À Paris, le vin chaud veut faire oublier la fermeture des terrasses

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Par Anouk RIONDET - Paris (AFP)
Publié le 27 janvier 2021 - 14:57
Mis à jour le 28 janvier 2021 - 16:44
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Boisson typique des marchés de Noël et des séjours au ski, le vin chaud joue les prolongations à Paris pour faire oublier la fermeture des bistrots et des terrasses
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© FREDERICK FLORIN / AFP/Archives
Boisson typique des marchés de Noël et des séjours au ski, le vin chaud joue les prolongations à Paris pour faire oublier la fermeture des bistrots et des terrasses
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"Un apéro mobile": gobelets à la main, des passants se promènent dans un quartier chic du centre de Paris. Il fait froid et beau, et dans les restaurants toujours fermés au public, les marmites de vin chaud odorant bouillonnent.

"Nous, on appelle ça un apéro mobile, et non un apéro sauvage", déclare Éric Venezia, patron de la brasserie Le Molière dans le sixième arrondissement de la capitale française. S'enquérir d'un verre de vin chaud, faire le tour des rues adjacentes, puis revenir pour une deuxième tournée: c'est le nouvel apéritif nomade en temps de Covid.

Boisson à base de vin rouge, sucre roux, cannelle, rondelles d'orange et étoiles de badiane (avec une touche de citron vert et de sirop de pain d'épice pour les plus téméraires), typique des séjours au ski et des marchés de Noël, le vin chaud veut faire oublier la fermeture des terrasses dont raffolent les Parisiens.

Depuis le 30 octobre, bars, cafés et restaurants sont fermés dans le pays, seule une activité résiduelle de vente à emporter leur est permise.

"C'est une boisson idéale pour la vente à emporter en hiver", estime M. Venezia, qui dit écouler environ vingt litres de vin chaud rouge par jour. Observant l'attrait croissant pour ce breuvage, il a dû innover : "en Alsace (est), on boit beaucoup de vin blanc chaud (...) j'ai décidé d'en faire aussi", explique-t-il à l'AFP.

À quelques encablures, depuis la terrasse du café Louise, Julien, restaurateur, constate aussi que le vin chaud, peu prisé d'habitude par les Parisiens, est désormais plébiscité.

Il "réconforte les gens, ils ont l'impression d'être un peu à la montagne comme on ne peut pas cette année malheureusement en profiter...", dit-il, allusion aux stations de ski françaises où les remontées mécaniques restent fermées.

Laurence, avocate, confie qu'il s'agit d'un verre "totalement exceptionnel" quand on lui fait remarquer qu'elle boit du vin en pleine journée. Paula, elle, plaisante: "c'est l'occasion qui fait le larron. Si on avait une chaise pour s'asseoir, qu'est-ce que ça serait mieux !"

- "On essaye de se réjouir" -

"Ça rappelle encore un peu l'esprit de Noël, on essaye de se réjouir avec ce qu'on a en ce moment !", confie à l'AFP Camille, étudiante, croisée dans le même quartier, un verre en carton à la main.

À ses côtés, l'un de ses amis, Marius, étudiant allemand en échange à Paris, déguste lui aussi un verre de ce nectar, "très bon". Appelé "Glühwein" de l'autre côté du Rhin, le vin chaud y est encore plus populaire qu'en France. "En Allemagne (...), c'est vraiment un truc typique de tous les marchés de Noël", et à cette époque de l'année "on en boit vraiment toute la journée", sourit-il.

Interrogé sur l'interdiction en décembre du vin chaud en Allemagne pour éviter les attroupements sur la voie publique, il juge qu'il s'agissait d'un "vrai problème".

Depuis la célèbre basilique du Sacré Cœur, dans le nord de la capitale, des passants admirent le coucher de soleil sur les tours Eiffel et Montparnasse.

Judith, la vingtaine et infirmière, médite sur la popularité croissante de cette boisson: "il fait froid et comme on est obligé de rester dehors... au moins ça tient chaud".

À côté d'elle, Martin, vendeur de vin - "mais pas de vin chaud" - admet en consommer un verre pour la première fois à Paris.

"On profite de ce dont on peut profiter aujourd'hui, avant de se retrouver enfermés chez nous", conclut pour sa part Enzo, fuyant trois policiers qui demandent aimablement aux Parisiens de circuler avant le couvre-feu, avancé à 18H00 (17H00 GMT) dans toute la France depuis le 14 janvier.

L'exécutif français veut se donner le temps d'observer les résultats du couvre-feu avant d'ajouter un cran aux restrictions sanitaires et de décider ou non d'un troisième confinement.

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