Retraites : grève, père Nöel et rougail saucisse à la gare des Aubrais

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Par Maxime MAMET - Fleury-les-Aubrais (France) (AFP)
Publié le 23 décembre 2019 - 18:15
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Les employés grévistes de la SNCF organisent un banquet de Noël devant la gare Les Aubrais, le 23 décembre 2019
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© GUILLAUME SOUVANT / AFP
Les employés grévistes de la SNCF organisent un banquet de Noël devant la gare Les Aubrais, le 23 décembre 2019
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"Alors les camarades, c'était bon ?!" : l'intersyndicale des cheminots a réuni une petite centaine de convives devant la gare des Aubrais (Loiret) pour un "banquet de Noël" avant l'heure lundi, 19e jour de grève contre la réforme des retraites.

Un feu de palettes pour se réchauffer dont les odeurs se mêlent à celles du vin chaud et du rougail saucisse au menu, des chapeaux rouges de père noël et des gilets rouges de la CGT : l'ambiance était festive sur le parvis baigné de soleil de la gare.

"On a organisé ça pour avoir un moment revendicatif et convivial", explique Marion Gazeaux, la secrétaire générale de la CGT cheminots d'Orléans-Les Aubrais.

"L'ambiance reste bonne", insiste-t-elle sous la musique crachée par les haut-parleurs. "Les gens ne doutent pas de leur raison d'être là. Ici, les cheminots ne sont pas jeunes, ils se battent pour leurs enfants. Ils y puisent une force."

Les quelque 80 cheminots grévistes présents, dont un déguisé en père Noël, pour un total d'environ 650 cheminots au centre d'Orléans-Les Aubrais, ont d'ailleurs reconduit le mouvement jusqu'à l'assemblée générale du 27 décembre, à l'unanimité mois deux abstentions.

"On ne veut pas de cette injuste retraite à points", insiste la conductrice de train. "On a bien conscience que l'on empêche les gens de rentrer à Noël. Ça embête les Français, mais je n'ai pas l'impression que ça embête le gouvernement, qui, lui, veut reprendre les négociations le 6 janvier."

Devant la gare, située à Fleury-les-Aubrais, dans la banlieue d'Orléans, les militants ont dressé des tables pour recevoir une centaine de convives. Les nappes ? Des affiches de la CGT.

"Le mouvement est quand même plus facile à vivre avec ses collègues, qu'isolé chez soi", confie Éric Morant, conducteur de train âgé de 47 ans, attablé avec quelques collègues de la CGT.

"Le gouvernement a le droit de proposer un projet, mais il n'a pas le droit de mentir. Là, il nous ment, je me sens méprisé", s'indigne-t-il, entre le rougail et le fromage.

- "Populaire et déterminé" -

Autour, des drapeaux jaunes et rouges aux couleurs de la CGT Cheminots flottent. Mais ils ne sont pas seuls, il y a aussi le vert de Sud Rail, le rose de Solidaires et le rouge de Sud Éducation, car une délégation de professeurs est aussi présente.

Avant le repas, Sylvie Lasné avait d'ailleurs pris la parole. "On voulait vous témoigner notre soutien", a lancé aux grévistes cette professeure Snes-FSU, avant d'être chaleureusement applaudie.

A ses côtés, une collègue arborait une pancarte "Défense des retraites : tous concernés ! Merci aux cheminots."

Avant elles, Arnaud Lemerle, l'un des responsables de Sud Rail, s'était agacé avec un langage beaucoup plus fleuri.

"Ce système à points c'est de la merde, on veut le retrait total", s'était-il emporté au micro. "On est encore là malgré les campagnes de dénigrement. Notre mouvement reste populaire et déterminé".

Près de la cuisine, entre deux camionnettes, deux bâches annoncent la couleur : "Noël, c'est tous les ans, alors offrons une retraite décente à nos enfants", réclame l'une. "Marre de simuler, notre retraite, on veut en jouir", s'amuse l'autre.

Aux tablées, les sympathisants et militants réagissent aux propos d'Emmanuel Macron dimanche. Le chef de l’État a indiqué vouloir renoncer, par avance, "par cohérence", à sa future retraite d'ancien président.

L'annonce est mal passée. "Risible et pathétique", pour Marion Gazeaux.

"Sa retraite de président, il n'en a pas besoin", s'emporte Arnaud Lemerle. "Il a tellement de pognon. 6.200 euros, c'est des miettes pour lui, c'est dix retraites de femmes isolées. C'est méprisant : qui peut se passer de sa retraite ? En tout cas, pas les cheminots."

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