Notre-Dame-des-Landes : pour Macron, la "colère" des opposants n'est "pas légitime"

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Par Antoine AGASSE, avec Pauline TALAGRAND à Paris - Notre-Dame-des-Landes (France) (AFP)
Publié le 16 avril 2018 - 09:14
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Des occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes lors de heurts avec les forces de l'ordre, le 15a vril 2018
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© Damien MEYER / AFP
Des occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes lors de heurts avec les forces de l'ordre, le 15a vril 2018
© Damien MEYER / AFP

Emmanuel Macron a martelé dimanche que la "colère" des opposants à l'évacuation de la Zad de Notre-Dame-des-Landes n'était "pas légitime", promettant que "tout ce qui devra être évacué le sera" à l'issue du nouveau délai de régularisation le 23 avril.

Au 7e jour de l'opération d'expulsion des occupants illégaux, le chef de l'Etat a adressé ce message de fermeté durant son interview à BFMTV, RMC et Mediapart, au soir d'un rassemblement sur la Zad ("zone d'aménagement différé", rebaptisée "zone à défendre" par les opposants) encore une fois émaillé de heurts avec les forces de l'ordre.

"Vous me parlez d'une colère aujourd'hui mais la colère de qui? Des gens, qui depuis des années bloquaient un endroit où on faisait construire un aéroport qu'on ne construit pas et qui aujourd'hui viennent continuer à protester ? Je considère qu'(...) elle n'est pas légitime", a lancé M. Macron, jugeant "inadmissible" que "plus d'une soixantaine de gendarmes" aient été blessés en une semaine.

L'opération d'expulsion des occupants illégaux de la Zad, qui mobilise 2.500 gendarmes, a commencé lundi et en trois jours 29 squats ont été détruits.

Depuis jeudi, les opérations de déblaiement et de maintien de l'ordre se poursuivent, au rythme des affrontements avec les soutiens des zadistes de plus en plus nombreux. Pour les autorités, l'enjeu est désormais d'empêcher toute reconstruction, au risque de s'enliser dans un face-à-face avec les militants les plus durs.

L'État a appelé les occupants de la Zad, expulsés ou non, à régulariser leur situation avant le 23 avril en déclarant leur nom, leur projet agricole et les parcelles concernées.

"Nous laissons ce délai complémentaire pour ceux qui portent un projet mais à l'issue de ce délai tout ce qui doit être évacué sera évacué. L'ordre républicain doit être respecté", a affirmé M. Macron.

- "Pistolet sur la tempe" -

Plus tôt dans la journée, Dominique Fresneau, coprésident de l'Acipa, l'association historique d'opposants, a réagi à ce nouveau délai: "Moi, je n'ai jamais travaillé avec un pistolet sur la tempe. On n'a jamais demandé à un agriculteur de monter un projet en six ou deux mois".

L'Acipa a demandé que la violence cesse "des deux côtés". "Chaque jour de violence qui passe à NDDL, ce sont des semaines avant de pouvoir se remettre autour de la table", a jugé M. Fresneau.

Les heurts de dimanche ont fait sept blessés côté gendarmes: trois ont été atteints par les éclats d'une bombe artisanale, deux ont été brûlés par des cocktails Molotov et deux par de l'acide, selon une source proche du dossier.

Huit manifestants on été interpellés, selon la préfecture de Loire-Atlantique.

Environ 4.000 personnes étaient présentes dans l'après-midi sur l'ensemble de la zone, au plus fort du rassemblement de soutien aux occupants expulsés, essentiellement à l'ouest de la D81. Les zadistes ont annoncé pour leur part "15.000 à 20.000 personnes".

Un homme de 64 ans, habitué de la Zad, a expliqué être venu "pour leur montrer qu'on est là et qu'on sera là demain". "Les flics ne vont pas rester six mois. Les cabanes, on va les reconstruire", a-t-il assuré.

En fin de matinée, environ 300 personnes, armées notamment de fusées et de cocktail Molotov, ont tenté de forcer le barrage des forces de l'ordre présentes sur la D81, afin d'aller reconstruire les squats détruits, à l'est de cette route.

Les manifestants ont symboliquement transporté une charpente à travers champs, en fin d'après-midi, afin de reconstruire l'ancien "Gourbi", un lieu de vie emblématique détruit par les opérations en début de semaine. Sur place, de nouveaux heurts ont éclaté.

Les gendarmes devraient rester trois semaines à un mois sur place, pour déblayer les parcelles, garantir la libre circulation sur la D281 (l'ex-"route des chicanes") et la D81 et prévenir toute réoccupation illégale.

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