Migrants : deux journalistes se plaignent devant la justice d'être "empêchés de travailler"

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Par AFP - Lille
Publié le 04 janvier 2021 - 13:58
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Evacuation d'un camp de migrants le 29 septembre 2020 à Calais
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© Bernard BARRON / AFP/Archives
Evacuation d'un camp de migrants le 29 septembre 2020 à Calais
© Bernard BARRON / AFP/Archives

Deux journalistes ont dénoncé lundi devant le tribunal administratif de Lille l'"entrave" à la liberté d'informer que représente selon eux l'impossibilité d'accéder à des évacuations de camps de migrants sur le littoral du Nord et du Pas-de-Calais.

Ils demandent au tribunal d'enjoindre aux préfectures du Nord et du Pas-de-Calais de les "autoriser à accéder aux différents sites" d’évacuation pour y réaliser leurs reportages. La décision est attendue au plus tard mardi.

"On est avant tout là pour pouvoir faire notre travail à l'instant T, on demande simplement à pouvoir retourner sur le terrain et couvrir ce qui s'y passe", a expliqué avant l'audience le journaliste rédacteur indépendant Simon Hamy, à l'origine avec son collègue photojournaliste travaillant sous le pseudonyme de Louis Witter de ce recours en "référé-liberté".

Les deux journalistes de 30 et 25 ans dénoncent une "atteinte grave" et illégale à la liberté d'informer, après s'être vu "opposer un refus de documenter" des opérations d'évacuation de migrants à cinq reprises, mardi et mercredi derniers, à Grande-Synthe, Coquelles et en plusieurs lieux à Calais.

Outre l'interdiction de pénétrer dans un vaste périmètre de sécurité, ils ont décrit une main posée sur l'objectif d'un appareil-photo et l'utilisation d'un projecteur pour les éblouir.

"Un périmètre de sécurité, c'est quelque chose de tout à fait classique", a insisté au nom de la préfecture du Nord Hervé Tourmente, sous-préfet de Dunkerque, assurant que "cela ne choque absolument personne et pas même la presse".

L'enjeu principal est selon lui d'"éviter tout suraccident", alors que des engins de chantier circulent dans la zone et que des armes à feu ou blanches peuvent également être présentes.

Le sous-préfet de Calais Michel Tournaire a quant à lui indiqué qu'à l'issue de chaque opération était diffusé un communiqué de presse qui "détaillait de manière précise les personnes mises à l'abri".

Dans ce dossier, le syndicat national des journalistes (SNJ) a déposé un mémoire en intervention volontaire pour appuyer les deux journalistes, estimant que les refus auxquels ils se sont heurtés constituaient "indéniablement une atteinte à la liberté de la presse".

A l'audience, leur avocat, Me Henry-François Cattoir, a souligné que si des articles avaient été publiés sur ces expulsions, quasi-quotidiennes dans le Calaisis, "l'exercice de la liberté de la presse (devait) être total".

"Faudrait-il une accréditation comme l'a suggéré M. Darmanin (le ministre de l'Intérieur) pour couvrir les opérations de police ?" a-t-il fait mine de s'interroger.

"Les deux seuls pays où j'ai été empêché d'approcher des démantèlements de camps, c'est la Hongrie de Viktor Orban et le Maroc de Mohammed VI", a pointé Louis Witter, qui souhaitait lors de son passage sur le littoral calaisien travailler sur "le trauma des expulsions matinales" des migrants.

Sur son compte Twitter, il avait diffusé mardi une série d'images montrant notamment un homme en combinaison lacérant une tente. Des photos prises "en grugeant".

"Il s'agit de sociétés de nettoyage qui accompagnent les forces de l'ordre (...) et dont le rôle est de lacérer les tentes pour éviter leur réutilisation, ou d'emmener vers les bennes à ordures d'autres effets personnels de réfugiés", assure le photographe.

"Nous avons des protocoles de récupération des effets personnels" des migrants et "une convention avec une ressourcerie" pour les tentes, a au contraire indiqué M. Tournaire.

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