Rhume et automédication : attention !

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Par Brigitte CASTELNAU - Paris (AFP)
Publié le 01 novembre 2020 - 08:00
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Des médicaments contre le rhume en vente dans une pharmacie à Paris en septembre 2020
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© Martin BUREAU / AFP/Archives
Des médicaments contre le rhume en vente dans une pharmacie à Paris en septembre 2020
© Martin BUREAU / AFP/Archives

Le rhume, c'est de saison, et l'occasion de rappeler les risques graves que peuvent occasionner des médicaments décongestionnants en vente libre contre cette affection qui guérit en général spontanément en sept à dix jours, avec ou sans traitement.

L'agence du médicament ANSM, les académies de médecine et de pharmacie et 60 Millions de consommateurs, dans un numéro spécial hors série sur les médicaments vendus sans ordonnance réalisé avec le concours de la revue indépendante Prescrire, ont lancé à nouveau l'alarme, chacun de son côté.

Actifed Rhume, Humex rhume, Nurofen rhume, Dolirhume Paracétamol et pseudoéphédrine, Rhinadvil font partie de ces médicaments vasoconstricteurs en comprimés, accessibles sans ordonnance et largement utilisés pour soulager des symptômes comme la sensation de nez bouché. Les vasoconstricteurs sont également utilisés contre la rhinite allergique, comme Actifed LP Rhinite allergique.

En revanche, sous forme nasale, ils sont sur ordonnance.

Aux nombreuses mises en garde émises ces dernières années sur ces risques "rares mais graves" (AVC, infarctus du myocarde, convulsions, tension artérielle élevée, réactions cutanées graves...), l'agence du médicament ajoute à présent "une alerte concernant le risque possible d'altération soudaine de la vue".

Elle souligne, à l'aide du logo femme enceinte, le "danger" de prendre ces médicaments pendant la grossesse en raison des risques pour l'enfant à naître.

- Surdosages -

Ces médicaments sont "strictement interdits pendant l'allaitement", rappelle-t-elle encore dans un document actualisé d'information aux patients, remis par les pharmaciens et téléchargeable sur le site de l'ANSM.

Les usagers y retrouveront la liste des onze médicaments visés ainsi que les conseils d'usage: lavage du nez avec du sérum physiologique ou des sprays d'eau thermale ou de mer, dormir la tête surélevée, boire suffisamment, aérer les pièces...

En six ans (2012-2018) 307 cas graves (dont 25 AVC) ont été signalés dont 5 décès, selon la pharmacovigilance qui assure la surveillance des médicaments auprès de l'ANSM.

Ces médicaments ne doivent pas être pris plus de 5 jours d'affilée.

Il convient d'arrêter d'en prendre et de consulter si les symptômes persistent ou s'aggravent. La recherche de virus Covid et grippal peut aussi s'imposer selon les cas.

Ces produits ont des contre-indications (moins de 15 ans, antécédents ou facteur de risque d'AVC, hypertension artérielle ou insuffisance coronarienne sévères, glaucome, certains problèmes de prostate, association avec d'autres décongestionnants du nez par voie orale ou nasale...).

Un vasoconstricteur est souvent associé à un anti-douleur (paracétamol, ibuprofène) ou à un antihistaminique (cétirizine) pour les rhinites allergiques. Aussi faut-il éviter de prendre d'autres médicaments contenant ces mêmes molécules, pour éviter des surdosages dangereux, par exemple de paracétamol.

- "Observatoire du rhume" -

Les académies de médecine et de pharmacie, qui viennent de publier un rapport sur les prescriptions médicamenteuses dans le rhume de l'adulte d'origine virale, suggèrent de créer "un Observatoire national du rhume" afin de recueillir des données fiables en termes d'épidémiologie et de consommation médicamenteuse.

Les rhumes affecteraient chaque année 20 à 25% de la population et seraient 6 à 7 fois plus fréquents que les syndromes grippaux, écrivent-elles sur la base d'études américaines.

Alors qu'"aucun traitement du rhume de l'adulte n'a réellement fait preuve d'une grande efficacité", ces sociétés savantes relèvent des prescriptions "nombreuses et variées, représentant à la fois un danger en termes de santé publique et de risque d'effet indésirable individuel, et un coût non justifié en termes de dépenses de santé".

Elles préconisent notamment de "limiter l'usage de la corticothérapie, le plus souvent inadaptée, ainsi que l'usage des vasoconstricteurs en raison de leurs effets indésirables, en suggérant qu'ils ne soient délivrés que sur prescription médicale".

Également dans leur viseur, la consommation d'antibiotiques prescrits d'emblée, pour des infections virales le plus souvent et en l'absence de signes d'infection bactérienne comme une fièvre supérieure à 39°C et un écoulement nasal purulent ou des douleurs faciales de plus 3-4 jours consécutifs.

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