Prisons : le directeur veut un grand plan de lutte contre la violence "d'ici la fin de l'année"

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Par Marie DHUMIERES et Anne-Sophie LASSERRE - Paris (AFP)
Publié le 14 juin 2021 - 10:01
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Le nouveau directeur de l'Administration pénitentiaire Laurent Ridel, le 11 juin 2021 à Paris
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© ALAIN JOCARD / AFP
Le nouveau directeur de l'Administration pénitentiaire Laurent Ridel, le 11 juin 2021 à Paris
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Le nouveau directeur de l'Administration pénitentiaire Laurent Ridel veut engager un grand plan de lutte contre les violences en prison "d'ici la fin de l'année", a-t-il annoncé lundi dans un entretien à l'AFP.

"Deux tiers des détenus sont en prison pour des faits de violence, mais la prison ne doit pas être un lieu de violence. C'est un lieu de droit et le premier des droits est celui à la sécurité", a déclaré M. Ridel qui a pris la tête de l'Administration pénitentiaire début mars.

Fustigeant ceux qui "pendant des années, de façon idéologique", ont "opposé l'insertion et la sécurité" alors que les deux sont "liées", il a estimé que la lutte contre la récidive passait à la fois "par un travail de prévention des violences" et "par un travail social d'intégration des gens dans la société", notamment par l'éducation, la formation et le travail en détention.

Le projet de loi du garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, adopté en première lecture fin mai à l'Assemblée nationale, comprend un large volet sur le travail en détention et les droits des détenus, "essentiels" à la réinsertion selon le ministre.

"Sans sécurité, on peut mettre toutes les activités que l'on veut, si le détenu a peur de se faire racketter dans un couloir il n'ira jamais", abonde M. Ridel.

Selon l'administration pénitentiaire, l'essentiel des violences en détention concerne les violences entre détenus (environ 8.000 cas par an) et celles sur le personnel (environ 4.500 cas).

Le plan, qui comptera de "grands axes" nationaux mais sera décliné en fonction des spécificités de chacun des 188 établissements pénitentiaires du pays, sera lancé d'ici à la fin de l'année.

D'ici là, l'administration pénitentiaire veut procéder à une analyse des besoins et à un retour d'expérience sur ce qui se fait déjà: programmes contre les violences en place dans certaines prisons, unités pour détenus violents, "module respect" (qui permet aux détenus de circuler librement en détention à certaines conditions).

Le plan devrait aussi compter un volet sur les violences visant le personnel pénitentiaire en dehors de la prison.

- "Petits pas" -

Une difficulté va se poser, admet M. Ridel: la surpopulation carcérale chronique, qui a valu à la France une condamnation par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) en janvier 2020.

"C'est vrai que vouloir limiter les violences et promouvoir le droit, notamment à la dignité, en période de surencombrement, c'est compliqué".

"Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire", note celui qui, du haut de ses 35 ans de carrière dans l'Administration pénitentiaire, a connu "plus de temps avec surencombrement que sans" et croit à "la politique des petits pas".

La population carcérale a connu une baisse significative et inédite pendant le confinement du printemps 2020 en raison d'une réduction de la délinquance et de mesures de libérations anticipées prises par le gouvernement pour éviter une propagation de l'épidémie de Covid-19 en détention. Des organisations avaient appelé les autorités à se saisir de cette occasion historique, mais les chiffres sont repartis à la hausse en quelques mois.

Au 1er mai on comptait 65.384 personnes incarcérées - pour 60.799 places opérationnelles, soit une densité carcérale à 108%.

Entre mi-mars et la mi-mai 2020, le nombre de détenus était passé de 72.575 à 59.463.

"On était à moins de 100 % de taux d'occupation, ça a montré qu'on pouvait le faire", admet M. Ridel.

Alors que les mesures de restriction liées à la crise sanitaire sont levées petit à petit en prison également, le directeur de la pénitentiaire appelle par ailleurs à une accélération de la vaccination en détention - calquée sur le calendrier par tranches d'âge mis en place à l'extérieur.

"On a pris forcément un peu de retard parce qu'on a une population bien plus jeune, avec un âge moyen de 34-35 ans", explique-t-il. Environ 12.000 détenus ont déjà reçu une première injection. Selon les derniers chiffres, une centaine de détenus sont actuellement atteints du Covid.

Les proches des détenus attendent notamment avec impatience le retrait des séparations en plexiglas dans les parloirs.

"Plus il y aura de gens vaccinés, plus on pourra alléger les contraintes", promet M. Ridel.

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