Polémique relancée autour d'une "Nuit des noirs" au carnaval de Dunkerque

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Par AFP - Lille
Publié le 11 février 2018 - 14:40
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Des fêtards prennent part au carnaval de Dunkerque, dans le nord de la France, le 7 février 2016
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© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives
Des fêtards prennent part au carnaval de Dunkerque, dans le nord de la France, le 7 février 2016
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"Acte raciste" ou "droit à la caricature"? Une polémique a ressurgi avant l'ouverture dimanche du carnaval de Dunkerque autour du bal costumé de la "Nuit des Noirs" programmé le 10 mars, dénoncé par des associations antiracistes mais défendu par le maire.

Dans les rues de Dunkerque, il est courant que certains "carnavaleux" se griment en "noirs" avec pagnes de rafia et coiffes à plumes, dans la lignée de la tradition américaine du "blackface", bannie aux Etats-Unis depuis le mouvement des droits civiques dans les années 1960. Surtout, le 10 mars est programmé dans une grande salle de la cité corsaire la 50e édition de la "Nuit des Noirs".

Selon Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), le "blackface" "n'est pas seulement un acte raciste, il a partie liée avec le crime contre l'humanité. Il est l'envers grimaçant de l'esclavage, qu'il a rendu tolérable, voire tout à fait divertissant, aux yeux des peuples d'Occident".

Dans une tribune au Monde, M. Tin a rappelé que Dunkerque avait "participé au trafic négrier", un pan de l'histoire de la cité corsaire contesté, selon lui, par certains Dunkerquois, ce qui s'apparente à une "posture négationniste favorisée par la faiblesse du travail de mémoire effectué par la ville".

S’il ne réclame pas l'annulation de "La nuit des noirs", le président du Cran propose d'en faire évoluer la thématique, "de la transformer en +nuit des bleus+, par exemple en évitant désormais toute référence coloniale (...)".

"Tradition séculaire", le carnaval de Dunkerque, souvent considéré comme le plus important et le plus déjanté de France et réunissant à chaque édition plusieurs dizaines de milliers de personnes, est "le nec plus ultra de la caricature", a défendu de son côté le maire divers gauche Patrick Vergriete.

"Une femme devient homme et un homme porte robe et perruque, un ouvrier joue les banquiers, un athée se fait ecclésiastique, un Blanc se fait Noir, un bon bourgeois se mue en bagnard (…) Dans ce contexte, les quelques procureurs, heureusement sans beaucoup d'écho, qui, de leurs bureaux parisiens, instruisent contre notre ville un procès en racisme, sont dans le meilleur des cas à côté de la plaque et dans le pire, qui n'est pas à exclure, d'une crasse mauvaise foi", a estimé l’édile dans un texte également publié dans Le Monde et sur Twitter.

Fin décembre, une "Brigade anti-négrophobie" avait déjà condamné l'organisation de la "Nuit des Noirs". "On ne souhaite pas qu'ils singent le Noir", avait affirmé à l'AFP Franco Lollia, porte-parole du collectif.

En décembre, le footballeur Antoine Griezmann avait fait scandale en publiant sur les réseaux sociaux une photo de lui grimé en basketteur noir des Harlem Globetrotters. Il avait retiré la photo et présenté ses excuses.

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