros à court terme et de l'ordre de 16,6 milliards à l'horizon 2060".

François Hollande a pour sa part fait voter la loi sur le vieillissement, en vigueur depuis 2016 et dotée de 700 millions d'euros par an. Elle est centrée sur le maintien à domicile, une deuxième étape plus ambitieuse ayant été abandonnée pour des raisons budgétaires.

Les services statistiques du ministère de la Santé ont chiffré en octobre à près de 24 milliards d'euros les dépenses publiques - État et départements - liées à la dépendance en 2014 (soins de santé, perte d'autonomie et hébergement), soit 1,1 point de PIB. Selon leurs projections, elles dépasseraient 2 points de PIB en 2060.

En outre, 6,3 milliards d'euros sont financés par les ménages. La somme restant à la charge des résidents des Ehpad après aides publiques est évaluée à 1.758 euros par mois en moyenne, pour une pension de retraite moyenne de 1.376 euros bruts.

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