Privé de son public, l'orchestre de Franche-Comté fait la tournée des lycées

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Par Antoine POLLEZ - Montbéliard (France) (AFP)
Publié le 04 mars 2021 - 15:52
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Des musiciens de l'orchestre Victor Hugo jouent pour les lycéens à la bibliothèque du lycée Germaine-Tillon à Montbéliard, dans le Doubs, le 4 mars 2021
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© SEBASTIEN BOZON / AFP
Des musiciens de l'orchestre Victor Hugo jouent pour les lycéens à la bibliothèque du lycée Germaine-Tillon à Montbéliard, dans le Doubs, le 4 mars 2021
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Il devait jouer devant 1.200 personnes, il se retrouve dans des lycées: contraint par la pandémie d'annuler tous ses concerts, l'orchestre Victor Hugo Franche-Comté (OVHFC) investit de nouveaux lieux pour continuer à se produire, tout en réclamant un calendrier de reprise pour retrouver la "magie" de la scène.

Les mélodies de Wagner, Bach ou Mozart raisonnent entre les rayonnages de manuels scolaires rangés par catégorie, "sciences de la nature", "mathématiques" ou "géographie". Au CDI du lycée Germaine Tillon de Montbéliard jeudi, ils sont onze musiciens, installés en cercle, au centre duquel viennent s'asseoir, par groupes de six, élèves et professeurs, pour les écouter.

Le dispositif, minimaliste, a été conçu pour respecter les consignes sanitaires, mais il offre au spectateur d'être au plus près des instruments.

"C'est super bien, on est plongé au cœur de la musique, on peut ressentir toutes les sensations qu'on veut si on arrive à se concentrer", s'enthousiasme Morgane, 15 ans, en seconde professionnelle. "Les percussions, j'avais l'impression que c'était les battements de mon cœur".

"C'est une vraie chance pour nos élèves, qui n'ont pour la grande majorité d'entre eux, jamais entendu de musique classique en direct", abonde Katia Faedo, professeure de lettres, qui se dit "déçue de ne pas pouvoir emmener (ses) élèves au théâtre dans le contexte actuel".

- "Maintenir un maximum d'activité" -

Selon sa programmation, l'orchestre aurait dû à la place se produire au théâtre Ledoux, scène nationale à Besançon, sous la direction de Dina Gilbert, cheffe d'orchestre canadienne de renom. La manifestation a évidemment été annulée à cause de l'épidémie de Covid-19.

"On s'adapte à la situation, avec le souci de maintenir un maximum d'activité", explique Vincent Adami, administrateur de l'OVHFC. "Dès qu'une annulation intervient, on essaie de rebondir, de monter un autre projet".

Ainsi, grâce au maintien des subventions, la direction a réussi à trouver des alternatives à chacun des concerts annulés depuis le mois d'octobre, en mettant en place des enregistrements pour la radio ou la télévision, ou en allant à la rencontre des habitants avec ce dispositif, intitulé "Au cœur de l'orchestre". Celui-ci est décliné dans huit établissements scolaires de la région Bourgogne-Franche-Comté, après être passé par d'autres lieux publics.

"C'est un mal pour un bien", concède Vincent Adami. "Au final, on va toucher plus de monde, presque 1.400 élèves avec cette formule, que si on avait été dans la salle de spectacle", se réjouit-il, estimant que ce type de proposition répond à la "mission de service public" assignée à l'orchestre, à laquelle il est très attaché.

- "C'était vital" -

Un an après l'imposition des premières restrictions et fermetures dans le milieu culturel, tous les personnels de l'OVHFC applaudissent cette poursuite de l'activité malgré les contraintes.

"C'était vital. Si on n'avait pas pu se réunir depuis un an, il est évident que ce serait la mort de l'orchestre", juge le délégué général, David Olivera.

"Et vu le contexte, c'est une chance de travailler", abonde Cyril Vouriot, technicien au statut d'intermittent. "Par rapport à certains amis qui n'ont rien depuis six mois, voire plus, ça offre davantage de sécurité et de sérénité" confie-t-il, même si les droits des intermittents sont assurés jusqu'au 31 août. "Ca permet de voir venir, au moins un petit peu".

L'orchestre s'associe néanmoins aux revendications exprimées par les instances représentatives du secteur, rassemblées jeudi dans une vingtaine de villes de France pour réclamer un "calendrier réaliste" de réouverture des lieux culturels et des garanties en termes d'emploi. "Si je n'avais pas dû être ici (au lycée), j'aurais été à la mobilisation de Besançon", assure le technicien.

"L'époque fait qu'on cherche des manières de travailler différentes, on doit continuer à jouer ensemble pour exister", conclut la violoniste Isabelle Debever, co-soliste au sein de l'orchestre. "Mais on a besoin du côté magique de la scène".

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