Polynésie : trop peu de données pour établir un lien entre cancers et essais nucléaires, selon l'Inserm

Auteur:
 
Par AFP - Papeete
Publié le 23 février 2021 - 12:26
Image
Site d'essai nucléaire sur l'atoll de Moruroa, en octobre 1985
Crédits
© Georges BENDRIHEM / AFP/Archives
Site d'essai nucléaire sur l'atoll de Moruroa, en octobre 1985
© Georges BENDRIHEM / AFP/Archives

Il y a trop peu de données pour établir ou exclure un lien entre les essais nucléaires réalisés en Polynésie française et des pathologies telles que le cancer, estime l'Institut français de la recherche médicale (Inserm) dans un rapport à paraître mercredi.

Les résultats des études menées en Polynésie française "sont insuffisants pour conclure de façon solide sur les liens entre l'exposition aux rayonnements ionisants issus des retombées des essais nucléaires atmosphériques en Polynésie française et l'occurrence" de pathologies comme le cancer de la thyroïde ou les hémopathies malignes, ont estimé dix experts réunis par l'Inserm, selon la synthèse du rapport.

Mais les rares études épidémiologiques "ne permettent pas non plus d'exclure l'existence de conséquences sanitaires qui seraient passées inaperçues jusqu'à présent", nuance ce rapport commandé en 2013 par le ministère de la Défense.

Les experts ont analysé 1.150 documents et études portant sur la Polynésie française et sur d'autres sites où ont eu lieu des essais nucléaires. La France a réalisé 193 essais sur les atolls de Moruroa et Fangataufa, dans l'archipel des Tuamotu, entre 1966 et 1996, dont 46 essais atmosphériques, les huit premières années.

Le rapport souligne à plusieurs reprises le manque d'études complètes pour établir l'impact des essais sur la santé des Polynésiens. "Ces résultats et la rareté des données justifient la nécessité d'envisager d'autres approches afin d'évaluer les conséquences sanitaires des retombées des essais nucléaires en Polynésie française", précise-t-il.

Il constate cependant une incidence très élevée de cancers de la thyroïde en Polynésie française. "Sur la période 1998-2002, elle est même la plus élevée au monde, avec celle de la Nouvelle-Calédonie".

Mais les experts n'établissent pas de lien avéré avec les essais nucléaires, et pointent aussi d'autres facteurs de risques pour les pathologies constatées, comme le tabagisme, la forte consommation d'alcool ou l'obésité.

Cette étude n'englobe pas toutes les conséquences sanitaires potentielles des essais nucléaires: les auteurs précisent qu'ils ont étudié les conséquences des rayonnements ionisants, mais pas les effets psychosociaux, ni la toxicité chimique des radionucléïdes.

Dans ses conclusions, le rapport recommande une amélioration de la surveillance sanitaire des pathologies non transmissibles, comme les cancers, les maladies cardiovasculaires et les anomalies congénitales. Il estime nécessaire d'affiner les estimations de doses reçues par la population locale.

Il propose enfin de réaliser une veille attentive et rigoureuse de la littérature scientifique internationale sur les effets des faibles doses de rayonnements ionisants.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.