L'Assurance maladie au défi de la montée des affections psychiques liées au travail

Auteur:
 
Par AFP - Paris
Publié le 16 janvier 2018 - 07:54
Image
En 2016, plus de 10.000 cas d'affections psychiques ont été reconnus comme accident du travail, pour un coût estimé à 230 millions d'euros, révèle l'Assurance maladie dans une étude inédite
Crédits
© Philippe Huguen / AFP/Archives
En 2016, plus de 10.000 cas d'affections psychiques ont été reconnus comme accident du travail, pour un coût estimé à 230 millions d'euros, révèle l'Assurance maladie dans une étude...
© Philippe Huguen / AFP/Archives

La montée des affections psychiques liées au travail met au défi l'Assurance maladie, qui se donne pour objectif de mieux accompagner leur prévention, leur reconnaissance, ainsi que la reprise d'activité des victimes.

En 2016, plus de 10.000 cas d'affections psychiques (dépressions, troubles anxio-généralisés, états de stress post traumatique...) ont été reconnus comme accident du travail, a révélé mardi l'organisme. Cela représente 1,6% des 626.000 accidents du travail reconnus cette année là, contre 1% en 2011.

"C'est un chiffre assez conséquent, qui n'avait jamais été établi de manière aussi formelle et qui ne cesse d'augmenter", a commenté Marine Jeantet, directrice des risques professionnels à l'Assurance maladie, lors d'une conférence de presse.

Jusqu'à présent, seul le nombre d'affections psychiques reconnues comme maladie professionnelle était connu (environ 600 en 2016) - un nombre sept fois plus important qu'il y a cinq ans.

Ces pathologies ont coûté au total 230 millions d'euros à l'Assurance maladie en 2016. Un montant à relativiser au regard du poids des lombalgies (1 milliard) et des troubles musculo-squelettiques (800 millions).

Pour être reconnues comme accident du travail, l'élément déclencheur doit être identifié. Il s'agit dans la moitié des cas d'un élément extérieur -même si lié au travail- comme par exemple une agression. Et le reste du temps d'un élément révélateur de conditions de travail intrinsèquement difficiles (altercation violente avec un supérieur...).

- "Sous-reconnaissance massive" -

Dans ce second cas, "il est intéressant de voir que ces événements auraient aussi pu être reconnus comme maladie professionnelle", observe Marine Jeantet. "Ce sont souvent des symptômes chroniques, (...) révélateurs d'un problème de fond au sein de l'entreprise."

Mais "les conditions juridiques pour faire reconnaître une maladie professionnelle" sont "trop draconiennes" et "conduisent à une sous-déclaration et une sous-reconnaissance massive de ces troubles", selon la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (FNATH).

"C'est pourquoi, souvent, la Fnath choisit de faire reconnaître ces troubles en accident du travail.", explique la fédération.

Les affections psychiques ne sont pas inscrites au tableau des maladies professionnelles. Pour obtenir cette reconnaissance, le salarié doit justifier devant une commission d'un seuil d'incapacité de 25% et du lien "direct et essentiel" avec le travail.

Des députés France Insoumise ont enregistré fin décembre à l'Assemblée une proposition de loi visant à faire reconnaître le burn out comme maladie professionnelle, comme avaient déjà tenté de le faire des députés socialistes en 2015. Une proposition sur laquelle l'Assurance maladie se dit prudente, craignant que les critères retenus n'excluent certains cas.

Elle mise plutôt sur des "accueils personnalisés" pour aider les personnes à formaliser leur demande, et sur les médecins conseils, qui contrôlent les patients en arrêt, pour identifier une potentielle cause professionnelle.

- Reconversion professionnelle encouragée -

Au-delà de la reconnaissance de la pathologie, la hausse des affections psychiques liées au travail pose un défi pour l'accompagnement de personnes souvent jeunes - en moyenne 40 ans -, et majoritairement des femmes (60%).

Historiquement, le système a été fondé pour aider les gens "qui perdaient un bras, une jambe, qui ne pouvaient plus travailler et à qui on versait une rente" d'incapacité permanente, rappelle Marine Jeantet. Mais "on n'est pas dans la même situation" et "leur proposer une rente à vie n'est pas un projet social très motivant".

Du "coaching" avec accompagnement psychologique est envisagé, et la reconversion professionnelle est une piste encouragée.

Enfin, en termes de prévention, l'Assurance maladie entend se concentrer sur l'accompagnement des entreprises dans les secteurs d'activité particulièrement concernés: le médico-social (20%), les transports (15%) et le commerce de détail (13%).

"Ce sont des secteurs où les marges de manoeuvre sont de moins en moins grandes, les charges de travail de plus en plus importantes, avec parfois des conflits de valeurs" forts, observe Hervé Laubertie, responsable du département prévention.

Un partenariat sur cinq ans avec l'Anact (Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail) doit être engagé pour aider les entreprises à monter des plans d'actions.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.