NDDL : après les expulsions, début des opérations de déblaiement sur la ZAD

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Par Alexandre HIELARD, Anne-Sophie LASSERRE - Notre-Dame-des-Landes (France) (AFP)
Publié le 12 avril 2018 - 14:56
Mis à jour le 13 avril 2018 - 02:04
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Les forces de l'ordre sécurisaient toujours jeudi les alentours de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), et malgré l'annonce de la fin des opérations d'expulsion par Emmanuel Macron, la tension demeure et dix gendarmes ont été blessés dans une "embuscade".

Jeudi les escadrons de gendarmes mobiles s'attachaient à sécuriser le déblaiement des "squats" détruits depuis lundi matin sur la "zone d'aménagement différé" (ZAD), rebaptisée "zone à défendre" par les opposants au projet d'aéroport abandonné en janvier.

"L'opération est arrivée à un point où tout ce qui était évacuable a été évacué. Il y aura maintenant dans les prochains jours un travail sous l'autorité de la préfète qui consiste à permettre aux projets agricoles légaux organisés de se faire", a déclaré jeudi au journal de 13h00 de TF1 Emmanuel Macron.

Le calme qui régnait sur la ZAD dans la matinée a été troublé vers 13h15 quand un escadron de gendarmerie est tombé dans une "embuscade", a expliqué la gendarmerie.

Les gendarmes, partis pour relever une autre unité, ont été stoppés par une barricade et ont été attaqués par surprise au moment où ils faisaient demi-tour, a expliqué à l'AFP le colonel Karine Lejeune, porte-parole de la Gendarmerie nationale.

Dix gendarmes ont été blessés, dont cinq brûlés par de l'acide aux jambes, et un blessé par de multiples éclats d'un "engin explosif improvisé". Cinq gendarmes ont été évacués au CHU de Nantes, a-t-elle précisé.

Les zadistes ont contesté toute "embuscade" dans un communiqué, précisant que, voyant les gendarmes arriver, "des personnes présentes ont apparemment craint une nouvelle attaque sur les lieux environnants", d'où les heurts.

En fin d'après-midi, zadistes et forces de l'ordre se sont à nouveau affrontés dans le secteur du Lama fâché, au bord de la D281, l'ex-"route des chicanes", a constaté un photographe de l'AFP.

L'équipe "médic" de la Zad a fait état jeudi soir de 7 blessés dans la journée et comptabilisé plus de 80 blessés mercredi, dont une personne a été évacuée à l'hôpital.

Selon la cour d'appel de Rennes, un opposant interpellé jeudi matin pour détention d'engin explosif était en garde à vue dans la soirée, tandis que deux autres manifestants interpellés mercredi devront comparaître ultérieurement devant la justice.

A Rennes, un apéritif festif de soutien à Notre-Dame-des-Landes, organisé à l'appel du Comité Zad de Rennes a dégénéré en fin de soirée. Selon la police, quelques 300 manifestants ont tenté de défiler dans le centre historique, certains masqués. La police a répliqué à des jets de projectiles par des gaz lacrymogènes. Il n'y a pas eu d'interpellation.

- 29 squats évacués -

Mercredi, les gendarmes avaient lancé une charge contre les opposants, la plus importante depuis le début de leur intervention lundi à l'aube. Treize nouveaux habitats ont été évacués dans la journée "soit 29 au total depuis le début de l'opération", selon la préfète des Pays-de-la-Loire Nicole Klein.

Sur le volet juridique, la préfète a été assignée jeudi matin par un zadiste qui conteste la légalité de son expulsion, lundi, du lieu dit des "100 noms". Ses avocats qui attaquaient la préfecture pour "voie de fait" et "trouble manifestement illicite", l'ont accusée d'avoir "gardé secrète" une ordonnance sur requête d'expulsion, les empêchant de lancer un recours pour la contester.

Le tribunal de grande instance de Nantes rendra sa décision vendredi.

Le 17 janvier, lorsqu'il a mis fin au projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le Premier ministre Édouard Philippe s'était engagé à éradiquer cette "zone de non droit". 2.500 gendarmes sont mobilisés pour cette opération.

Les autorités ont recensé 97 "squats" - ou "lieux de vie" selon la terminologie des zadistes sur cette vaste zone de 1.650 hectares. L'intervention entamée lundi visait à expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels.

L'importance de l'opération menée depuis lundi a conduit les opposants à durcir le ton. En rasant les lieux de vie installés autour de la D281, où se cristallisaient les tensions depuis l'abandon du projet d'aéroport, les gendarmes ont détruit au passage des projets agricoles collectifs.

Choqués par l'ampleur des destructions occasionnées à leurs installations, les occupants de la ZAD et leurs soutiens organisent la riposte.

Une manifestation est prévue à Nantes samedi pour protester contre les expulsions. Pour dimanche, un appel a été lancé par la Coordination des opposants, dont fait partie l'Acipa, principale association d'opposants à l'ex-projet d'aéroport, à rejoindre un rassemblement organisé le midi sur la Zad.

Si des soutiens aux zadistes ont lancé des appels à y venir afin de "reconstruire" les habitats détruits, la coordination, elle, "souhaite que chacun travaille à ce que ce rassemblement se déroule pacifiquement", ont-ils précisé dans un communiqué envoyé jeudi.

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