Sarcelles : le refus de la séparation, principale cause de l'homicide conjugal

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 20 novembre 2017 - 19:49
Mis à jour le 21 novembre 2017 - 05:25
Image
France-Soir
Crédits
©DR
Municipale 2014
©DR

Le refus de la séparation est la principale cause des homicides conjugaux commis par des hommes, "un passage à l'acte lié à une histoire personnelle sans rapport avec la profession", estiment lundi des experts, deux jours après la tuerie de Sarcelles commise par un policier.

Samedi soir, un policier de 31 ans, en instance de séparation, a blessé grièvement sa petite amie et tué avec son arme de service son ex-beau père et deux passants, avant de se suicider à Sarcelles (Val-d'Oise). L'homme a également blessé la mère et la soeur de son ex-petite amie.

Les deux passants, deux hommes de 30 et 44 ans, avaient tenté de s'interposer.

"Le passage à l'acte s'inscrirait uniquement dans un contexte de rupture amoureuse non acceptée" par le policier, a expliqué à l'AFP lundi une source proche du dossier.

Un tel passage à l'acte est "extrêmement rare", estime Ernestine Ronai, experte à la Miprof (Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains). "C'est exceptionnel de tuer autant de personnes et de s'en prendre aux passants. On a plus souvent des exemples contraires, de passants qui interviennent et sauvent des dames face à leur compagnon", ajoute-t-elle.

Selon elle, le passage à l'acte "découle d'une histoire personnelle de violence qui n'a pas à voir avec la profession" du meurtrier. "Dans toute société, il y a des gens violents et il fait partie de ces personnes. Les policiers sont des gens comme tout le monde", explique cette membre du Haut conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes (HCE).

En 2016, 138 personnes (109 femmes et 38 hommes) sont décédées, victimes de leur partenaire ou ex-partenaire, selon l'étude nationale de référence sur les morts violentes au sein du couple du ministère de l'Intérieur.

Le profil type du meurtrier conjugal, dressé par l'étude, est un homme "le plus souvent marié, de nationalité française, âgé de 41 à 50 ans, n'exerçant pas ou plus d'activité professionnelle". "Il commet ce crime à domicile, sans préméditation, avec une arme à feu et sa principale motivation demeure le refus de la séparation", poursuit-elle.

L'utilisation d'une arme est le mode opératoire choisi par le meurtrier dans les trois quarts des cas (46 fois avec une arme blanche, 49 fois avec une arme à feu), selon ce rapport.

- 'Moment dangereux' -

"Quand les meurtriers ne prennent pas un pistolet, ils prennent une arme blanche", explique Mme Ronai, pour qui le mode opératoire choisi par le meurtrier de Sarcelles "n'est pas directement lié au fait qu'il était armé dans le cadre de sa profession".

Les circonstances le plus souvent mises en évidence dans les cas d'homicide au sein du couple sont la séparation (49 sur 138) et la dispute (33). Pour les hommes, le refus de la séparation (47 sur 109) – en cours ou passée – reste la principale cause du passage à l'acte, relève l'étude, loin devant la dispute (15), la jalousie (11), la folie ou la dépression (9).

"La séparation est un moment dangereux. La vie n'a plus de sens pour l'homme qui perd l'objet de sa domination, de son pouvoir et fait le choix de se suicider", relève Mme Ronai.

Le meurtre conjugal aboutit souvent au suicide ou à la tentative de suicide de l'auteur, selon l'étude du ministère de l'Intérieur, notant que 34% des auteurs se sont suicidés (45 hommes et 2 femmes) et 7,25% ont tenté de le faire (8 hommes et 2 femmes).

Pour l'experte à la Miprof, il est capital "de protéger les femmes avant la commission de nouveaux faits et particulièrement au moment de la séparation". Cette protection peut se faire via une mesure d'accompagnement protégée (qui permet un accompagnement des enfants dont l'un des parents est auteur de violences), la mise à disposition d'un "téléphone grand danger" (remis aux femmes victimes de violences et muni d'une touche permettant d'appeler directement les secours) ou une ordonnance de protection.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.