A Paris, le déjeuner de Noël pour la "famille" des Petits frères des pauvres

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Par Fabrice RANDOUX - Paris (AFP)
Publié le 25 décembre 2019 - 19:12
Mis à jour le 26 décembre 2019 - 13:16
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Des personnes conviées au déjeuner traditionnel des Petits frères des pauvres, le 25 décembre 2018 dans un restaurant à Paris
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© FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives
Des personnes conviées au déjeuner traditionnel des Petits frères des pauvres, le 25 décembre 2018 dans un restaurant à Paris
© FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives

Grève ou pas, les Petits frères des pauvres ont tenu mercredi à Paris leurs traditionnels déjeuners de Noël, un moment de convivialité pour les personnes isolées et précaires accompagnées au sein de cette "grande famille".

L'un de ces rendez-vous était place Saint-Augustin (VIIIème arrondissement), dans un salon doré au premier étage du prestigieux Cercle national des armées. Ils sont environ 110 à être venus, souvent du nord ou l'est de Paris, en dépit de l'absence de transports.

"On avait réservé cet hôtel car il est sur la ligne 9 du métro... qui est fermée", raconte Olivier Vincent, l'un des salariés de l'association. Heureusement, entre la gare St-Lazare toute proche avec sa ligne 14 automatique et les aller-retour en voiture, les convives sont presque tous là.

Au menu: fines tranches de saumon fumé, suprême de pintade, moelleux au chocolat. Le tout avec un orchestre qui entame le repas par "la ballade des gens heureux" et invite très vite à danser.

Point commun des invités: des personnes de plus 50 ans, qui se sont retrouvées un moment à la rue et ont pu être mises à l'abri grâce à l'association, dans un premier temps à l'hôtel, avant de bénéficier si possible d'un logement social.

"Dès que la personne est relogée, elle va pouvoir retrouver une vie sociale, renouer avec des amis, de la famille", résume Mustapha Djellouli, responsable d'une équipe de 12 salariés qui accompagne 370 personnes en précarité avec l'appui de 80 bénévoles.

"C'est une nouvelle famille, je ne me sens plus seul, j'ai laissé la période difficile derrière moi", témoigne Fatouma Diop, 66 ans, qui a eu "la chance" de rencontrer l'association il y a trois ans alors qu'elle était au bord "de la grande détresse".

Elle loue désormais un studio dans le XXème arrondissement, et siège même au CNLE (Conseil national de lutte contre l'exclusion) où elle peut parler "de toutes les facettes de la précarité".

- 'une béquille' -

Autour d'une table, Djamel Radji, 59 ans, raconte s'être retrouvé dans un squat à la suite "d'une séparation avec sa compagne". Motivé pour "rebondir", "sa thérapie serait de monter un one-man-show pour partager son wagon d'emmerdements".

Abdellatif Elfassi, 54 ans, a lui été graphiste dans la presse. Il avait même son entreprise quand il a perdu en 2006 "sa clientèle, sa boite, ses salariés". Après "7-8 ans de rue", il est dans un hôtel depuis un an et essaie "de récupérer la santé, le moral" avant de rechercher un travail.

Les Petits frères des pauvres lui ont également permis de partir en Bretagne cet été, les grandes vacances étant l'autre moment de l'année où l'isolement est particulièrement douloureux.

Pour Elhadji Diop, 70 ans, l'association été comme une "béquille" pendant quelques mois grâce à "la clé d'une chambre d'hôtel".

Si sa retraite de 850 euros par mois lui permet maintenant, avec les APL, de louer un logement social, il est resté en contact, notamment pour "les moments chaleureux et de convivialité".

A ses côtés, Yovo M'Boueke, professeur de musique au cours Florent, est là comme bénévole parce que sa mère fait partie de l'association "depuis 20 ans" et lui "a filé le syndrome". "Cela me donne la pêche", raconte-t-il.

En 2018, 16.778 personnes âgées isolées ont ainsi vécu un réveillon ou un repas organisé à l'occasion de Noël, en plus des 3.744 colis apportés à domicile par l'association.

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