Procès Tron : la directrice d'enquête défend une procédure "exemplaire"

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Par AFP
Publié le 14 décembre 2017 - 00:28
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La directrice de l'enquête sur Georges Tron, accusé de viols en réunion par deux ex-employées municipales, a défendu mercredi pendant plus de sept heures une enquête "exemplaire" dans une affaire fondée sur des témoignages que s'emploie à démonter la défense.

L'ancien secrétaire d’État à la Fonction publique, toujours maire de Draveil dans l'Essonne, est jugé depuis mardi devant les assises de Seine-Saint-Denis.

L'élu est accusé par deux anciennes employées municipales de viols et agressions sexuelles avec la participation de son ex-adjointe à la Culture Brigitte Gruel. Tous deux clament leur innocence.

En mai 2011, Eva Loubrieu et Virginie Ettel portent plainte, affirmant que la pratique de la réflexologie plantaire par Georges Tron était le prélude à des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010.

Un groupe d'enquêteurs de la direction régionale de la police judiciaire de Versailles est saisi de l'enquête, d'abord sous l'autorité du parquet puis de deux juges d'instruction.

Après avoir longuement lu ses notes, la cheffe du groupe a expliqué que l'enquête n'était pas "classique" car "essentiellement basée sur des témoignages, nous n'avons pas d'ADN, pas de vidéosurveillance".

"Il n'y a rien d'acquis dans ce dossier, c'est bien le problème", ajoutera-t-elle plus tard, lors des longues heures passées à la barre.

"Est-ce que vous avez des témoignages qui corroborent, des gens qui ont vu ce (que les plaignantes) dénoncent ?", s'emporte l'avocat de Georges Tron, Éric Dupond-Moretti, ne pouvant s'empêcher de grommeler pendant les réponses de l'enquêtrice.

"On ne va pas s'interrompre comme ça parce que ça ne va pas bien se passer", répond sans se démonter la commandant de police, qui défend une enquête "exemplaire" avec de nombreuses vérifications et "plus de 430 procès-verbaux".

"Vous vous contentez de ce maelstrom de témoins qui n'en sont pas", s'énerve encore Me Dupond-Moretti.

- "Système de recrutement ?" -

L'audience a aussi été émaillée d'invectives entre l'avocat de la défense et les parties civiles.

"Mais vous, vous êtes gros", a ainsi lancé l'avocat de Virginie Ettel, Me Vincent Ollivier, à l'intention d’Éric Dupond-Moretti quand ce dernier s'interroge sur la faisabilité d'une scène décrite par Delphine Byrka, ex-journaliste de Paris Match, qui a expliqué que Georges Tron lui avait saisi le pied dans une voiture en 2002.

L'avocat de la défense a par ailleurs régulièrement fait référence à son confrère Gilbert Collard, qui avait représenté les deux plaignantes au commencement de l'affaire et concouru à sa médiatisation.

"Le dossier est tellement pourri que Gilbert Collard n'est pas là pour le soutenir", a-t-il taclé, ne manquant pas de rappeler que Me Collard était désormais député apparenté FN du Gard.

Depuis le début, Georges Tron se dit victime d'un complot ourdi par l'extrême droite.

La matinée avait précédemment été marquée par le témoignage de l'ancien directeur des ressources humaines de la mairie de Draveil, Jean-Yves Herry.

Aux enquêteurs, l'ancien DRH avait déclaré que Georges Tron lui avait imposé "un recrutement plastique, c'est-à-dire de belles femmes" qui rencontraient des difficultés financières. Il est apparu moins catégorique mercredi.

"Vous n'êtes pas le pivot d'un système de recrutement qui aurait pour but de mettre des femmes dans les griffes de Georges Tron ?" demande le second avocat de Georges Tron, Antoine Vey.

"Non je n'avais pas cette mission bien entendu", répond l'ancien DRH, répétant n'avoir été témoin d'aucun geste inapproprié, uniquement de plaisanteries au sujet du goût du maire pour la réflexologie plantaire.

Jugé dans le sillage de l'affaire Weinstein, le scandale avait éclaté en mai 2011, peu après la retentissante arrestation à New York de l'ancien directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn.

Georges Tron avait démissionné de ses fonctions de secrétaire d’État à la Fonction publique (2010-2011) dans la foulée, mais pas de sa mairie de l'Essonne à la tête de laquelle il a été réélu en 2014.

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