Premier jour de Darmanin à l'Intérieur, bronca des féministes

Auteur:
 
Par Sylvie MALIGORNE et Gregory DANEL - Paris (AFP)
Publié le 07 juillet 2020 - 20:20
Image
Des féministes manifestent contre la nomination de Gérald Darmanin près du ministère de l'Intérieur à Paris le 7 juillet 2020
Crédits
© Thomas COEX / AFP
Des féministes manifestent contre la nomination de Gérald Darmanin près du ministère de l'Intérieur à Paris le 7 juillet 2020
© Thomas COEX / AFP

Pour sa première journée à l'Intérieur, Gérald Darmanin a dû affronter mardi la colère de féministes dont certaines ont tenté de perturber la passation de pouvoirs avec son prédécesseur, en appelant à la démission du ministre visé par une plainte pour viol.

La première de ses missions est de renouer le lien avec les forces de l'ordre après les vives critiques ayant visé Christophe Castaner. Mais sa nomination suscite la polémique alors que l'ex-ministre des Comptes publics fait l'objet d'une plainte pour viol, ce qu'il réfute.

Lundi soir, l'entourage d'Emmanuel Macron, qui a fait de "la République exemplaire" son credo, a cherché à balayer toute possible polémique sur le sujet: "les choses semblent aller dans le bon sens", cette plainte "n'a pas fait obstacle à sa nomination", a fait savoir ainsi l'entourage du président. Mais ce commentaire a déclenché aussitôt la "colère" des féministes.

La journée de mardi a été ponctuée d'actions coup de poing, qui ont occulté le premier déplacement du ministre dans un commissariat aux Mureaux (Yvelines), en hommage aux deux fonctionnaires de police tués en 2016 à leur domicile de Magnanville, dont l'un travaillait dans ce commissariat.

La première action s'est déroulée lors de la passation de pouvoirs quand une vingtaine de féministes ont tenté d'approcher des grilles du ministère, avant d'être stoppées par les forces de l'ordre.

Scandant "Darmanin démission" et "Darmanin violeur", elles ont brandi des pancartes indiquant: "Darmanin à l'Intérieur, vous vous torchez avec nos plaintes".

Au même moment, Christophe Castaner égrénait devant Gérald Darmanin les trois chantiers qu'il était "fier" d'avoir lancés: le schéma relatif au maintien de l'ordre, le livre blanc de la sécurité intérieure mais surtout, "le combat contre les violences sexuelles et sexistes".

- "conflit d'intérêts" -

Ensuite devant l'Elysée où se tenait le premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement, ce sont trois militantes Femen qui ont réussi à approcher du palais présidentiel avant d'en être éloignées.

Plus tard, devant l'église de la Madeleine, une cinquantaine de militantes du collectif #Noustoutes, vêtues de noir, ont procédé à l'enterrement symbolique de l'égalité hommes-femmes, décrétée "grande cause du quinquennat" par l'exécutif.

Emmanuel Macron "a perdu une fois de plus toute légitimité à parler des violences sexistes et sexuelles", a lancé devant des journalistes une responsable du collectif. "Avec la nomination de Gérald Darmanin", cette "grande cause" "a connu un coup fatal", a-t-elle insisté.

A l'issue de ce rassemblement, des roses ont été déposées devant un cercueil surplombé par un aigle noir géant sur lequel était inscrit le nom du nouveau ministre. "La culture du viol est en marche", ont scandé les militantes.

M. Darmanin a été accusé de viol par une femme en 2017. Classée sans suite dans un premier temps, la procédure a été relancée par la cour d'appel de Paris qui a demandé début juin de nouvelles investigations.

Dans la cour de Beauvau, mardi matin, pendant que l'ancien et le nouveau locataires échangeaient dans un bureau, des policiers s'inquiétaient, sous couvert d'anonymat, des conséquences de cette affaire.

Certains n'imaginaient pas comment il pourrait être possible que des policiers puissent auditionner le ministre sur ce dossier. "C'est un peu un conflit d'intérêts", confiait l'un d'eux.

L'écueil pourrait être évité si un juge d'instruction décidait d'entendre lui-même le ministre, a expliqué à l'AFP un magistrat.

Les avocats de l'accusatrice de M. Darmanin ont fait part à l'AFP de leur "consternation". "Comment ne pas redouter désormais que la fonction du mis en cause pèse sur l'ensemble de la procédure?", ont-il interrogé.

En réponse à des questions de la presse, le nouveau porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a défendu la "présomption d'innocence" due à son collègue.

Les féministes ont également donné de la voix contre Eric Dupond-Moretti nommé garde des Sceaux, en le qualifiant de "complice". Elles lui reprochent "un désintérêt et des attaques" contre les prises de paroles de femmes victimes de violences.

A Lyon, elles étaient une centaine à protester avec des pancartes proclamant notamment "Violeur de l’Intérieur", "Macron hypocrite", "Liberté, égalité, impunité", et scandant "un violeur à l’Intérieur, un complice à la Justice".

A Lille, entre 130 et 150 personnes se sont rassemblées en début de soirée sur la place de la République pour dénoncer le "remaniement de la honte".

sm-grd-jlo-alh/blb

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.