Pakistan : le Parlement se prononcera sur l'expulsion de l'ambassadeur français

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Par AFP - Lahore
Publié le 20 avril 2021 - 12:47
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Des membres du parti extrémiste Tehreek-e-Labbaik (TLP) manifestent à Lahore, le 19 avril 2021, contre la détention de leur dirigeant qui a appelé à l'expulsion de l'ambassadeur de France
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Des membres du parti extrémiste Tehreek-e-Labbaik (TLP) manifestent à Lahore, le 19 avril 2021, contre la détention de leur dirigeant qui a appelé à l'expulsion de l'ambassadeur de
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Le Parlement pakistanais examinera mardi une motion portant sur l'expulsion ou non de l'ambassadeur de France, le gouvernement tentant d'apaiser ainsi un parti islamiste radical qui a menacé de poursuivre une violente campagne pour obtenir son renvoi.

Le parti extrémiste Tehreek-e-Labbaik (TLP) est à l'origine d'une campagne anti-France depuis que le président français Emmanuel Macron a défendu le droit à la caricature au nom de la liberté d'expression.

Il s'était exprimé lors de l'hommage rendu à un enseignant tué le 16 octobre après avoir montré des dessins satiriques à sa classe, dans la foulée de la republication de représentations du prophète Mahomet par l'hebdomadaire Charlie Hebdo.

Le ministre de l'Intérieur, Sheikh Rashid Ahmed, a indiqué qu'une motion réclamant l'expulsion du diplomate serait présentée à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement, et que le TLP avait accepté d'annuler ses manifestations dans tout le pays.

Des responsables du TLP ont cependant indiqué à l'AFP que les manifestations se poursuivraient.

Une session d'urgence de l'Assemblée aura lieu mardi pour débattre de ce texte. Mais il n'était pas possible de savoir si le vote aurait lieu mardi ou dans les jours à venir.

Les motions portant sur des questions sensibles relatives à la foi musulmane sont souvent adoptées à l'unanimité au Parlement.

Mais elles ne sont pas contraignantes et les gouvernements successifs ont régulièrement dans le passé ignoré de pareilles résolutions.

Les dirigeants du TLP ont assuré que la marche prévue sur Islamabad à partir de mardi minuit aurait bien lieu, à moins que l'ambassadeur français ne soit expulsé d'ici là.

Ils ont expliqué s'attendre à la libération prochaine de leur chef, Saad Rizvi. Son arrestation, le 12 avril, quelques heures après son appel en faveur de cette marche, avait déclenché des manifestations qui ont dégénéré en affrontements meurtriers avec la police pendant une semaine dans tout le pays.

Plusieurs policiers ont été tués et 11 ont été détenus en otages pendant plusieurs heures par des militants du TLP, près de la mosquée du parti à Lahore (Est). Le TLP affirme que plusieurs de ses partisans ont été tués et un grand nombre blessés.

- Une politique risquée -

L'ambassade de France avait appelé jeudi ses ressortissants à quitter provisoirement le pays, un appel qui semble pour l'instant avoir été largement ignoré. Lundi, elle a demandé à ceux qui ont choisi de rester d'éviter les rassemblements et d'observer "la plus grande prudence".

Le gouvernement a annoncé mercredi que le TLP serait désormais interdit, le qualifiant de groupe terroriste, et a arrêté des milliers de manifestants durant les heurts.

Mais M. Rashid a précisé mardi qu'aucune poursuite ne serait intentée à leur encontre, y compris pour ceux arrêtés dans le cadre de la législation anti-terroriste.

Le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, a appelé lundi le TLP à mettre fin aux violences, estimant que l'expulsion de l'ambassadeur français n'aurait que des conséquences négatives pour le Pakistan, notamment sur ses relations économiques avec l'Europe.

"Si nous continuons à protester pendant nos vies entières, non seulement nous causerons des dommages à notre pays, mais cela n'aura aucun impact" sur l'Occident, a déclaré M. Khan dans un message télévisé enregistré.

L'islam dans son interprétation stricte interdit toute représentation de Mahomet et la question du blasphème est particulièrement sensible au Pakistan, où elle transcende les frontières entre les partis.

Des analystes estiment que la politique d'apaisement de M. Khan à l'égard du TLP est risquée, car cela pourrait encourager ce parti à continuer de recourir à la violence dans un but politique.

"Je pense que le Premier ministre a compris qu'apaiser les forces radicales n'est pas chose aisée, parce que quand vous tentez de les satisfaire, ils demandent encore plus. Jusqu'ici, il a échoué à maintenir l'équilibre", a ainsi estimé pour l'AFP l'expert sécuritaire Amir Rana.

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