A Saint-Martin, des familles encore dans la précarité un an après Irma

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Par Karim ROSAZ - Marigot (AFP)
Publié le 02 septembre 2018 - 19:30
Mis à jour le 04 septembre 2018 - 12:48
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Un bateau échoué à Saint-Martin six mois après le passage de l'ouragan Irma le 27 février 2018
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© Lionel CHAMOISEAU / AFP/Archives
Un bateau échoué à Saint-Martin six mois après le passage de l'ouragan Irma le 27 février 2018
© Lionel CHAMOISEAU / AFP/Archives

Ni eau courante, ni électricité. Une simple bâche pour se protéger : Depuis le passage de l'ouragan Irma il y un an, certaines familles de Quartier d'Orléans à Saint-Martin sont toujours dans la précarité, dans des maisons sans toit ou sans mur, à la merci d'un nouveau cyclone.

Anet vit encore au bord du lagon de Quartier d'Orléans, à l'est de l'île, l'un des quartiers les plus pauvres, avec ses trois enfants. Lors du passage de l'ouragan, le plus violent jamais connu dans le Pacifique, la mer est montée et a emporté tout ce que l'ancienne fleuriste possédait.

Pendant plusieurs mois, la famille a logé chez des amis, mais depuis février, ils sont revenus dans leur maison. Désormais, la "chambre" de ses fils a une vue sur le lagon bien dégagée : le mur est entièrement tombé. "Il y a plein de moustiques, on n’a pas d'eau ni d'électricité. Je ne peux pas rester dans cette situation", explique la mère de famille d'une quarantaine d'années.

Elle s'éclaire avec de petites lampes à piles éparpillées dans la maison et récupère l'eau chez des amis. "Si je suis forte, c’est que je me dis que ça ne durera pas", espère-t-elle. "Aujourd'hui j’ai vraiment besoin d'aide, je n’ai plus aucun revenu, il me faut un logement et quand j'en aurai un, je pourrai trouver des petits boulots", ajoute-t-elle.

Yvonne, la quarantaine, vit dans le sous-sol de sa maison. L'ouragan a endommagé le plafond de la cuisine, une poche d'eau s’est formée sous le bois, imbibant à son tour le béton et menaçant le tout d’effondrement. La sécurité civile, alertée par la Croix Rouge, est venue aider la famille. Aujourd’hui la pièce principale a été repeinte, pour oublier les conditions dans lesquelles la famille vit. Les larmes roulant sur ses joues, Yvonne explique n'avoir "pas assez d’argent pour réparer".

Plus loin, Josette, 62 ans, vit au rez-de-chaussée d'une maison. Au-dessus, il n'y a plus rien, quelques bâches volent au vent. Le toit et l'étage supérieur ont été emportés par les vents qui soufflaient à plus de 350 km/h.

- Douche dehors -

Elle a perdu son logement, où elle gardait des enfants à domicile. Aujourd’hui, la pièce qu’elle occupe lui est prêtée, mais ne dispose pas d'eau courante. Un voisin a accepté de la raccorder à l'électricité pour qu’elle branche son réfrigérateur. Au milieu de la pièce, un récipient trône pour récupérer l'eau de pluie qui coule du plafond.

Dans le quartier, des tentes igloo sont parfois installées dans les jardins. "C'est la Croix-Rouge qui nous l'a donnée quelques mois après Irma, mais désormais ma maison est réparée", se réjouit Ernestine Davis, d'origine dominiquaise, en montrant son toit couvert d'une chape de béton. "Mais ma soeur vit encore dans la tente.... Pour la douche, c'est dehors". Ernestine montre du doigt les vestiges d'un édifice, dont une seule pièce est debout : la salle de bain.

Selon Philippe Gustin, le délégué interministériel à la reconstruction, Quartier d'Orléans et Sandy Ground, les plus pauvres de l'île, "ont été les premiers à se reconstruire, parce que les habitants ont l'habitude de l'autoconstruction". Mais peu de chance que les habitations étaient toutes été réparées dans les normes de sécurités requises.

"Une bonne partie de la population n'était pas assurée", souligne Daniel Gibbs, le président de la collectivité de Saint-Martin, qui a initié une opération "500 toitures", d'un coût de cinq millions d’euros, à l'attention des populations les plus en difficultés (personnes âgées, handicapées, foyers avec enfants de moins de 3 ans). Quelque 440 foyers ont été identifiés éligibles à ce dispositif.

Fin juillet, le premier chantier a débuté chez Elise, 91 ans, dans sa maison située juste derrière l'église catholique, dont la toiture et les ouvertures ont été soufflées par l'ouragan. Depuis, Elise est hébergée chez sa fille... prénommée Irma.

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