Pimkie donne le coup d'envoi des premières "ruptures conventionnelles collectives"

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Par AFP - Villeneuve-d'Ascq
Publié le 08 janvier 2018 - 17:42
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Site de l'entreprise Pimkie à Villeneuve d'Ascq (Nord) le 8 janvier 2018
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© DENIS CHARLET / AFP
Site de l'entreprise Pimkie à Villeneuve d'Ascq (Nord) le 8 janvier 2018
© DENIS CHARLET / AFP

La direction de la chaîne de prêt-à-porter Pimkie, appartenant à la galaxie Mulliez, a présenté lundi aux élus du personnel un projet de 208 suppressions de poste, inédit pour son usage des "ruptures conventionnelles collectives" prévues par les ordonnances sur le code du travail de septembre 2017.

Ces ruptures conventionnelles - qui existaient déjà à l'échelle individuelle - permettent des départs volontaires, selon une procédure moins risquée pour l'entreprise et a priori moins contraignante que celle d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Elles sont conditionnées à la signature d'un accord majoritaire avec les syndicats, homologué par l'administration.

Lundi, au siège de Pimkie à Villeneuve-d'Ascq (Nord), la direction a détaillé le projet au Comité central d'entreprise (CCE): suppression de 37 magasins en deux ans, sur 321 en France, et à court terme 83 emplois en magasin, 41 en logistique, 53 au siège international et 31 au siège pour la France implanté à Neuville-en-Ferrain (Nord), selon un communiqué de la direction confirmant les précisions données par les syndicats à la presse lors d'une suspension de séance.

"Pourquoi insister sur une rupture conventionnelle collective? Il y a eu du chantage en CCE: +Si vous ne prenez pas la rupture conventionnelle collective, on imposera sèchement le départ des salariés+", a dénoncé Valérie Pringuez, secrétaire (CGT) du CE.

Pour elle, c'est de la part de la direction "de la manipulation de chiffres" car sur le pôle France où Pimkie emploie 1.900 salariés, "le chiffre d'affaires et le résultat d'exploitation se tiennent".

C'est "un plan social déguisé", a abondé la déléguée syndicale centrale de FO Maley Upravan.

"L'entreprise présente des résultats déficitaires depuis 2015 et un chiffre d'affaires 2017 en baisse de 10% par rapport à l'année précédente", a affirmé la direction dans son communiqué. Elle a justifié la réorganisation par "des stratégies commerciales très agressives" de concurrents qui "exercent une forte pression sur les prix et le développement du digital".

- 'Casse sociale' -

La direction a également déroulé les "avantages" du recours aux ruptures conventionnelles collectives: "volontariat" pour les départs, "rapidité de mise en oeuvre" et possibilité de réembaucher en cas d'amélioration des résultats - contrairement à un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui interdit de recruter avant un an. Pimkie escompte ainsi "se réorganiser en deux mois seulement", là où un PSE "nécessite souvent près de six mois".

Les négociations en vue de l'accord majoritaire obligatoire entre direction et syndicats commenceront dès mardi. Devront notamment être débattus le nombre de départs envisagés, l'indemnité proposée (au moins égale aux indemnités légales de licenciement), les conditions à remplir ou encore des mesures de reclassement (formation, soutien à la création d'entreprise...).

En attendant, l'émotion était vive devant le siège de l'entreprise à Villeneuve-d'Ascq. Laetitia, salariée depuis 2001 chez Pimkie, était en larmes: "37 magasins, on ne s'y attendait pas, c'est énorme! Et une personne sur deux dans la logistique... C'est une catastrophe."

Pour Marie-Annick Merceur, de la CFDT, "ils avaient plutôt parlé au début de 15 magasins", donc "le coup est dur, ça a été fait de façon un peu insidieuse et ça remet beaucoup de choses en question".

"Quel que soit le dispositif, ça reste de la casse sociale", a jugé Guy Bouquet de la CFE-CGC. "On jugera demain soir du bien-fondé ou pas de continuer la négociation".

Le groupe automobile PSA (Peugeot, Citroën, DS), qui souhaite également procéder par ruptures conventionnelles collectives, pourrait être le premier à boucler ses négociations avec les syndicats, prévues en une journée mardi 9.

Ces deux projets avaient provoqué la colère de certains responsables politiques d'opposition, dont le député LFI Alexis Corbière, qui avait critiqué "un outil supplémentaire de grands groupes qui réalisent des profits pour licencier les gens".

"Il n'échappera à personne que le cas Pimkie est instrumentalisé pour attaquer à nouveau la loi travail et le gouvernement," avait déclaré le directeur général délégué de Pimkie, Eric Foucault, le 29 décembre.

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