Macron veut promouvoir la diversité parmi les hauts fonctionnaires

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Par Laurence BENHAMOU - Nantes (AFP)
Publié le 11 février 2021 - 16:04
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Emmanuel Macron à l'Institut Régional d'Administration (IRA) de Nantes le 11 février 2021
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© DAMIEN MEYER / POOL/AFP
Emmanuel Macron à l'Institut Régional d'Administration (IRA) de Nantes le 11 février 2021
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Emmanuel Macron a entrouvert jeudi à Nantes la voie d'accès à des prestigieuses écoles de l'administration, comme l'ENA, à des jeunes d'origine modeste afin que plus "aucun gamin dans notre République se dise: 'ce n'est pas pour moi'".

La diversité dans la fonction publique est l'un des piliers de l'agenda en faveur de "l'égalité des chances" que le chef de l'Etat cherche à promouvoir en profitant des rares espaces laissés dans le débat public par la crise du Covid-19.

Ce volet social est souvent décrit comme "la jambe gauche" de sa politique qui, en s'adressant aux jeunes et aux électeurs de gauche, vise à équilibrer "la jambe droite", très présente ces derniers mois avec les lois sécuritaires, que défendra jeudi soir le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin face à Marine Le Pen sur France 2.

En échangeant avec une dizaine d'élèves de l'Institut Régional d'Administration (IRA) de Nantes, Emmanuel Macron a dressé un constat sombre de "l'ascenseur social" français, qui "fonctionne moins bien qu'il y a 50 ans" car la mobilité "est très faible".

Parfois issus de la campagne ou de cités, les élèves ont témoigné des obstacles qu'ils ont surmontés, entre méconnaissance des concours de la fonction publique et une forme "d'auto-censure". "Je ne veux pas passer l'ENA, j’ai un peu le syndrome de l'imposteur, j’ai peur de ne pas avoir les codes", s'est ainsi excusé l'un d'eux.

"Je n'ai que le bac" mais "je suis membre du gouvernement", l'a rassuré Sarah El Haïry, la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l'Engagement, qui accompagnait Emmanuel Macron.

Pour Lilian Cailleau, 23 ans, qui a grandi dans une famille d’agriculteurs, "les métiers de la fonction publique sont méconnus quand on est originaire d’une zone rurale".

Reprenant une formule qu'il utilise depuis la présidentielle de 2017, Emmanuel Macron a insisté sur l'importance pour les jeunes de "ne pas être assigné au milieu social ni au lieu où on est né". Sinon, "la nation se désagrège" car "c'est la promesse républicaine" qui n'est pas tenue.

Il a ainsi cité son exemple. A Amiens, la ville où il a grandi, "je ne savais même pas que l'ENA existait. Je l'ai découvert par hasard, à Paris. Je suis un enfant de la chance, sur ce point", a-t-il expliqué à l'AFP après l'échange.

- "casser l'entre-soi" -

Face aux élèves, il a annoncé la mise en place d'une nouvelle voie "Talents", réservée à des jeunes d'origines modestes ou des quartiers défavorisés, qui disposeront de quelques places à l'ENA et dans quatre autres écoles de hauts fonctionnaires.

Plutôt que de supprimer l'Ecole nationale d'administration (ENA), comme il l'avait évoqué initialement après la crise des "gilets jaunes", Emmanuel Macron a donc choisi de conserver ce prestigieux établissement dont il est lui-même issu, mais d'y favoriser davantage de diversité.

Un millier de places supplémentaires seront créées dans des "Prépas Talents" - deux par région - réservées à ces jeunes, qui recevront une allocation pour la diversité doublée, à 4.000 euros. Cinq à dix places par école, dont 6 à l'ENA, seront réservées aux élèves issus des Prépas Talents.

"On a besoin de casser l’entre-soi, les corporatismes. Aujourd'hui, c’est une première étape: changer qui sont les hauts fonctionnaires", a expliqué sur BFMTV Amélie de Montchalin, la ministre de la Fonction publique, à l'origine de la loi des "Talents" votée par l'Assemblée en novembre.

Ces annonces doivent s'ajouter à une série de mesures destinées à encourager la réussite au mérite et à lutter contre "les inégalités à la racine".

Vendredi, le gouvernement va ainsi donner le coup d'envoi de la plateforme "Anti discriminations", qui doit permettre de signaler des cas de discrimination par internet et par téléphone (le 3928). Gérée par la Défenseure des droits et des associations, elle emploiera une dizaine de juristes spécialisés avec un budget annuel de 3,5 millions d'euros.

"Aujourd'hui, quand on a une couleur de peau qui n'est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé (..) On est identifié comme un facteur de problème et c'est insoutenable", avait expliqué en décembre sur Brut Emmanuel Macron en annonçant la création de cette plateforme.

A Nantes, une centaine de personnes se sont rassemblées jeudi matin avant l'arrivée du président à l'IRA à l'appel de la CGT et FO pour réclamer notamment le retrait du projet de loi Sécurité globale.

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