A Montpellier, la tension persiste après des violences à la fac de droit

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Par Isabelle LIGNER - Montpellier (AFP)
Publié le 26 mars 2018 - 14:37
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A Montpellier, des étudiants pro- et anti-blocage s'affrontaient verbalement, trois jours après l'intrusion violente d'hommes cagoulés dans un amphithéâtre occupé
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© SYLVAIN THOMAS / AFP
A Montpellier, des étudiants pro- et anti-blocage s'affrontaient verbalement, trois jours après l'intrusion violente d'hommes cagoulés dans un amphithéâtre occupé
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Une enquête administrative a débuté lundi pour faire la lumière sur l'intrusion violente d'hommes cagoulés à la faculté de droit de Montpellier pour en déloger des étudiants grévistes, dans un contexte marqué par des tensions entre pro et anti-blocage à l'université, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation.

Mardi à 10H30, une assemblée générale des personnels et étudiants est prévue à l'université de lettres Paul Valéry et sera suivie d'une manifestation à travers la ville, notamment vers la faculté de droit, où l'expulsion à coups de bâtons d'étudiants qui occupaient dans la nuit de jeudi à vendredi un amphithéâtre pour protester contre la loi Vidal a laissé des traces, a-t-on appris lundi soir auprès de l'intersyndicale.

Des étudiants dénonçant la sélection sociale qu'introduit, selon eux, cette nouvelle législation sur l'accès aux études universitaires bloquent l'université "Paul Va" depuis mi-février. Ce blocus et son extension à la faculté de droit divisent étudiants et enseignants.

C'est dans ce contexte tendu que deux inspecteurs de l'Inspection générale de l'administration de l’Éducation nationale et de la Recherche (IGAENR), mandatés par la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal, ont entamé lundi leur enquête sur les violences survenues à la faculté de droit.

Après avoir été reçues pendant deux heures par les inspecteurs, l'intersyndicale --Solidaires, Snesup-FSU, Sud-Education, CGT des universités de Montpellier-- et la Ligue des droits de l'Homme (LDH) de l'Hérault ont dénoncé lundi soir "une enquête très formelle" sans "intérêt particulier ni concernant les victimes, ni concernant les agresseurs identifiés par les étudiants".

La rectrice Béatrice Gille et le président de l'Université de Montpellier Philippe Augé ont souhaité que cette enquête rende "rapidement" ces conclusions, mais l'intersyndicale et la LDH ont pointé le fait que les étudiants victimes et témoins de l'attaque ne seraient reçus que mercredi matin, en nombre limité.

Les représentants syndicaux et la LDH soulignent que les inspecteurs ne rendront que des "préconisations" et que c'est "la ministre in fine qui rendra sa décision". Mme Vidal devra "prendre la mesure de sa responsabilité si des gens dangereux sont remis face à des étudiants", souligne Denis Orcel, de Sud Education.

- Démission du doyen -

L'intersyndicale demande ainsi "la suspension à titre conservatoire avant toute reprise des cours des enseignants et chargés de TD mis en cause par des faisceaux d'indices concordants" après la démission vendredi soir du doyen de la faculté de droit Philippe Pétel.

Au coeur des tensions qui perdurent depuis les incidents, M. Pétel est accusé par des étudiants --ce qu'il dément-- d'avoir été à l'origine de l'expédition punitive organisée en fin de semaine dernière. Certains assurent aussi que des professeurs de la faculté ont pris part aux violences.

Parallèlement à l'enquête administrative, le parquet de Montpellier a également ouvert de lui-même une enquête pour violences en réunion et avec arme, confiée à la direction départementale de la sûreté publique. Six étudiants ont porté plainte à ce jour contre X et pour "violences volontaires", a précisé lundi soir Me Sophie Mazas, de la LDH. La présidence de l'UM a également porté plainte contre X.

Le coup de force de la semaine dernière a provoqué de vives tensions entre étudiants. Lundi matin, plusieurs centaines d'étudiants pro et anti-blocage se sont affrontés verbalement dès 08H00 devant les grilles baissées de la faculté de droit.

"On veut étudier, on veut pas être bloqués", "Rendez-nous nos facs!", criait un premier groupe d'étudiants. Sur leurs pancartes, "Présomption d'innocence", "Non à la diffamation", en référence aux accusations visant le doyen démissionnaire.

Face aux "anti-blocage", un "comité de mobilisation de la faculté de droit et science politique" réclamait de son côté "Des études sans fascistes" et de la "Justice en fac de droit".

A Montpellier, l'université est divisée en deux unités administratives distinctes: l'UM (droit, médecine, sciences...) qui compte près de 47.000 étudiants et 4.800 personnels et l'université Paul Valéry (Lettres, Arts, Langues et Sciences Humaines), installée dans un campus au nord de la ville, qui accueille 20.000 étudiants et 1.600 personnels.

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