Que deviennent les figures des "gilets jaunes" ?

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Par Romain FONSEGRIVES - Paris (AFP)
Publié le 30 octobre 2019 - 09:23
Mis à jour le 15 novembre 2019 - 22:20
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Eric Drouet, photographié le 2 février 2019 à Paris, lors du 12e samedi de manifestation du mouvement des "gilets jaunes".
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© Zakaria ABDELKAFI / AFP/Archives
Eric Drouet, le 2 février 2019 lors d'une manifestation à Paris
© Zakaria ABDELKAFI / AFP/Archives

Parmi les figures médiatiques qui ont incarné la révolte sociale des "gilets jaunes", aucune n'a jeté l'éponge, mais un an après, ces anciens anonymes ont tous des manières différentes de poursuivre la contestation.

- Priscillia Ludosky, sur tous les fronts -

Avec sa pétition contre la hausse des prix des carburants, lancée plusieurs mois avant les manifestations, elle reste l'inspiratrice des "gilets jaunes" et s'est imposée comme la force tranquille du mouvement.

Militante multi-cartes, cette auto-entrepreneuse a notamment rejoint la plateforme "gilets citoyens", pour veiller sur la mise en place de la convention citoyenne sur le climat, qu'elle considère comme "la seule idée des gilets jaunes directement appliquée par le gouvernement".

La Seine-et-Marnaise s'investit en parallèle dans la dénonciation des violences policières, la promotion des propositions du "vrai débat", lancé par les "gilets jaunes" pour concurrencer le débat national d'Emmanuel Macron, la publication d'un livre auto-édité... Dernier cheval de bataille: la création d'un "lobby citoyen", qu'elle présentera le 15 novembre.

"On ne pourra pas manifester éternellement, c'est pour ça qu'on crée ce lobby", explique-t-elle à l'AFP. "Apartisane et asyndicale", l'organisation espère peser sur des sujets locaux comme nationaux.

- Eric Drouet, toujours dans la rue -

Le chauffeur routier avait annoncé se mettre "en retrait" fin avril, mais est resté actif sur les réseaux sociaux, et n'a jamais vraiment quitté la rue, en privilégiant les manifestations non déclarées. Ce qui lui a valu une nouvelle amende le 21 septembre.

L'initiateur de la première mobilisation du 17 novembre prône toujours le rapport de force. Il a appelé à une "convergence" dans une vidéo mi-octobre, en invitant "pompiers, urgentistes, ouvriers, agriculteurs, chômeurs" à manifester à Paris, sans gilet. "Mettez les gilets jaunes de côté, c'est les citoyens qui seront dans la rue", exhorte-t-il.

Figure la plus controversée du mouvement, il a été relaxé début septembre des poursuites pour "participation à un groupement formé en vue de violences ou de dégradations" lors de l'acte 6 du mouvement social le 22 décembre, et condamné à 500 euros d'amende avec sursis pour le port d'une sorte de "matraque" dans son sac, un simple "bout de bois" selon lui.

- Maxime Nicolle, chroniqueur de la colère -

"Fly Rider", comme il se surnomme sur Facebook, continue ses "live" sur les réseaux sociaux. Le Breton manifeste encore très régulièrement et s'est notamment rendu à Toulouse récemment.

Depuis septembre, il travaille pour la web-télé "QG", lancée par la journaliste Aude Lancelin. L'ancien chauffeur y tient un rôle de chroniqueur mais aussi de reporter - en filmant par exemple la manifestation des pompiers du 15 octobre.

Il doit sortir un livre le 14 novembre. Un ouvrage présenté comme un "droit de réponse", après les critiques médiatiques qui lui ont reproché certaines thèses complotistes et son goût pour les publications du Front National sur Facebook.

- Jérôme Rodrigues, de retour -

Devenu symbole des violences policières après avoir perdu un œil lors d'une manifestation le 26 janvier, le plombier a souffert de "cyberharcèlement" et a fait une pause pendant l'été. Il prépare une plainte contre deux "gilets jaunes" qui l'attaquent régulièrement.

Fin août, il a participé au contre-sommet du G7 au Pays Basque, avant de revenir dans les manifestations parisiennes en septembre et de soutenir une action parisienne d'Extinction Rébellion. "J'attends avec impatience le week-end de mobilisation du 16-17 novembre, et aussi la grève du 5 décembre", confie-t-il à l'AFP en prônant une "convergence des luttes".

Fin septembre, il a été entendu par le juge d'instruction qui enquête sur la perte de son œil. "Le travail qui a été fait est très positif", assure-t-il. Il n'a en revanche "aucune nouvelle" de la procédure ouverte en juillet pour des soupçons de violences conjugales après une altercation avec sa femme, qui avait nié publiquement toute violence physique.

- Ingrid Levavasseur, objectif municipales -

Son éphémère candidature aux européennes avait provoqué la rupture. Agressée par des "gilets jaunes", l'aide-soignante de 32 ans ne manifeste plus, mais continue de s'engager.

Dans sa ville de Louviers (Eure), elle est candidate comme co-listière aux municipales de 2020. Cette mère célibataire a aussi fondé deux associations: l'une pour aider les familles monoparentales, l'autre pour défendre des propositions sociales et écologiques.

Début septembre, elle a publié une autobiographie qui détaille son engagement. "C'était essentiel pour moi que les gens comprennent que je ne suis pas rentrée dans ce mouvement parce que j'ai vu de la lumière", déclare-t-elle à l'AFP.

- Jacline Mouraud, rêve de l'Elysée -

Sa vidéo contre la "traque aux conducteurs", visionnée six millions de fois sur Youtube, l'avait catapultée au rang d'égérie des "gilets jaunes", avant que ses ambitions politiques ne passent pour une trahison.

L'aventure de son micro-parti, "Les Emergents", a été mise "entre parenthèses", après le départ de plusieurs membres du bureau qui ont dénoncé son "culte de la personnalité". Ce qui n'empêche pas l'hypnothérapeuthe, "gaulliste" autoproclamée, de rêver de la présidentielle de 2022 et de s'imaginer en "candidate des territoires et du terroir".

- François Boulo, le verbe jaune -

Choisi pour porter la parole médiatique des ronds-points de Rouen, l'avocat s'était fait remarquer pour ses joutes oratoires sur les plateaux télévisés.

En octobre, il a publié un manifeste, "La Ligne Jaune", qui "vise à restaurer l'image des +gilets jaunes+, car le traitement médiatique les a assignés aux faits de violence qui ont existé ici ou là", explique-t-il à l'AFP.

Il a également fondé une plateforme numérique du même nom, qui doit "mettre en réseau l'ensemble du mouvement" et compte 27.000 membres.

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