Nice confinée reprend ses allures de ville-fantôme

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Par Vincent-Xavier MORVAN - Nice (AFP)
Publié le 27 février 2021 - 14:03
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Des policiers patrouillent sur la promenade des Anglais à Nice, le 27 février 2021, pour faire respecter le confinement du week-end
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© Valery HACHE / AFP
Des policiers patrouillent sur la promenade des Anglais à Nice, le 27 février 2021, pour faire respecter le confinement du week-end
© Valery HACHE / AFP

Elle a de nouveau une allure de ville fantôme, avec une Promenade des Anglais et des rues désertées : à Nice, sur la Côte d'Azur, les habitants accueillent avec résignation leur premier week-end de reconfinement pour endiguer l'épidémie de Covid-19.

"Il faut faire quelque chose, ça augmente dans la région, le Covid", admet Charlie Kentish, venu rapidement au petit matin humer l’air de la mer Méditerranée, sur le quai des Etats-Unis.

Cet Anglais installé dans la cinquième ville de France depuis trente ans s’apprête ce week-end, à "jouer beaucoup de Playstation" avec ses trois garçons de 15 à 19 ans, confinés à domicile avec des sorties limitées.

Comme lors des deux précédents confinements (17 mars-11 mai, puis 30 octobre-15 décembre 2020), ces sorties doivent être accompagnées d'une attestation dûment remplie.

Face à la flambée de l'épidémie dans certaines régions de France, un reconfinement partiel le week-end, en vigueur depuis samedi 06H00 du matin, a été décidé pour Nice et les habitants de la Côte d'Azur, de Menton à Théoule-sur-Mer, ainsi que pour Dunkerque et son agglomération.

"S’il faut en passer par là pour qu’on puisse avoir un peu plus de libertés par la suite, pourquoi pas ?", commente Frédérique Duval, designer de vêtements.

"Ca ne me dérange pas d’être confinée à partir du moment où il y a les résultats", ajoute cette femme de 51 ans, venue rapidement s’oxygéner sur le bord de mer de bon matin.

Habituellement, elle écoule les vêtements qu'elle fait fabriquer en Inde dans des boutiques locales ou sur les marchés de la Côte d'Azur. "Je devais aller à Beaulieu-sur-Mer ce matin (samedi) mais le marché est fermé. Tant pis, je m’adapte, je vais faire des gâteaux, du ménage", prévoit-elle.

Cours Saleya, sur le marché alimentaire de plein air du centre-ville, Benjamin Ciamo, 34 ans, a installé comme chaque samedi son étal d’huîtres de l’étang de Thau. Les commerces alimentaires, y compris sur les marchés, peuvent rester ouverts durant ce reconfinement.

Il a pris la route dans la nuit depuis Sète, à 360 kilomètres plus à l'ouest. "Nous on est là pour honorer nos clients de manière à ce qu’ils ne manquent rien, tout simplement, et si on peut donner un semblant de vie normale, c’est bien", explique l’ostréiculteur.

L’un de ses collègues, producteur de fruits et légumes de l'arrière-pays niçois, déplore toutefois le manque d’affluence. "Y a dégun (personne en patois du sud-est) ce matin! Si ça continue comme ça, on ne reviendra pas samedi prochain", lance-t-il, un peu dépité.

- Le carnaval, "manifestation revendicative" -

"Beaucoup de gens sont partis, sont allés dans l'arrière-pays pour échapper à ce confinement. Il n'y a personne dehors. C'est peut-être pire que le premier confinement", constate également Joseph Scriva, fleuriste, gérant d'une jardinerie dans le quartier du vieux-Nice.

Au coeur de Nice, Place Masséna, sous la grand-roue à l’arrêt, le commissaire de police Olivier Malaver, responsable des unités de voie publique à Nice, fait le point sur les contrôles en cours.

"L’opération de ce matin se concentre sur le vieux-Nice et le centre, avec 32 effectifs de la police nationale et une dizaine de la police municipale en soutien pour contrôler tout ce qui est relatif aux règles sanitaires", explique le policier.

"Fini la pédagogie, répression pour les personnes qui seraient en infraction", promet-il. "Mais pour l’instant, le confinement est très bien respecté à Nice", se félicite le commissaire, alors que la grande avenue Jean-Médecin voisine est quasiment vide.

Place Garibaldi, quelques irréductibles ont toutefois décidé de fêter Carnaval, une tradition bien ancrée à Nice comme à Dunkerque, l'autre ville confinée.

"L’arrêté d’interdiction de carnaval est tombé, donc on a décidé de le déclarer en tant que manifestation revendicative, pour alerter sur les personnes en détresse psychologique à cause de la crise actuelle", explique Pablo, l’un des organisateurs, qui préfère ne pas donner son patronyme.

"Les gens ont besoin de se changer les idées, de retrouver le sourire, de fêter quelque chose", se justifie ce guide touristique aux allures, pour l’occasion, de pirate des Caraïbes. Mais une escouade de policiers débarque pour verbaliser tout ce petit monde, en leur expliquant que la manifestation n'est pas autorisée.

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