A Notre-Dame-des-Landes, les opposants saluent une "victoire historique"

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Par Anne-Sophie LASSERRE - Notre-Dame-des-Landes (France) (AFP)
Publié le 17 janvier 2018 - 16:49
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La joie des occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes à l'annonce de l'abandon du projet d'aéroport, le 17 janvier 2018
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© LOIC VENANCE / AFP
La joie des occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes à l'annonce de l'abandon du projet d'aéroport, le 17 janvier 2018
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Une "victoire historique": les opposants au projet quinquagénaire d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) ont laissé éclater leur joie mercredi après l'annonce de son abandon, mais restent "prudents" sur l'avenir de la ZAD et de ses occupants.

Scène de liesse et champagne débouché dans la "zone à défendre" (ZAD), où l'aéroport aurait dû voir le jour, coups de klaxons et effervescence médiatique dans le bourg de Notre-Dame-des-Landes et ses 2.000 habitants.

"On est heureux, ce n'est pas tous les jours qu'une mobilisation populaire, diverse, parvient à faire reculer un gouvernement. On ne va pas bouder notre plaisir", s'est félicité "Camille", un occupant de longue date de la ZAD, "prêt à négocier avec l'État". Pour lui, comme pour les autres, il n'est cependant "pas question de partir".

Aux cris de "L'abandon c'est maintenant", les opposants ont laissé éclater leur joie, se tombant dans les bras, chantant, buvant... "On a gagné, on a gagné!", ont-ils scandé.

- 'Et toc!' -

"Et toc!", pouvait-on lire sur une banderole déployée mercredi sur la tour de garde de la ZAD, en lieu et place de la tour de contrôle du projet d'aéroport qui ne verra jamais le jour.

A quelques centaines de mètres plus au nord, dans le bourg de Notre-Dame-des-Landes, des militants de l'Acipa, principale association d'opposants, se sont engouffrés dans leur minuscule local faisant face à la mairie, entourés d'une nuée de caméras et de micros.

Écoutant le discours du Premier ministre au moyen d'un vieux poste de radio grésillant, leurs visages s'éclairent les minutes passant. "L'abandon, on l'a, l'arrêt de la DUP (déclaration d'utilité publique, ndlr), on l'a", commente, souriant, Julien Durand, l'un des doyens de la lutte contre l'aéroport.

Le mouvement anti-aéroport dans son ensemble a salué dans un communiqué "une victoire historique", obtenue "grâce à un long mouvement aussi déterminé que divers".

"Cette terre restera une terre agricole naturelle, tête de deux bassins versants et les petites bêtes vont pouvoir y vivre. J'espère que tous les humains qui voudront y vivre pourront le faire", a déclaré Françoise Verchère, co-présidente du Cedpa (collectif d'élus).

"Pour moi, c'est un grand soulagement. C'est la décision qu'on attendait depuis très longtemps", lance Claude Colas, autre figure du mouvement anti-aéroport.

"Aujourd'hui, il reste l'avenir de la ZAD. On attend que le gouvernement nous laisse le temps de nous organiser, qu'il accepte de négocier dans le sens d'une zone expérimentale pour l'agriculture", ajoute-t-il.

- "Du temps pour discuter" -

"Le Premier ministre s'engage à respecter la trêve hivernale. C'est une bonne chose, ça nous donne du temps pour discuter", souligne Julien Durand, devant le local de l'Acipa recouvert d'autocollants "Non à l'aéroport".

Il a appelé les participants aux rassemblements prévus en fin de journée à Nantes et Rennes notamment, à "garder leur sang-froid" et à "ne pas déraper". "L'avenir de la ZAD se joue peut-être ce soir dans la rue. Ne gâchons pas la victoire", a lancé le septuagénaire, coiffé de son habituelle casquette.

"Maintenant la balle est dans notre camp", a estimé Sylvain Fresneau, né dans la ZAD, 5e génération d'agriculteurs à NDDL, en se disant "très satisfait de la décision".

Les anti-NDDL se sont engagés auprès du gouvernement à "résoudre" eux-mêmes le problème "épineux" de la route départementale 281, entravée depuis cinq ans par des barricades diverses. Mais "il n'y a pas de position unanime sur la ZAD à ce sujet", souligne un opposant.

Certains se sont émus de l'arrivée annoncée des forces de l'ordre, appelant à la "vigilance" et à la "résistance" en cas d'intervention dans la zone.

"On fera tout pour empêcher l'évacuation, par tous nos moyens", a prévenu Dominique Le Lay, habitante de Notre-Dame-des-Landes.

Les opposants ont donné rendez-vous à leurs soutiens le 10 février pour "une grande fête de l'abandon" sur la ZAD.

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