Quand le bleu d'Yves Klein cohabite avec l'outre-noir de Pierre Soulages

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Par Hervé GAVARD - Rodez (AFP)
Publié le 25 juin 2019 - 11:37
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Rétrospective Yves Klein au musée Soulages de Rodez du 21 juin au 3 novembre 2019
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© PASCAL PAVANI / AFP
Rétrospective Yves Klein au musée Soulages de Rodez du 21 juin au 3 novembre 2019
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"C'est la première rétrospective sur Yves Klein depuis celle au Centre Pompidou, en 2006", se félicite Benoît Decron, un de ses commissaires: jusqu'au 3 novembre, le musée Soulages s'ouvre à l'artiste célèbre pour ses monochromes et ses bleus éblouissants.

Plus modeste que l'exposition au Centre Pompidou, celle au musée Pierre Soulages, maître de l'Outre-noir, n'en propose pas moins une soixantaine d’œuvres, permettant d'avoir un regard assez global sur les créations de l'artiste, mort en 1962 à 34 ans et dont la carrière artistique ne dura pas plus de huit ans.

Monochromes, reliefs-éponges, peintures de feu, monogolds et anthropométries... l'exposition "Yves Klein, des cris bleus" offre un parcours chronologique dans l’œuvre d'une des figures majeures du mouvement "Le nouveau réalisme" qui prônait de nouvelles approches du réel.

Un parcours qui s'ouvre sur un vaste et spectaculaire bassin rectangulaire monochrome, plongeant littéralement le public dans ce qui fit la renommée de l'artiste, ce bleu outremer relevant d'un procédé original et baptisé IKB, International Klein Blue.

"Ce qui me plaisait par-dessus tout, c'était les pigments purs en poudre, tels que je les voyais souvent chez les marchands de couleur en gros", raconte Yves Klein dans "L'aventure monochrome". "Ils avaient un éclat et une vie propre et autonome extraordinaires. C'était la couleur en soi véritablement. La matière colorée vivante et tangible".

- "Immatérialité et infini" -

Ce bleu est un "véhicule" dans la "quête d'immatérialité et d'infini" de l'artiste, souligne le site des Archives Yves Klein, structure gérant son œuvre.

Il va l'appliquer sur des toiles, des objets ou des supports plus inattendus, notamment des éponges naturelles, dont les cavités se gorgent de ce pigment.

Plusieurs de ces "sculptures éponges" sont exposées à Rodez, surgissant au sommet de leur socle, ou en relief sur une toile.

Benoît Decron y voit "des morceaux d'univers, des morceaux d'espace, de comètes ou de novas". "Quand on les regarde, on a le sentiment qu'on voit un ciel, ou pourquoi pas, la surface de la lune ou d'une planète".

"Ce qui inspire Yves Klein? C'est l'immatériel", relève le co-commissaire de l'exposition.

"Quand ils sont gamins, avec Claude Pascal, son ami poète (dont Yves Klein réalisera un Portrait Relief bleu sur panneau recouvert de feuilles d'or exposé au musée Soulages) et Armand Fernandez, qui va devenir le sculpteur Arman, ils se partagent le monde, c'est à dire l'eau, le feu, la terre, le ciel. Et chacun essaye poétiquement d'inventer quelque chose, l'un en poésie, l'autre en sculpture et le troisième en peinture", explique Benoît Decron.

- "Calligraphies" -

Si le bleu est "une obsession" admet-il, d'autres couleurs deviennent emblématiques de l'artiste: l'or et le rose, symboles aussi pour lui de l'immatériel. Trois couleurs réunies au sein d'un triptyque "Relief éponge bleu rose et doré".

"L'or est pour Yves Klein un symbole de la spiritualité commune à toutes les époques et toutes les cultures", selon les Archives Yves Klein.

L'exposition se termine sur deux Anthropométries, ces femmes, devenues pinceaux vivants, et dont les corps, enduits de peinture, s'impriment sur une toile blanche.

L'une, ANT 82, est prêtée exceptionnellement par le Centre Pompidou. La seconde, Héléna, prend une dimension particulière avec la présence, lors de la visite de presse, d'Elena Palumbo-Mosco, qui lui prêta son corps.

Corps tiré sur la toile pour y laisser une empreinte, semblable, selon l'octogénaire italienne, à une calligraphie japonaise. Une image que n'aurait peut-être pas reniée Yves Klein, dont la première vocation fut d'être judoka et qui vécut au Japon 18 mois.

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