Recours au 49-3 sur les retraites : l'opposition remontée prépare la riposte

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Par Dominique CHABROL - Paris (AFP)
Publié le 01 mars 2020 - 15:10
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Edouard Philippe au 20H de TF1 le 29 février 2020
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© Olivier MORIN / TF1/AFP
Edouard Philippe au 20H de TF1 le 29 février 2020
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"La pire des solutions", des "pulsions totalitaires" : l'opposition ne décolère pas après le recours du gouvernement au 49-3 pour faire adopter la réforme des retraites et se prépare à riposter lors de la discussion des motions de censure à l'Assemblée nationale.

Edouard Philippe a assuré pour sa part les partenaires sociaux de sa volonté de "faire encore évoluer le texte du projet de loi".

Après la décision du Premier ministre samedi d'utiliser l'article 49-3 de la constitution pour couper court au débat enlisé au Palais Bourbon, les députés de droite et de gauche ont déposé deux motions de censure séparées sur le bureau de l'Assemblée.

Deux textes qui, selon une source gouvernementale, devraient être débattus "a priori mardi". Le projet de loi sera considéré comme adopté en première lecture sauf si l'un des deux est adopté. Ce qui est très improbable, le gouvernement disposant de la majorité à l'Assemblée.

Dès dimanche, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a appelé sur Radio J les salariés "à se mobiliser mardi après-midi, si c'est la date retenue", "devant l'Assemblée nationale", pour dénoncer le "coup de force du gouvernement". Dès samedi soir, quelques centaines de personnes opposées à la réforme des retraites ont répondu à un appel spontané lancé sur les réseaux sociaux et se sont rassemblées dans le calme devant le Palais-Bourbon. Au Havre, le local de campagne d'Edouard Philippe a lui été tagué et caillassé par des manifestants en colère contre le 49-3.

Le chef de file de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé pour sa part les "pulsions totalitaires" du régime dans le Journal du Dimanche : "C'est du Macron pur jus, il méprise la vie des gens du commun".

Les accusations de déloyauté de la part du gouvernement ont également fusé, le Premier ministre ayant obtenu le feu vert pour un 49-3 samedi lors du Conseil des ministres consacré à la prévention de la propagation du coronavirus.

Pour Yannick Jadot (EELV), "le gouvernement a choisi la pire des solutions". "Il réunit un Conseil des ministres pour aborder la question du coronavirus (...) et on apprend qu'en catimini c'était essentiellement pour finalement donner l’opportunité au Premier ministre de faire une déclaration sur le 49-3", a-t-il affirmé sur Europe 1 et Cnews.

- "Cynisme" -

"Ce gouvernement est dans le cynisme absolu, le faire en plein coronavirus, en plein Conseil des ministres uniquement là-dessus, c'est du cynisme le plus total", a renchéri le patron des députés Les Républicains, Damien Abad, sur France3.

Une accusation rejetée dès samedi soir par Edouard Philippe pour qui "ça n'a aucun lien avec le coronavirus".

L'incompréhension dépasse toutefois la seule opposition. "Ce n’est pas le 49-3 qui est surprenant, c’est le timing. Au moment où il a besoin de consensus politique sur la gestion de la crise sanitaire, le gouvernement rouvre un front politique", s'est étonné le président de l'institut d'études Elabe, Bernard Sananès.

Dans un courrier aux partenaires sociaux, le Premier ministre assure pour sa part que "la fin des débats en première lecture à l'Assemblée nationale ne constitue pas un aboutissement. Nous pouvons, nous devons, faire encore évoluer le texte du projet de loi".

Edouard Philippe s'est également voulu rassurant, à ce stade, sur la tenue des élections municipales des 15 et 22 mars.

"Les élections sont un moment décisif de la vie démocratique, il n'est venu à l'idée de personne de restreindre cette liberté électorale", a-t-il affirmé sur TF1. "Les élections auront évidemment lieu (...) Notre objectif n'est ni de contraindre les campagnes municipales, bien entendu, ni de contraindre le déroulement des élections".

Les risques sanitaires et la tenue prochaine des élections impliquent toutefois des changements de pratiques, avec notamment la consigne d'éviter les poignées de mains. "C'est très difficile de ne pas serrer des mains, c'est un geste d'apaisement", reconnait Yannick Jadot, en campagne pour soutenir les candidats écologistes.

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