Policier assassiné sur les Champs-Elysées : 10 ans de prison pour avoir vendu la kalachnikov au tueur

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Par Nicolas KIENAST - Paris (AFP)
Publié le 17 juin 2021 - 23:14
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Croquis d'audience de Nourredine Allam (g), l'un des quatre accusés, et de son avocate Clarisse Serre (d) au premier jour du procès de l'assassinat du policier Xavier Jugelé en 2017, le 7 juin 2021 à
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© Benoit PEYRUCQ / AFP/Archives
Croquis d'audience de Nourredine Allam (g), l'un des quatre accusés, et de son avocate Clarisse Serre (d) au premier jour du procès de l'assassinat du policier Xavier Jugelé en 201
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Il était accusé d'avoir fourni la kalachnikov au tueur du policier Xavier Jugelé sur les Champs-Élysées en 2017: Nourredine Allam a été condamné jeudi à 10 ans de prison par la cour d'assises spéciale de Paris, qui a cependant écarté la qualification terroriste après huit heures de délibéré.

Les cinq magistrats professionnels, dont le président Laurent Raviot, ont infligé une peine inférieure aux réquisitions du Parquet national antiterroriste (Pnat), qui avait demandé 18 ans de réclusion criminelle contre le principal accusé au procès, âgé de 31 ans.

La peine de 10 ans a été assortie d'une période de sûreté des deux-tiers.

Les juges ont estimé que le "simple fait de vendre une arme à un individu dangereux susceptible de tuer des policiers ne suffisait pas à caractériser la qualification terroriste", même si Nourredine Allam avait "les moyens" de savoir que Karim Cheurfi, ensuite abattu par les tirs de ripostes des collègues de Xavier Jugelé, projetait de tuer des policiers.

Karim Cheurfi habitait dans le même quartier de Chelles (Seine-et-Marne) que Nourredine Allam et avait été condamné en 2005 à 15 ans de prison pour tentative d'assassinats sur des policiers.

"Ce qui s'est passé est atroce, mais nous sommes contents que (Nourredine Allam) ait été acquitté d'association de malfaiteurs terroriste. La force d'un État démocratique est de faire la part des choses entre le respect de l’État de droit et le fait d'incriminer tout le monde sous le coup de la terreur", a déclaré Me Clarisse Serre, l'une de ses avocates.

Selon elle, la cour d'assises spéciale a "fait du droit" et rendu "une décision rassurante". "Le Pnat est peut-être dans un processus de vouloir terroriser les affaires pour répondre à une inquiétude" avec la vague d'attaques terroristes qui touche la France depuis plusieurs années, a-t-elle ajouté.

Le Pnat a la possibilité de faire appel de ce verdict qui s'inscrit également dans un contexte d'attaques envers les policiers, parfois meurtrières, ces derniers mois.

Pour l'autre conseil de Nourredine Allam, Me Jean-Baptiste Leclerc, "pour être condamné (pour association de malfaiteurs terroriste), il faut avoir connaissance de la radicalisation" (du terroriste).

- L'attaque terroriste reconnue -

Ce 20 avril 2017, Karim Cheurfi avait tué Xavier Jugelé, qui se trouvait au volant d'un fourgon de police stationné en haut des Champs-Élysées, et blessé trois autres personnes, deux policiers et une touriste allemande.

L'attaque, à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle, avait durci la fin de la campagne et replacé les débats sur la lutte antiterroriste sur le devant de la scène alors que la France avait subi en 2015 et 2016 une vague sans précédent d'attentats.

L'attaque relevait bien d'un projet terroriste même si Karim Cheurfi "a pu apparaître comme un déséquilibré" selon la cour, qui a appuyé sa motivation sur la "lettre de revendication" écrite par l'assaillant et retrouvée sur lui. L'attentat avait ensuite été revendiqué par le groupe État islamique.

"Heureusement, la cour n'est pas allée au bout de sa logique et a fait l'effort pédagogique de dire que ce crime était bien de nature terroriste" a estimé Thibault de Montbrial, avocat de la famille de Xavier Jugelé, de son mari, et de quatre des cinq policiers présents avec lui ce jour-là. "Ils sont un peu déçus" par le verdict, a-t-il ajouté.

Au cours des deux semaines de procès, Nourredine Allam avait clamé timidement son innocence. Evasif sur les accusations portées à son encontre, cet homme condamné à 19 reprises entre 2004 et 2013, parfois à de la prison ferme, pour des délits de droit commun, avait maintenu avoir seulement vendu à Karim Cheurfi une moto.

Deux des coaccusés de Nourredine Allam ont été reconnus coupable de lui avoir vendu la kalachnikov: Yanis Aidouni, a été condamné à six ans de prison, et Mohammed Bouguerra, son cousin éloigné, à cinq.

Ils ont certifié qu'ils n'étaient pas au courant que Nourredine Allam allait ensuite revendre le fusil d'assaut à Karim Cheurfi.

Le dernier accusé, qui comparaissait libre pour avoir détenu la kalachnikov, a été acquitté.

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