Recycler les savons d'hôtels pour les donner aux plus démunis

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Par Marjorie BOYET - Vaulx-en-Velin (AFP)
Publié le 27 mars 2021 - 21:24
Mis à jour le 28 mars 2021 - 16:42
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Dans l'atelier de l'ESAT, une personne range des savons d’hôtel recyclés, le 24 mars 2021 à Vaulx-en-Velin
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© JEFF PACHOUD / AFP
Dans l'atelier de l'ESAT, une personne range des savons d’hôtel recyclés, le 24 mars 2021 à Vaulx-en-Velin
© JEFF PACHOUD / AFP

"Donner une seconde vie à des savons qui partaient à la poubelle": c'est la mission que s'est donnée l'association lyonnaise Unisoap en récoltant les savonnettes d'hôtels pour les transformer et les distribuer à des personnes dans le besoin.

"Il y a deux constants alarmants: trois millions de personnes en France n'ont pas les moyens d'acheter des produits d'hygiène de base et on estime qu'il y aurait 51 millions de savons jetés par les hôtels en France", déclare à l'AFP la fondatrice d'Unisoap, Pauline Grumel.

De ce constat dressé en 2017 par cette ancienne cheffe d'une entreprise de communication qui cherchait alors à "donner plus de sens" à son travail, Unisoap était né.

"On me demande souvent pourquoi on n'y avait pas pensé avant", s'étonne la jeune femme de 37 ans.

150 hôtels en France ont répondu à l'appel d'Unisoap, permettant la collecte d'environ six tonnes de savons en trois ans, selon l'association.

Au Radisson Blu, un quatre étoiles au coeur de Lyon, ce sont environ 300 kilogrammes de savons - souvent "à peine utilisés" par les clients - qui sont collectés chaque année pour Unisoap.

"Ce n'est pas normal aujourd'hui qu'il y ait du gâchis", estime la gouvernante générale de l'établissement, Claire Dupleix.

Et "avec le Covid, on a encore plus de déchets que d'habitude puisque tous les petits produits d'accueil qui sont mis en chambre, je n'ai plus le droit de les réutiliser pour le client suivant et je dois tout jeter", ajoute-t-elle.

Mme Grumel inscrit son projet dans une démarche environnementale, en réduisant les déchets des hôtels, humanitaire avec la distribution auprès de différentes associations, et sociale, en travaillant avec des jeunes souffrant d'une déficience intellectuelle légère.

Dans l'atelier de l'ESAT géré par la fondation OVE, à Vaulx-en-Velin, à l'est de Lyon, ils sont ce jour-là trois jeunes gens, supervisés par un responsable, à nettoyer les savons blancs à l'aide d'économes et de râpes.

Une fois débarrassés des résidus, les savons sont ensuite broyés.

Le mélange obtenu est placé dans une machine, d'où ressort un long bâton de savon, qui est découpé à la main pour en faire des pains de 100 grammes chacun.

- "Arme contre les virus" -

Les savons, qui répondent aux règlementations cosmétiques, sont tamponnés à l'effigie de l'association : un coeur qui enserre une goutte d'eau.

Unisoap, qui a lancé la production mi-janvier, prévoit de fabriquer 20.000 savons cette année.

Avec la crise sanitaire, "les gens ont vraiment pris conscience que c'est un geste barrière de bien se laver les mains et que le savon c'est la meilleure arme contre les virus", rappelle Mme Grumel. L'hygiène "touche à la santé des gens, au bien-être et à l'estime de soi".

Et les besoins des associations en produits sanitaires, déjà prégnants, se sont accrus récemment.

"On a été extrêmement sollicité l'an dernier au moment du confinement. Il y avait déjà des besoins en produits d'hygiène car toutes les associations qu'on rencontre nous disent avoir peu de produits d'hygiène alors que cela vient vraiment juste après les besoins alimentaires", poursuit la jeune femme.

Dans le centre des Restos du Coeur à Givors, une commune défavorisée au sud de Lyon, chaque savon recyclé glissé dans le colis d'un bénéficiaire est noté précautionneusement dans les registres car c'est une denrée rare.

"Depuis la crise sanitaire, on s'est rendu compte que les produits d'hygiène étaient devenus des produits essentiels, notamment les savons qui sont des produits de base", note Anne-Marie, responsable des partenariats non-alimentaires pour l'association dans le Rhône.

Ce "petit plus" qui s'ajoute à l'aide alimentaire amène "un sourire derrière le masque" chez les bénéficiaires, observe la bénévole.

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