Procès Rançon : la "chance extraordinaire" d'une ancienne victime, les excuses de l'accusé

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Par AFP - Amiens
Publié le 10 juin 2021 - 13:12
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Jacques Rançon jugé pour homicides volontaires dans le box des accusés de la Cour d'assises de Perpignan, le 5 mars 2018
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© RAYMOND ROIG / AFP/Archives
Jacques Rancon lors de son procès en mars 2018 à Perpignan pour les meurtres et viols de deux femmes et deux tentatives de viols
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"J'ai eu une chance extraordinaire": au troisième jour du procès à Amiens pour le viol et le meurtre d'Isabelle Mesnage en 1986, une femme agressée en 1999 par Jacques Rançon a témoigné, l'accusé lui présentant ses excuses mais admettant ne tirer aucune leçon de ses actes.

Virginie, 45 ans, a raconté devant la cour d'assises avoir été abordée alors qu'elle était sur un banc dans un parc du centre d'Amiens, après une dispute avec son conjoint, une nuit d'août.

Jacques Rançon tente d'engager la conversation puis, comme elle s'en va, la pousse et l'étrangle, allongée dans l'herbe.

En pleurs, elle a raconté s'être vue mourir. Elle perd connaissance et se réveille au moment où il essaie de la hisser dans sa voiture. Elle l'implore de la laisser partir.

L'homme lui demande s'il peut caresser sa poitrine, elle le laisse faire. Alors "il me regarde et me dit +va-t-en, va-t-en vite+", raconte la victime.

"Cela fait 21 ans mais le temps n'efface pas ce genre de chose", témoigne celle qui a appris plus tard "qu'il avait commis des délits plus monstrueux".

"Je suis désolé de ce que je lui ai fait. J'aurais jamais dû faire ça. Sur le fait, j'ai pensé à rien", s'excuse Jacques Rançon, ne laissant percer aucune émotion.

Pour ces faits, il a écopé en 2000 de cinq ans d'emprisonnement. Il avait déjà été condamné en 1994 pour un viol avec arme dans la Somme, puis en 1998 pour avoir menacé avec un couteau une femme à Perpignan.

A l'avocat de la famille Mesnage, Didier Seban, qui lui demande s'il ne tire jamais de leçon de ses condamnations, il répond "je ne pense pas, j'ai jamais pensé à ça".

Il dit ne pas savoir pourquoi il a laissé Virginie s'enfuir. "Je voulais lui faire l'amour", explique-il. "On sait ce que ça veut dire quand vous dites ça", lui répond l'autre avocate des parties civiles, Corinne Herrmann. "Ça veut dire violer", admet-il, alors qu'il dit spontanément "faire l'amour" et "draguer" pour violer et agresser.

En 2018, lors de son procès à Perpignan qui lui a valu une condamnation à la réclusion à perpétuité notamment pour viols et meurtres de deux femmes dans les années 90, Virginie avait déjà témoigné.

A l'avocat général lui demandant ce qui se serait passé si elle n'avait pas perdu connaissance, il avait répondu: "Ça aurait été grave, ça serait arrivé, et elle serait morte".

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