Malgré les doutes liés au Covid, le réalisateur Thierry de Peretti défriche son 4e film

Auteur:
 
Par Maureen COFFLARD - Venaco (France) (AFP)
Publié le 09 décembre 2020 - 10:00
Image
Le réalisateur français Thierry de Peretti travaille sur son quatrième film avec son équipe, le 5 décembre 2020 à Venaco, en Corse
Crédits
© Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP
Le réalisateur français Thierry de Peretti travaille sur son quatrième film avec son équipe, le 5 décembre 2020 à Venaco, en Corse
© Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP

Sortie retardée à cause du Covid-19, doutes sur l'avenir du secteur... Thierry de Peretti, qui attend toujours de pouvoir présenter son 3e film, s'est malgré tout lancé sur son île natale de Corse dans l'adaptation du dernier roman de Jérôme Ferrari.

Dans un hôtel en pleine forêt, à Venaco, dans la montagne corse, le réalisateur d'"Une vie violente" et des "Apaches" a réuni pendant deux semaines sa co-scénariste Jeanne Aptekman, sa directrice de casting Julie Allione et sa directrice artistique Julia Canarelli, pour défricher l'adaptation du roman "A son image" de Jérôme Ferrari, également de passage.

Thierry de Peretti s'est aussi entouré d'un petit groupe d'acteurs dont une partie jouait dans "Une vie violente", un film sombre autour de l'assassinat d'un jeune nationaliste corse:

"On lit, on réfléchit, on essaye des choses en improvisation comme au théâtre, je filme tout ça, on fait des allers-retours entre l'écriture et ces essais", explique à l'AFP le réalisateur de 50 ans, également acteur.

- Brainstorming insolite -

Traitement des archives, choix de décors, sélection d'un ou plusieurs acteurs pour jouer un même rôle sur 25 ans, tout est discuté pour transposer sur grand écran le portrait d'Antonia, une photographe de presse locale insatisfaite, compagne d'un nationaliste corse, qui part photographier la guerre en ex-Yougoslavie et meurt à 38 ans dans un accident de voiture dans son île.

Les idées fusent dans ce brainstorming insolite qui fera gagner un temps précieux sur le tournage "dans un an, un an et demi". "Mais est-ce que j'arriverai à le financer?", s'angoisse le réalisateur, tiraillé par les chamboulements du secteur.

La réponse dépendra probablement de l'accueil de son 3e film, qui devait sortir en 2020 et n'est toujours pas programmé.

Baptisé initialement "L'Infiltré", comme le livre de Hubert Avoine et Emmanuel Fansten dont il est inspiré, il s'est ensuite appelé "Les années 10" et s'intitule désormais "Enquête sur un trafic d'Etat". "Ca pourrait encore changer", souligne Thierry de Peretti, qui a eu son lot de surprises sur ce projet.

Vincent Lindon, qui devait interpréter l'infiltré, un personnage écrit "sur mesure pour lui", a voulu en jouer un autre: "Il avait une telle conviction que l'autre rôle était pour lui que finalement je me suis laissé convaincre" de lui confier ce rôle "plus modeste" d'un "grand policier mis en cause dans le film".

Un bouleversement que ne regrette pas le réalisateur, louant "l'immense engagement" de l'acteur et "l'échange permanent" qu'ils ont eu: "Il est tout le temps sur le plateau, s'intéresse absolument à toutes les décisions, sur la lumière, la couleur, le son".

- Premier film "français" -

Ayant perdu son "infiltré", il a alors contacté Roschdy Zem avec qui il avait joué dans "Ceux qui m'aiment prendront le train" de Patrice Chéreau. Un acteur "très physique, très mystérieux", avec une "stature de Gary Cooper" qui forme avec Vincent Lindon "un couple de cinéma inédit".

Pio Marmaï, en jeune journaliste du service police-justice de Libération, tient le rôle principal de ce "film d'enquête sur le journalisme aujourd'hui, qui parle beaucoup, un anti-Narcos avec peu d'action", tourné en Espagne, à Marseille, en Belgique et à Annecy.

"Mon premier film français", glisse-t-il malicieusement, en référence à ses deux précédents tournés en Corse.

"Après +Une vie violente+, une expérience très forte mais aussi éprouvante, je voulais faire un film ailleurs", explique-t-il: "J'avais envie de raconter Paris des années 2010, le Paris des attentats de 2015, de Nuit debout, la société, l'ambiance (...). +L'Infiltré+ m'est arrivé à ce moment-là comme une commande et ça correspondait à cette envie".

La sortie du film va désormais dépendre d'éventuelles sélections en festival, notamment à Berlin ou Cannes, où il dit être "né en tant que cinéaste" avec la sélection de ses deux premiers films.

Quant à ses projets, il en a plusieurs, "tous corses". "Je rêve de faire une série à Ajaccio, un portrait de la société, un prétexte pour filmer la ville". Pour lui, l'île est "inépuisable d'un point de vue de fiction, à cause de la complexité et de la beauté de la société, de la situation politique contemporaine".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.