Mosquée de Bayonne : calme lors de la prière

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Par Carole SUHAS - Bayonne (AFP)
Publié le 01 novembre 2019 - 17:30
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Des fidèles arrivent à la mosquée de Bayonne pour la prière du vendredi, le 1er novembre 2019 quelques jours après l'attaque qui a fait deux blessés
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© GAIZKA IROZ / AFP
Des fidèles arrivent à la mosquée de Bayonne pour la prière du vendredi, le 1er novembre 2019 quelques jours après l'attaque qui a fait deux blessés
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Près de 400 fidèles, une affluence des grands jours, sont venus à la prière du vendredi à la mosquée de Bayonne, cinq jours après l'attaque qui a fait deux blessés, entendre calmement un prêche sur la tolérance, mais dire, aussi, leur conviction d'avoir été bel et bien été cible de "terrorisme".

"Aujourd'hui, c'est une question de solidarité, c'était important d'être là", affirmait un fidèle en arrivant à la mi-journée pour le prêche et la prière du vendredi, dans l'élégante et récente mosquée (inaugurée en 2014) dans un quartier pavillonnaire du nord de Bayonne.

Sur fond de présence policière discrète - deux voitures, quelques soldats de Sentinelle - des fidèles, bien qu'apaisés, trahissaient encore le choc: "On vient avec la peur. Ça aurait pu être moi, mes enfants viennent là", confiait à l'AFP Naïma El-Fannane, sexagénaire aux yeux soulignés d'un trait bleuté. "Ça fait 30 ans que je vis à Bayonne, et on n'a jamais eu de problème".

Avec calme, mais détermination, beaucoup disaient leur conviction que l'attaque de lundi, par un octogénaire psychologiquement instable, aux penchants xénophobes avérés, est bien un "attentat", un acte "terroriste" qui doit être traité et jugé comme tel.

Claude Sinké, un veuf de 84 ans dont une expertise a relevé "l'altération partielle du discernement" a été mis en examen et écroué pour tentatives d'assassinat, dégradation et destruction aggravées, violences avec arme. Selon ses déclarations aux enquêteurs, il voulait en incendiant la mosquée "venger la destruction de la cathédrale de Paris", qu'il attribue aux musulmans.

"Moi je suis agacé, parce que c'est pas normal de parler juste de tentative d'assassinat, c'est un attentat. La qualification n'est pas bonne", déclarait à l'AFP Younès, un fidèle trentenaire au visage fin, appuyant les propos des avocats des victimes.

"Les textes de loi sont très clairs: celui qui sème la terreur pour des raisons politiques ou religieuses est un terroriste", lançait devant la mosquée Me Nouhou Diallo, avocat d'un des deux septuagénaires blessés par balles par l'assaillant, et toujours hospitalisés, bien qu'hors de danger --l'un des deux est sorti de réanimation jeudi. Leurs auditions devraient se dérouler la semaine prochaine, selon Me Diallo.

- "Le prêche qu'on attendait" -

"Il faut retenir la qualification terroriste", soulignait l'avocat, tout en disant "comprendre que c'est un peu anxiogène de parler d'acte terroriste à Bayonne". L'autre avocat, Me Mehana Mouhou, qui demande également la requalification en "acte terroriste", a indiqué à l'AFP qu'il sera reçu "en début de semaine prochaine" par le procureur général antiterroriste Jean-François Ricard, occasion d'un "débat de juristes", dont il s'est félicité par avance.

"Il faut maintenant laisser les magistrats travailler", a plaidé vendredi le préfet des Pyrénées-Atlantiques, Eric Spitz, aux fidèles qui l'interpellaient, avant la prière, sur la qualification de l'acte de lundi. Le maire de Bayonne Jean-René Etchegaray, des réprésentants des églises catholique, protestante, de la communauté juive étaient également présents, en "soutien".

Ce ton d'unité, de vivre ensemble, est d'ailleurs celui que des fidèles voulaient retenir du prêche du jour, en sortant de la mosquée vers 14H00.

"Il a été question de tolérance, de ne pas répondre à la violence par la violence, le plus important c'est la vie en commun que chacun respecte son voisin", racontait Ousmane Sarr. "L'imam à parlé d'union nationale dans la tranquillité, la paix, que nos enfants puissent vivre ensemble. C'est ce qu'on attendait, c'est ce qui nous intéresse: on est des pères de famille, on a des enfants".

Certains pourtant, déploraient une nouvelle fois une "ambiance" qui nourrit des actes comme celui de lundi. "Des racistes, il y en a eu, il y en a et il y en aura toujours", se résignait Youssef Harouid, gendre d'un des blessés. Mais "il y a des propos qui sont banalisés", qui "passent à la télé ou à la radio à des heures de grande écoute", et "peuvent galvaniser ces personnes-là, légitimer des idées qui étaient dans leurs têtes et passent dans leurs mains. C'est les musulmans et l'islam qu'on vise mais ça impacte l'ambiance de tous, ça influe sur tous...".

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