Paul de La Panouse, un comte visionnaire pionnier du "zoo safari"

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Par Isabelle TOUSSAINT - Thoiry (France) (AFP)
Publié le 22 juin 2018 - 11:30
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Le comte Paul de La Panouse à côté d'un éléphant au zoo et parc de Thoiry, le 23 avril 2018
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© Lionel BONAVENTURE / AFP
Le comte Paul de La Panouse à côté d'un éléphant au zoo et parc de Thoiry, le 23 avril 2018
© Lionel BONAVENTURE / AFP

Mai 1968. A mille lieux de la révolte qui gronde en France, le comte Paul de La Panouse transforme le château familial de Thoiry, dans les Yvelines, en "zoo safari", un concept novateur aux portes de Paris où les animaux sont en liberté et les hommes, "en cage", dans leur voiture.

La première année le Parc animalier enregistre un million de visiteurs. Et depuis l'ouverture Paul de La Panouse, 74 ans, qui se définit comme "un éleveur de la faune sauvage et metteur en scène de parc", en a accueilli plus de 22 millions. Un succès.

Avec un chiffre d'affaires de 12 millions d'euros, sans aide de l'Etat, Thoiry abrite près de 2.500 animaux sauvages sur plus de 100 hectares, emploie 60 salariés permanents et 30 saisonniers.

Descendant du roi Louis XV, Paul de La Panouse est l'aîné d'une fratrie de quatre enfants d'une famille chevaleresque du Rouergue par son père et Ardéchois par sa mère.

"J'ai ouvert le château au public pour lui donner une fonction sociale et pour qu'il vive de ses revenus touristiques", raconte-t-il à l'AFP au volant de sa voiture à l'entrée du parc.

Première halte à la réserve africaine, le coeur du site. "Quand j'ai mis 40 espèces d'animaux sur le même territoire, personne n'y croyait".

"Comme les animaux, c'est du vivant, et que ça ne se démode pas, j'ai eu l'idée de mettre les animaux en liberté dans notre domaine et les gens +en cage+ dans leur voiture", se souvient-il.

Lions, éléphants, antilopes, girafes... Paul de La Panouse achète ses premiers animaux sauvages chez des marchands d'animaux néerlandais et allemands. Son jeune frère Raoul lui en ramène 120 du Kenya, "une épopée invraisemblable en raison de leur mise en quarantaine. Une seule bête mourra", dit-il.

- Blessé par un éléphant -

L'enclos des éléphants lui rappelle qu'il a été "grièvement blessé à la jambe gauche". Cet homme au physique massif et aux yeux malicieux en gardera des séquelles, il marche avec des cannes.

Et des personnalités lui ont confié ses bêtes, à l'image de l'acteur Yul Brynner "qui avait trouvé malin de mettre des manchots dans sa piscine et à dû s'en séparer".

L'histoire du zoosafari de Thoiry s'écrit en famille. Colomba de la Panouse-Turnbull, sa fille, gère une usine de méthanisation qui chauffe le parc au biogaz. Sa femme, Annabelle, une Américaine du Minnesota, passionnée de botanique, sélectionne les nombreux arbres et fleurs du domaine.

"Paul est un travailleur compulsif. Il ne connaît pas le mot vacances", regrette cette femme élégante, ancienne mannequin qui préfère "la culture asiatique à la culture africaine".

Paul de La Panouse, qui dirige également le safari de Peaugres en Ardèche et le zoo de Porto au Portugal, fourmille d'idées.

Il propose depuis 2017 à Thoiry des sorties en camion brousse, en dehors du parcours public habituel, guidées par un soigneur pour être au plus près des lions, bisons et chevaux de Przewalski. En février, il a ouvert un "Safari Air Park", aire de jeu où les jeunes rebondissent sur un parcours de 1.500 m2 de filets tendus entre les arbres à une hauteur de 9 mètres et la première tyrolienne au monde où on vole au-dessus des lions.

Comment ce visionnaire autodidacte, pianiste, passionné d'histoire des sciences et de théologie, imagine-t-il le zoo de demain ? "De plus en plus pédagogique, axé sur la recherche scientifique car les espèces disparaissent", dit celui qui s'alarme de la raréfaction des éléphants, des girafes et des tigres.

Les défenseurs des animaux sont loin d'être convaincus. "Qu'on appelle cela des parcs safaris ou non, plus d’espace ne signifie pas forcément de meilleures conditions pour les animaux", estime Isabelle Goetz, porte-parole de l'association Peta. "Refusons de les fréquenter et réservons notre argent à ceux qui protègent les animaux dans leur habitat naturel", suggère-t-elle.

Paul de La Panouse rappelle lui, par exemple, que "le bison d'Amérique a été sauvé grâce aux parcs zoologiques" où il a pu se reproduire avant d'être réintroduit dans son milieu naturel. "Et sa population est de 60.000 aujourd'hui dans le monde".

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