Saint-Cyr : ouverture du procès de sept militaires pour la noyade d'un élève officier en 2012

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Par AFP - Rennes
Publié le 23 novembre 2020 - 11:02
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L'avocat William Pineau (C) discute avec Jean-Guillaume Le Mintier (D), avocat de la famille de la victime, le 23 septembre 2019 à Rennes
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© LOIC VENANCE / AFP/Archives
L'avocat William Pineau (C) discute avec Jean-Guillaume Le Mintier (D), avocat de la famille de la victime, le 23 septembre 2019 à Rennes
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Le procès de sept militaires devant le tribunal correctionnel de Rennes pour homicide involontaire s'est ouvert lundi, huit ans après la noyade du sous-lieutenant Jallal Hami, 24 ans, lors d'une soirée d'intégration à l'école de Saint-Cyr Coëtquidan (Morbihan).

Parmi ces militaires figurent cinq élèves-officiers à l'époque des faits, aujourd'hui âgés de 28 à 31 ans, et deux membres de la hiérarchie de l'école de 49 et 58 ans.

Jallal Hami s'était noyé dans la nuit du 29 au 30 octobre 2012, en traversant un étang lors d'une soirée de "bahutage", c'est-à-dire "de transmission des traditions de l'école".

"Ce n’est pas un procès entre une famille de banlieusards, d'arabes, de musulmans contre l’armée française", a souligné Rachid Hami, frère aîné de la victime, avant le début de l'audience.

Selon lui, les prévenus "l'ont trahi" et le procès doit permettre de mettre au jour "les dysfonctionnements de l’institution militaire".

Le soir du drame, les nouveaux incorporés de l'école avaient dû traverser un étang à la nage, de nuit, sur une distance de 43 mètres, avec casques et rangers, dans une eau à 9°C, dans le cadre d'une activité ayant pour thème le débarquement des Alliés en Provence.

Se jetant à l'eau tous en même temps, alors que résonnait la Walkyrie de Wagner (comme dans "Apocalypse Now" de Francis Ford Coppola), de nombreux élèves s'étaient retrouvés en difficulté, buvant la tasse, s'agrippant les uns aux autres dans un "embouteillage de nageurs".

Des bouées avaient été lancées par les organisateurs pour extirper les élèves, avant que Jallal Hami ne soit signalé manquant. Prévenus une heure plus tard, les pompiers repèreront son corps près de la berge à 02H35 du matin.

"La justice doit faire son travail et on attend que les personnes physiques prennent leur responsabilité (...) Ce n’est pas la faute à pas de chance", a estimé Rachid Hami.

Me William Pineau, avocat du général Francis Chanson, qui siège sur le banc des prévenus, a jugé "tout à fait inacceptable" ce "genre d'événement tragique".

Pour autant, "sur le plan strictement pénal, aucune responsabilité ne peut être reprochée au général Chanson", a-t-il affirmé, car "il ne savait pas la réalité de ce qu'il se passait sur le terrain".

Jallal Hami avait rejoint la France en 1992, avec sa mère et ses frères, pour fuir la guerre civile en Algérie. Diplômé de Sciences Po, très sportif, étudiant le mandarin, il rêvait de longue date d'intégrer Saint-Cyr, école où il était entré directement en troisième année.

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