"Mieux vivre cette période difficile" : des chômeurs accompagnés par des bénévoles

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Par Charlotte HILL - Paris (AFP)
Publié le 22 mars 2021 - 20:27
Mis à jour le 23 mars 2021 - 16:50
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Photo d'un logo d'une agence de Pôle emploi, prise à Paris le 29 janvier 2021
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
"Ils ont été patients. Dieu sait que par moments j'ai été chiant": accompagné depuis un an par Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), Paul est "reconnaissant" envers les béné
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives

"Ils ont été patients. Dieu sait que par moments j'ai été chiant": accompagné depuis un an par Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), Paul est "reconnaissant" envers les bénévoles qui l'aident au plan pratique mais aussi moral.

Créatif publicitaire de 58 ans, Paul (prénom modifié) explique à l'AFP avoir été aiguillé par une de ses trois filles, qui le voyait "ramer", vers cette association qui accompagne en permanence 3.500 à 4.000 demandeurs d'emploi en France.

Peu avant le premier confinement, René Eksl, 77 ans, et Alicia Gayout, 29 ans, se sont ainsi saisis de son dossier au sein d'un groupe parisien de l'association. Depuis, Covid oblige, ils s'entretiennent régulièrement au téléphone ou en visioconférence.

Paul a fait carrière dans la pub, travaillant "longtemps dans les grandes agences" parisiennes. En 2005, après des "galères perso", il a fait "une espèce de burn-out" et a négocié son départ pour se mettre en freelance.

Mais la crise de 2008 "a tout foutu en l'air: les grosses boîtes ont fermé les robinets et quand elles les ont rouverts, c'était sur des créatifs plus jeunes en général", dit-il. C'est là que "les galères ont vraiment commencé".

L'apport des bénévoles est-il d'abord un soutien moral ou pratique ? "Les deux mon capitaine", répond Paul, avant de lâcher dans un joli lapsus: "René et Alicia m'ont pas mal aimé... euh aidé".

"Ils m'ont mis un peu de pression, super sympa. Le fait de devoir respecter des deadlines, etc.", ça aide à "structurer", poursuit-il, confiant en être arrivé à un moment où il ne pouvait plus "décrocher son téléphone".

- "L'impression de respirer " -

René explique que l'accompagnement - toujours en binôme - débute généralement par le CV, les lettres de motivation, les sites type LinkedIn... Il relève que "c'est très difficile d'aller directement sur le soutien psychologique" quand on ne connaît pas la personne.

Cet accompagnement aide à revenir vers l'emploi (avec un taux de retour de l'ordre de 60% sur les dix dernières années), mais il permet surtout aux chômeurs de "mieux vivre cette période difficile", met en avant ce bénévole à SNC depuis environ 9 ans, retraité d'un cabinet de conseil sur les questions d'emploi et de formation.

Grâce à Alicia, qui travaille dans la santé au travail en tant que responsable technique, Paul a notamment publié son profil sur une plateforme qui agrège des profils de freelance et a été contacté il y a deux mois pour "un boulot assez intéressant".

Via René, il a aussi obtenu un poste de téléopérateur Covid à l'AP-HP, qui gère la plupart des hôpitaux parisiens, où il enchaîne les CDD depuis début octobre, sans "aucune visibilité" toutefois au-delà de fin avril.

Depuis, les rendez-vous avec les bénévoles, habituellement environ tous les dix jours, sont plus espacés.

L'accompagnement, qui peut être complété par des ateliers collectifs (amélioration de CV, recherche d'emploi, mais aussi randos, visites de musée...), dure "aussi longtemps que la personne en a besoin", souligne Alicia, qui y voit la force de SNC.

Même s'ils sont "parfois un peu fatigués" après les rendez-vous, René, qui accompagne 5 personnes dont deux migrants, et Alicia, qui aide une autre personne à part Paul, sont "contents d'avoir pu faire quelque chose". Parfois, lorsque les difficultés sont importantes, des psychologues de l'association sont sollicités.

Après un an, René trouve que Paul "a changé": tant qu'il ne réussissait pas à travailler, "il était très négatif et tout lui pesait". Là "il a repris du poil de la bête" avec le CDD: "Ca change complètement le regard qu'il a sur lui même".

Paul, lui, ne sait "pas du tout comment ça va évoluer". Mais après 15 ans à vivre "au jour le jour", il a "l'impression de respirer" grâce à ce CDD, même si la rémunération n'est "pas terrible". "Ca m'a super détendu" et du coup "dans mes freelance, c'est plus facile".

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