Minée par le chômage, l'ex-ville minière de la Grand-Combe se sent abandonnée

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Par AFP - La Grand-Combe
Publié le 12 mars 2020 - 08:51
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Un magasin fermé, parmi d'autres, à La Grand-Combe, le 13 février 2020
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© Pascal GUYOT / AFP
Un magasin fermé, parmi d'autres, à La Grand-Combe, le 13 février 2020
© Pascal GUYOT / AFP

Rideaux de fer tirés, panneaux "à louer", vitrines abandonnées recouvertes d'affiches: à La Grand-Combe (Gard), ancienne commune minière touchée par un des plus forts taux de chômage en France, les magasins ont fermé les uns après les autres.

Dans la rue Anatole-France, seul un fleuriste subsiste, non loin d'un local où le Secours populaire offre un soutien aux plus démunis. "Ici, il y a une épicerie solidaire, une salle pour la distribution de colis alimentaires et un coin alphabétisation", explique Gisèle Grandidier, directrice du comité de cet ONG caritative.

Dans le passé, la mine de charbon de La Grand-Combe a employé jusqu'à 3.000 personnes. Mais après sa fermeture en 1978, le tissu économique a connu une véritable descente aux enfers, les entreprises fermant les unes après les autres. De nombreuses familles ont plongé dans la pauvreté. Du passé glorieux de la mine, il ne reste plus qu'un puits transformé en musée.

"Depuis la fermeture de la mine, à la fin des années 1970, nous nous battons. Mais l’Etat nous a abandonnés", déplore le maire communiste Patrick Malavieille, candidat à sa succession aux municipales de dimanche.

A quelques jours des élections, il déplore le départ de "tous les services publics" de cette ville de 5.000 habitants. "Et bientôt, en 2023, le Trésor public partira lui aussi".

En 2016, la Grand-Combe était, parmi les communes de France métropolitaine de plus de 1.000 habitants, celle qui avait le taux de chômage le plus élevé, soit 40,2% des actifs de 15 à 64 ans, selon l'Institut national des statistiques (Insee).

L'étude n'a pas été actualisée depuis, mais selon Pôle Emploi, 750 chômeurs étaient inscrits en janvier 2020. Au prorata de la population active grand-combienne, cela donnerait un taux de chômage de 26%.

Sur les hauteurs de la ville, dans la Maison des solidarités, les travailleurs sociaux sont à pied-d’oeuvre. Un Relais emploi et une mission locale des jeunes ne désemplissent pas, et se coordonnent avec le Centre social municipal au bout du couloir.

Ali, 28 ans, s’est installé devant un ordinateur du Relais emploi, en quête d’une nouvelle offre. "J’ai un master en biotechnologie. J’ai fait sept ans d’études à Montpellier avant de revenir ici chez mes parents. J’ai envie de partir, mais les problèmes financiers me retiennent ici", raconte-t-il.

Face à cette période de chômage qui dure, il a pris une décision: dans quelques jours, il ouvrira une auto-entreprise pour devenir installateur de fibre optique. "C’est à l’opposé de ma formation mais il faut que je sois caméléon", se résigne-t-il.

Ici, les personnes en quête d'emploi ne se passionnent guère pour les élections municipales, tant la survie quotidienne les occupe. En 2014, l'abstention avait dépassé les 30% aux municipales.

Deux espoirs se profilent pourtant: en septembre, un parc économique régional ouvrira ses portes à deux entreprises, un pôle logistique SNCF Réseau et une société de BTP. Elles promettent une centaine d’emplois. Et un Etablissement public pour l'insertion dans l’emploi (EPIDE), devrait accueillir 300 jeunes par an en réinsertion et générer 54 emplois, selon le maire.

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