Drame migratoire dans la Manche : quatre morts, dont deux enfants

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Par Elia VAISSIERE, Bernard BARRON - Loon-Plage (France) (AFP)
Publié le 27 octobre 2020 - 16:55
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Un hélicoptère du Samu atterrit à Dunkerque le 27 octobre 2020 après le décès de quatre migrants dans le naufrage d'un bateau en route vers les côtes anglaises
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© Denis CHARLET / AFP
Un hélicoptère du Samu atterrit à Dunkerque le 27 octobre 2020 après le décès de quatre migrants dans le naufrage d'un bateau en route vers les côtes anglaises
© Denis CHARLET / AFP

Quatre morts, dont deux enfants: la Manche a connu mardi son plus grave drame migratoire, avec le décès d'un homme, une femme et deux enfants de 5 et 8 ans dans le naufrage d'un bateau en route vers les côtes anglaises, selon le dernier bilan des autorités.

Prévenus dans la matinée, les secours avaient d'abord découvert le corps d'un homme, et tenté de ranimer trois personnes en arrêt cardio-respiratoire, qui ont finalement succombé.

Quinze rescapés, hommes, femmes et enfants, de nationalité iranienne selon les premiers éléments, ont été répartis dans les hôpitaux de Calais et de Dunkerque, dont un homme en urgence absolue, mais dont le pronostic vital n'est plus engagé, a indiqué la préfecture du Nord dans un bilan actualisé vers 18H00.

L'embarcation, apparemment un bateau de pêche-promenade, avait été signalée en train de se retourner et de couler vers 09H30, par gros temps, par un plaisancier anglais, déclenchant une vaste opération de recherches, qui a mobilisé six embarcations et trois moyens aériens.

Les recherches ont été arrêtées à la tombée de la nuit, sans avoir permis de retrouver d'autres éventuels naufragés, a indiqué la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.

A la mi-journée, le sous-préfet, Hervé Tourmente, avait indiqué que le nombre exact des passagers restait à préciser, "de 19 à 20". Selon des témoignages de rescapés, un nourrisson pourrait avoir disparu, avait-il ajouté lors d'un point de presse à Loon-Plage.

- Mauvaise mer -

Une enquête a été ouverte et confiée à la Police des frontières.

La ministre britannique de l'Intérieur, Priti Patel a fait part de sa tristesse pour ce drame, qui met en "évidence les dangers" des traversées migratoires de la Manche. "Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher des criminels sans scrupules d'exploiter des personnes vulnérables", a-t-elle ajouté.

Ce lourd bilan porte à sept le nombre de personnes décédées lors d'une traversée irrégulière de la Manche depuis le début 2020, selon les chiffres officiels, après quatre décès recensés en 2019.

Le 18 octobre, un homme avait été retrouvé mort sur une plage de Sangatte, là ou un autre homme avait été découvert deux mois plus tôt. Une autre victime, masculine, avait été retrouvé en mai 2020 dans le port de Calais.

La trentaine de kilomètres qui séparent la Côte d'Opale française des falaises de Douvres, visibles par temps clair, sont réputés comme l'une des voies maritimes les plus fréquentées et dangereuses au monde.

- "Partir par tous les moyens" -

Pourtant, depuis 2018, les tentatives de traversée se multiplient. Entre le 1er janvier et le 31 août, 6.200 migrants - selon la préfecture maritime -- ont tenté leur chance, sur un bateau pneumatique pour les plus aisés, un paddle, un kayak voir une simple bouée.

Les candidats au passage continuent d'affluer à Calais et Grande-Synthe, où leurs campements de fortune sont régulièrement évacués par les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais.

"Ils sont prêts à partir par tous les moyens tant les conditions d'accueil sont épouvantables en France", a regretté auprès de l'AFP Claire Millot, de l'association Salam.

"Il leur est impossible de demander l'asile en France, puisque la plupart ont vu leurs empreintes digitales enregistrées dans d'autres pays européens. En Angleterre, c'est plus facile de travailler au noir, de trouver un logement", alors "ils risquent leur vie", a-t-elle mis en avant.

L'ONG Save the Children a pour sa part appelé les gouvernements français et britannique à coopérer pour offrir "des routes sûres et légales aux familles désespérées fuyant conflit, persécution et pauvreté". La Manche "ne doit pas devenir un cimetière pour enfants", a-t-elle souligné.

En 2019, 2.358 personnes ont été secourues puis ramenées sur les côtes françaises ou britanniques, contre 586 en 2018.

La première victime a vraisemblablement été Mitra M., Iranienne de 31 ans, titulaire d'un master de psychologie, embarquée le 9 août 2019 sur un bateau pneumatique avec 19 migrants irakiens et iraniens.

Au cours de l'été 2019, trois Irakiens ont également trouvé la mort dans la Manche, dont l'un au large de Zeebruges (Belgique) après avoir tenté une traversée à la nage.

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