Polynésie : manifestation contre les essais nucléaires avant une visite de Macron
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté ce week-end à Papeete à Tahiti pour réclamer que la France reconnaisse sa "faute" dans les essais nucléaires menés en Polynésie française pendant trente ans, une mobilisation qui intervient une semaine avant une visite d'Emmanuel Macron.
Quelque 2.000 personnes, selon la police --le triple, selon les organisateurs--, ont défilé samedi à l'appel du chef indépendantiste Oscar Temaru.
Cette manifestation à Tahiti (180.000 habitants) était prévue avant l'annonce du déplacement du chef de l'Etat du 24 au 28 juillet. Il se sait très attendu sur la question du nucléaire.
Geneviève Darrieussecq, ministre chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, a écarté début juillet l'hypothèse d'une demande de pardon de la France qui est pourtant attendue par les indépendantistes, les associations anti-nucléaire et l'Eglise protestante ma'ohi.
"La Polynésie française a grandement contribué à la construction de notre force de dissuasion et il convient d'assumer toutes les conséquences, humaines, sociétales, sanitaires, environnementales et économiques", avait-elle déclaré à l'issue d'une table ronde de deux jours à Paris sur les conséquences des 193 essais nucléaires entre 1966 et 1996 en Polynésie française. Rendez-vous boycotté par les ténors de l'opposition au nucléaire.
"Les essais ont provoqué des dizaines de milliers de morts et il ne demanderait pas pardon?", s'est indigné samedi le député indépendantiste Moetai Brotherson lors de la manifestation. "C'est un minimum mais ne ce ne sera pas un solde de tout compte".
Le père Auguste Carlson, en tête de cortège au côté d'Oscar Temaru et président de l'association anti-nucléaire 193, a expliqué qu'il s'agissait d'"un pays détruit par l'Etat français, qui se lève parce que les essais nucléaires sont un drame".
Pour Oscar Temaru, qui a déposé plainte contre la France en 2018 pour crime contre l'humanité, "toute la population va pouvoir déposer plainte au tribunal international de La Haye parce que le rapport +Toxique+ rappelle que plus de 100.000 personnes ont été contaminées par l'essai Centaure".
La France a procédé à des essais nucléaires sur les atolls de Moruroa et de Fangataufa, d'abord atmosphériques, puis souterrains.
Paris s'est notamment engagé à faciliter l'accès aux archives et à mieux indemniser les victimes.
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