"On m'appelait +Ben Ben+, pour Ben Laden" déclare Abdelkader Merah

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Par AFP
Publié le 03 octobre 2017 - 17:29
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Abdelkader Merah dessiné lors de sa comparution devant la cour d'assises de Paris, le 3 octobre 2017
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© Benoit PEYRUCQ / AFP
Abdelkader Merah dessiné lors de sa comparution devant la cour d'assises de Paris, le 3 octobre 2017.
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"On m'appelait +Ben Ben+, pour Ben Laden": l'itinéraire chaotique et violent d'Abdelkader Merah a été mardi au centre des débats de la cour d'assises de Paris, où il comparaît pour complicité dans les assassinats de son frère Mohamed.

"Lors des attaques du World Trade Center (le 11 septembre 2001, ndlr), j'avais crié +Vive Ben Laden+ mais c'était pas une question religieuse, à l'époque j'étais un petit délinquant à mille lieues de l'islam", a expliqué l'accusé.

Son frère Mohamed était surnommé "le petit Ben Ben", mais son aîné affirme aujourd'hui ne plus savoir pourquoi.

Abdelkader Merah, 35 ans, soupçonné d'avoir été le mentor religieux de son frère, est accusé par la justice d'avoir "sciemment" facilité la préparation de ses crimes.

En mars 2012 à Toulouse et Montauban, Mohamed Merah avait froidement exécuté sept personnes, dont trois enfants d'une école juive, avant d'être abattu par la police. Les attaques ont été revendiquées par le groupe jihadiste Jund al Khalifat, affilié à Al-Qaïda.

Mardi, au deuxième jour du procès, la cour d'assises s'est penchée sur le parcours d'Abdelkader Merah, né en 1982 à Toulouse. Jeune de cité marqué par le divorce de ses parents, il a basculé dans la délinquance et la violence avant de se convertir en 2006 à ce qu'il qualifie de "vraie religion".

Si l'examen de son engagement religieux a été repoussé au 13 octobre, Abdelkader Merah a été interrogé sur ses relations avec certains islamistes toulousains. Ainsi sur les frères Clain, voix des revendications des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, il répond: "Ce sont des frères de religion."

- Son frère, un "musulman pécheur" -

Et Mohamed Merah, qui a tué des militaires musulmans, l'interroge une partie civile? "C'est un musulman pécheur", dit-il.

Questionné sur la fierté qu'il avait exprimée envers son frère après sa mort, il affirme avoir réagi "dans la tristesse, le regret, la colère" et pour l'"honneur" de Mohamed Merah. "Aujourd'hui, j'ai toujours de l'amour pour lui mais je condamne ses actes", a-t-il ajouté.

De nombreuses fois au cours de son interrogatoire, Abdelkader Merah a insisté sur les différences entre culture magrébine, islam et mode de vie occidental.

"Les Algériens, on peut pas comparer avec la culture occidentale", "c'est chacun ses traditions", a-t-il martelé, contraignant le président à lui rappeler qu'il était français.

Abdelkader Merah est quatrième d'une fratrie de cinq enfants, Mohamed étant le plus jeune.

Sa mère, Zoulika Aziri, née en Algérie, a rejoint son mari Mohamed, en France depuis 1966, en février 1981.

Le père Merah a été ouvrier puis gérant d'une fabrique de matériel de construction. Il a aussi connu la prison après une condamnation à cinq ans ferme pour détention de cannabis. Des témoignages rapportent ses violences sur sa femme mais Abdelkader jure ne jamais l'avoir vu battre sa mère.

Le divorce de ses parents lorsqu'il avait 11 ans, qu'il a qualifié dans la procédure de "seconde guerre mondiale", a fait basculer sa vie. "Avant, c'était une famille parfaite, après, c'était chaotique".

Son parcours scolaire jusqu'à l'obtention d'un CAP de peintre en bâtiment s'en ressentira. Placé dans des foyers, il devient violent et les rapports alarmants se multiplient sur son comportement.

"Il provoque, agresse, insulte, toujours à l'affût d'un mauvais coup, passe outre à l'autorité des adultes, avec une hyperactivité inquiétante ouvrant la voie à un comportement antisocial", est-il écrit dans l'un de ces rapports. "Les weekends, il frappe sa mère qui se réfugie dans sa chambre au moindre débordement de son fils".

Condamné à cinq reprises, notamment pour des actes de violence sur ses frères, Abdelkader Merah dit avoir trouvé la paix dans l'islam. A cette date, il épouse religieusement et par téléphone Yamina Mesbah, sa compagne actuelle, avec laquelle il emménage dans la campagne toulousaine pour fuir "les actes de turpitude, de débauche et de péché" de la ville.

Plus tard, il organisera en 2011 le remariage de sa mère avec un "musulman sérieux", Mohamed Essid, père de Sabri Essid, parti combattre en Syrie.

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